Dossier Apoptose

(Vadim Doro1J7ucA) #1

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Cet appel l’avait déconcentré. Il laissa errer son regard au loin
vers les véhicules roulant sans bruit sur le highway.
Le journal télé du matin sur ABC News lui revint à l’esprit. Il
y avait un reportage très critique sur l’attitude européenne et plus
particulièrement française jugée trop ouverte aux cultures et
religions étrangères. La présentation faisait un amalgame entre
le rapprochement Russie-Europe et l’élargissement de l’accord
douanier avec l’Afrique du nord (qui faisait partie depuis 2038 de la
zone économique Europe-Nord Afrique). Curieux mélange de vérités
et de désinformation comme d’habitude. Il cessa d’y penser, et se
replongea dans la lecture des derniers articles parus dans la presse
spécialisée.

Vers cinq heures, les yeux rougis d’avoir fixé toute la journée
son portable, il décida de s’arrêter. Avant d’éteindre, il regarda un
moment les deux photos du fond d’écran : Un jeune garçon de cinq
à six ans et une jeune femme aux cheveux noirs et au teint mat. Son
fils Andrew et sa fi lle Christine. Le garçon vivait à Boston et la fille
voyageait beaucoup en Europe et surtout en Asie. À 22 ans, après sa
maîtrise de Chinois et d’Anglais, elle avait trouvé un poste chez un
négociant en vins du Bordelais et elle était plus souvent à l’étranger
qu’à son bureau. De toute façon, même en France, elle le contactait
peu.
Elle lui manquait mais c’était peut-être un juste retour des choses,
tant il avait été absent de la maison pour ses recherches et ses
colloques, une des raisons de son divorce. Ses yeux bruns très foncés
lui donnent un regard dur mais cela correspond bien à son caractère
se dit-il en fermant l’ordinateur.
Sa nostalgie fut interrompue par la sonnerie du téléphone : Ricardo
l’attendait dans le hall.

proches dans son ordinateur le suivaient partout et c’était très bien
ainsi.

Il se mit à consulter la pile de documents préparés par la secrétaire,
revues scientifiques, bibliographies, dernières publications concernant
son domaine : l’immunologie. Il devait préparer un colloque où il
intervenait la semaine suivante à Denver. Dans la mesure du possible,
il évitait de s’y rendre en hiver. Il se souvenait encore d’un séminaire
en février 2035 où une tempête de neige l’avait bloqué trois jours
dans son hôtel. On n’y voyait pas à 100 m, tous les transports étaient
paralysés.

Il écrivait depuis plus d’une heure lorsque la sonnerie du téléphone
l’extrait brusquement de son travail.
— Hi! salut-il comme de coutume
Il reçut en réponse un « Buenos dias, Alan, que tal? » retentissant
et reconnu immédiatement la voix de Ricardo, un biochimiste
originaire du Nicaragua.
— Bien, et toi?
— Bien, Bien, on déjeune ensemble vers 13 heures? (Ricardo
parlait un français très correct)
— Ce serait avec plaisir mais j’ai pas mal de travail, je vais rester
au bureau.
— Alors tu viens dîner à la maison! Consuela sera heureuse de te
revoir. Je te ramènerai à ton hôtel après le dîner. De acuerdo?
— D’accord, je t’attendrai dans le hall à 18 heures et il raccrocha.

Alain avait beaucoup sympathisé avec lui, ils se voyaient souvent
à chacun de ses séjours. Ricardo avait fait ses études à Barcelone
et quelques passages à Paris avant de revenir dans son pays. Le
« Luisiana State Institut » lui avait proposé un contrat et il vivait ici
depuis une dizaine d’années.
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