Dossier Apoptose

(Vadim Doro1J7ucA) #1

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Alain parcourait du regard le laboratoire désert. Tout le personnel
avait fui la capitale pour le long week-end de la Pentecôte. Il y avait
belle lurette que ce lundi férié n’avait plus de sens religieux pour
la population dont seulement quelques croyants connaissaient la
signification catholique. Pour la majorité, c’était un « pont » dont il
fallait profiter.

Les appareils étaient recouverts de leur housse de protection, les
paillasses impeccablement nettoyées, mais cette volonté d’ordre était
démentie par des amoncellements de documentations laissées sur les
bureaux par ses collaborateurs.

Fertal avait accepté de venir le samedi matin avant de partir
avec sa famille pour deux jours à la campagne. Alain préférait le
rencontrer au labo plutôt que dans son bureau pour ne pas donner
l’impression d’une « convocation ». Il souhaitait une conversation
entre chercheurs sur leur lieu de travail.
Le colonel arriva, comme convenu, à dix heures pile, déjà en tenue
décontractée, jean et T-shirt.

— Bonjour Alain, comment allez-vous?
— Bonjour Pierre. La petite famille est prête pour partir prendre
l’air frais?
— Oui, ils sont impatients.

Alain coupa rapidement court à cette familiarité de complaisance
pour venir au prétexte de leur rendez-vous :
— Je vous remercie d’avoir accepté de venir. Je ne vous retarderai
pas. Mais je tenais à ce que les choses soient claires. Vous avez
entrepris une étude sur un échantillon de vos recrues à propos de
l’effet ralentisseur du vieillissement grâce à un nano-vecteur mis au
point dans notre laboratoire. J’aurais apprécié d’être tenu au courant
au préalable et surtout d’être informé du protocole que vous avez

— Mais Monsieur, agir sur la durée de vie de la cellule aura des
conséquences imprévisibles et nombreuses! glapit Alain.

— Je vous remercie, Messieurs, nous nous reverrons si vous
pouvez me présenter un vrai dossier.

C’était peine perdue !! Il était évident que ce haut fonctionnaire
ne comprenait rien à la biologie, qu’il s’en foutait et n’avait pas
l’intention de donner suite!
Les deux hommes sortirent du bureau en silence. Tout en marchant
vers la sortie Joubert comprit que pour réunir des preuves irréfutables,
Il fallait recourir aux techniques de renseignement.

— Monsieur! dit-il brusquement se tournant vers Bertrand, le seul
moyen d’en savoir davantage c’est d’aller chercher les informations
à la source! J’ai pu obtenir des documents grâce à quelques amis à
Clamart. Je vais leur demander des photocopies des rapports transmis
à leur hiérarchie. Les militaires font toujours des rapports détaillés.

— C’est très « border line » ça! Je doute que vos amis acceptent
de prendre ce risque. Et croyez-vous que cela en vaut la peine?
Après tout, le secrétaire d’État a raison, il n’y a pas de quoi saisir
le comité d’éthique. Moi ce que je veux c’est des brevets! Je vous
l’ai déjà dit! Arrangez-vous avec Fertal pour déposer ensemble les
protocoles qu’il a mis au point. Ce qu’il compte en faire pour ses
troupes m’importe peu.

Ils se quittèrent sur le constat de leur incompréhension réciproque :
Alain était déçu par l’absence de lucidité de son patron et Bertrand
surpris par le manque de réalisme de Joubert.

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