Dossier Apoptose

1 2 3 4 5 6 7 8 9

10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33

1 2 3 4 5 6 7 8 9

10

11

12

13

14

15

16

17

18

19

20

21

22

23

24

25

26

27

28

29

30

31

32

33

Alain savait qu’il ne pouvait s’y opposer. Certes, il pouvait

refuser, mais cela signifiait démissionner. Il était au summum de sa

carrière et disposait d’excellents moyens en hommes et en matériel

pour mener à bien ses travaux. Il n’avait pas envie d’abandonner

ce labo qu’il avait « construit » années après années. Il fallait se

résigner. Renoncer à sa situation à 51 ans n’était pas la bonne

option.

Il répondit machinalement « OK, lundi prochain ici, dix heures »

Il n’entendit pas les remerciements de Bertrand, il était déjà sorti

de son bureau en claquant la porte.

Il avait mis des années à constituer une petite équipe très

compétente. Ce diktat administratif remettait en cause toute son

organisation. Comment ses collaborateurs allaient-ils réagir?

***

Fertal se présenta à l’Hôtel-Dieu à 9 h 50, il était toujours très

ponctuel et avait prévu une marge lui laissant le temps de trouver

le bureau de Bertrand. Son uniforme bleu d’officier de la marine

faisait contraste avec toutes les blouses blanches allant et venant et

ne laissait aucun doute sur ses fonctions militaires. Après l’école de

Santé des armées de Lyon où il avait fait ses études de Médecine,

(l’école Santé-Navale de Bordeaux avait été fermée et intégrée à

Lyon en 2011), il avait passé les concours internes de l’armée et

s’était spécialisé dans l’immunologie et les maladies tropicales. Il

était maintenant chef d’un service de recherches biologiques orienté

vers l’étude de l’adaptation de l’organisme humain aux conditions

extrêmes et aux stress biologiques ou physiques auxquels peuvent

être exposées les populations civiles et les combattants.

— L’INSB

2

, notre organisme de tutelle, m’a contacté. Ils veulent

créer un groupe de recherche en incluant votre unité dans une nouvelle

section avec des biologistes de PERCY. Rassurez-vous, le labo ne

déménage pas. Vos collègues de Clamart viendront ici travailler avec

vous à temps partiel.

— PERCY? C’est l’hôpital d’instruction des armées. Je croyais

leurs biologistes plus spécialisés en parasitologie, en maladies

tropicales!

— Ils ont aussi des immunologistes

— Je sais mais je ne pense pas que nous ayons les mêmes champs

d’investigations ni les mêmes façons de travailler. Il va falloir refaire

tout le projet de recherche. Mes assistants vont perdre leur temps

pour harmoniser la coopération et finalement pour quel bénéfice?

Cela ne me plaît pas du tout, non pas du tout!

— Joubert, je n’ai pas le choix, ni vous non plus d’ailleurs.

Cela vient du ministère, je n’y peux rien. On m’a intimé l’ordre de

mettre en place au plus vite cette nouvelle structure. J’espère pouvoir

compter sur votre collaboration.

— Pourquoi « au plus vite »? lâcha Alain dans un mouvement

d’humeur mal réprimé.

— Soyez raisonnable, je dois vous mettre en contact avec le

colonel Fertal la semaine prochaine. C’est leur biologiste en chef.

Vous êtes libre lundi prochain?

2 Institut national des sciences biologiques.