Dossier Apoptose

(Vadim Doro1J7ucA) #1

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L’ÉCHEC


En cette semaine du 13 novembre se réunissait la commission
parlementaire qui devait enquêter sur le « projet Apoptose ». Les
députés qui avaient exigé sa création avaient eu le plus grand mal
à la composer. Les parlementaires de la majorité, nommés d’office,
avaient systématiquement contesté les nominations proposées par
l’opposition. À cause des vacances d’été du parlement, beaucoup
de députés revenus dans leurs circonscriptions étaient indisponibles.
L’exécutif avait usé de son influence pour retarder sa tenue au
maximum. L’ouverture intervenait six mois après le scandale et
l’intérêt du public pour cette affaire avait beaucoup diminué.

La salle était très ordinaire. Quelques tables disposées en U avec
des micros placés çà et là, des sièges rudimentaires et des murs lisses.
On était loin des fastes dorés de l’amphithéâtre et des locaux de
réception luxueux.

Le président de la commission était un député habitué des arcanes de
l’assemblée nationale. Plus grand-chose ne pouvait l’impressionner.
La soixantaine, la moustache en avant comme un pare-chocs, il
regardait droit dans les yeux le porte-parole du gouvernement en train
de parler devant les enquêteurs. Celui-ci, la quarantaine, très sûr de
lui, assez imbus de sa personne, agrémentait ses réponses d’un rictus
narquois qui l’agaçait au plus haut point. Cette attitude désinvolte
montrait à l’évidence le mépris des gouvernants pour les élus censés
être les représentants du peuple.

Le navire allait appareiller, Alain décida de sauter, mit sa femme
et ses enfants dans la poche portefeuille de sa veste et se lança.

Accroché par sa main droite au seuil de la porte fermée du ferry,
suspendu au-dessus du vide, la mer sous ses pieds, il hurlait pour
qu’on lui ouvre. Il sentait ses forces diminuer, certain qu’ils allaient
tous tomber, mais la lourde trappe d’acier s’ouvrit. Une main ferme
le saisi par le bras et les remonta à bord.
Soulagé, il laissa sa famille se restaurer au self pour récupérer de
leurs émotions.
Lui resta sur le pont, le regard perdu. La mer était très claire, d’un
bleu vert tropical.
Un marin l’aborda :
— Vous avez remarqué le changement de température et de
couleur de l’eau?
— Vous savez, je n’avais pas l’esprit à ça!
— Vous auriez dû! S’il vous est arrivé cette aventure, c’est que
vous ne regardez pas assez!
— Que voulez-vous dire?
— Certaines personnes disparues vous en veulent de ne pas les
avoir regardées.
— Je ne vois pas...
— Justement! Vous ne voyez pas. D’autres le voient et s’en
souviennent.
— Alain regardait maintenant les vagues écumer sur la berge, Un
vent froid vint le frapper au visage et lui fit affronter la réalité.

La fenêtre de la chambre s’était ouverte sous l’effet de la tempête.
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