Dossier Apoptose

(Vadim Doro1J7ucA) #1

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Ces humbles témoins de parcours que les immigrés gardent de
maison en maison peuvent paraître ridicules mais Alain savait une
chose : Chaque fois que ses amis posaient leur regard sur un de
ces objets, ils revoyaient des moments de leurs vies et eux seuls
pouvaient connaître leur vraie valeur. Le tout était entouré de
rideaux épais de chaque côté des fenêtres.
Bref, un nid douillet fait peu à peu de travail et de lutte pour se
faire admettre dans la société. S’intégrer ici était difficile. En dix ans,
jamais ils n’avaient été invités à dîner dans l’intimité familiale d’un
ces collègues américains qu’il côtoyait tous les jours, si ce n’est pour
quelques cocktails mondains ou off ciels.

En dégustant son verre de whisky Alain observait Ricardo qui
était manifestement heureux d’évoquer le temps de Barcelone et
Paris. Son travail à New-Orleans le comblait car il disposait de
crédits de recherche qu’il n’avait pas pu obtenir ailleurs mais sa
culture latine le mettait souvent en décalage avec ses congénères
anglo-saxons.

Dehors la nuit commençait à napper les environs d’obscurité.

— Tu es heureux à Paris? Poursuivit Ricardo.
— Oui, j’ai une bonne équipe et le CNRS m’appuie suffisamment ;
nous avons bien progressé depuis deux ans.
— J’ai lu tous tes articles. Cela a beaucoup influencé mes propres
recherches. La découverte de cette programmation du temps dans
le noyau des cellules est fascinante. Cela ouvre des perspectives
extraordinaires. Tu te das cuenta! Tu te rends compte! (Son esprit
vif et avide s’emballait, un peu chauffé par l’alcool) accélérer la
régression des tumeurs cancéreuses, renforcer la résistance aux
agressions virales de certains organes.

Consuela les y attendait. Ses longs cheveux bruns rassemblés à la
va-vite en un catogan sommaire, elle s’essuya furtivement les mains
sur son tablier et se précipita vers Alain pour l’embrasser avec une
joie très sincère.

— Que tal Alan?

— Bien! C uanto tiempo que estas aqui en tu nueva casa?
répondit Alain en Castillan car elle parlait peu le français. Son
séjour à Paris était loin. Elle avait du mal aussi avec l’Anglais mais
à force de vivre ici, elle le maîtrisait de mieux en mieux malgré son
accent hispanique que les Américains de souche méprisaient.
— Un año, te gusta?
— Si, si, el jardin parece magnifico.
— He plantado por mi mismo , dit-elle avec une pointe de
satisfaction et l’invita à s’asseoir au salon.
— Sentate en la sala, Alan!
— Viens t’asseoir surenchérit Ricardo, qui avait déjà les verres à
la main.

La pièce était grande mais l’espace était littéralement « mangé »
par deux sofas immenses, une table en chêne massif très « rococo »,
des chaises de même style et un buffet énorme.
L’ensemble était assez sombre, pauvrement éclairé par un
lampadaire en bois torsadé surmonté d’un grand abat-jour en tissu de
couleur indéterminable et, bien sûr, par l’écran plat mural de la télé
allumée en permanence.

Sur les meubles était disposée une multitude de ces petits objets
ramenés de voyages ou de séjours à l’étranger. Un petit « toro »
espagnol, un coquillage, une tour Eiffel.
Dans un recoin de mur étaient épinglées des cartes postales de
Barcelone, Madrid, Quito, New York, Rome...
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