Libération - 14.03.2020

(Darren Dugan) #1

Libération Samedi 14 et Dimanche 15 Mars 2020 http://www.liberation.fr f facebook.com/liberation t @libe u 19


LE VOYAGE


DE L’INFORMATION


À DÉCOUVRIR SUR LEPTITLIBE.FR,
LE SITE D’INFO DES 8-13 ANS

de compléter. Etre maire,
c’est quasiment un boulot à
plein temps, surtout dans
une petite commune qui n’a
pas les moyens d’avoir des
services techniques pléthori-
ques. Mais c’est aussi grati-
fiant. C’est presque ma bouf-
fée d’oxygène, par rapport
aux lourds dossiers que l’on
traite à l’intercommunalité.
Mon seul regret est de n’avoir
pas pu convaincre la région
de construire un lycée inter-
départemental à Buzet. On
n’a pas joué assez collectif.»
Recueilli par
STÉPHANE THÉPOT
(A Toulouse)

qu’on n’a pas dû faire trop de
mauvaises choses pour ne
pas susciter une opposition.
En accédant à la mairie,
j’ai décou-
vert que le
maire n’a
pas autant de pouvoirs qu’on
pourrait le croire. Tout se
joue à l’intercommunalité
ou au département.
Je me suis battu pour réviser
la ZAC voulu par le dépar -
tement voisin du Tarn à la
sortie de l’autoroute Toulou-
se-Albi. On est finalement
sorti de l’intercommunalité
qui porte ce projet de zone
logistique pour se rappro-

cher d’une autre, en Haute-
Garonne. Au passage, j’ai
perdu une indemnité
de 500 euros mensuels de vi-
c e - p r é s i -
dent. Cela
peut paraî-
tre anecdo tique, mais ce
n’est pas l’indemnité de
maire d’une petite commune
comme Buzet (1 100 euros)
qui peut permettre de vivre.
J’ai pourtant lâché mes heu-
res de cours dans une école
de gestion en 2017 pour me
consacrer à plein temps à
mes mandats. Je me suis dé-
brouillé en faisant de la
compta pour des amis afin

L’ÉDILE DIT 6/


par La France insoumise à
la liste citoyenne de Margot
Medkour.
Autre divergence de taille,
la verte Julie Laernoes sem-
ble moins rétive qu’en début
de cam pagne à une alliance
avec Johanna Rolland dans
l’hypothèse très probable
d’un second tour. Or, Mar-
got Medkour s’oppose caté -
goriquement à un rappro -
chement avec les socialistes.
«Le projet que nous portons
s’est construit contre la politi-
que de la maire actuelle»,
rappelle la candidate.
Plus centrée que l’écologiste
sur la question du pouvoir
d’achat des Nantais, la jeune
candidate compte sur sa
liste quelques gilets jaunes
et dénonce à coups de slo-
gans la vie «trop chère» dans
la préfecture ligérienne. Elle
pourrait rallier à elle des
électeurs tentés par l’absten-
tion et aux revenus modes-
tes. Ces mêmes voix qui
pourraient empêcher Julie
Laernoes d’être en position
de force pour négocier avec
Johanna Rolland au soir du
premier tour.
TIPHAINE LE ROY
(à Nantes)

A Nantes, des gauches


si proches et si opposées


Elu pour la première fois en 2014
sous la bannière divers gauche,
Gilles Joviado souhaite rempi-
ler à la tête de Buzet-sur-Tarn,
petite commune périurbaine
entre Toulouse et Gaillac (Tarn).

«Je ne serais pas reparti sans
mon équipe, c’est une déci-
sion collective. Lorsqu’on a
été élus, nous étions 18 néo-
phytes face aux sortants,
divisés sur deux listes sépa-
rées. Aujourd’hui, notre liste
est seule en course, une pre-
mière à Buzet depuis les
années 70. J’y vois une cer-
taine reconnaissance du tra-
vail accompli et je me dis

Lille La tête de liste du Rassemblement
national vendait un objet nazi


La tête de liste du RN à Lille, Eric Cattelin-Denu, vendait jus-
qu’à récemment un objet nazi dans une boutique «solidaire»
de la ville, dont il est responsable. Parmi d’autres objets, l’avo-
cat proposait une hampe de drapeau de la Sturmabteilung,
section d’assaut du IIIe Reich, ornée d’un aigle et d’une croix
gammée. Elle était exposée sous vitrine depuis un an, au prix
de 400 euros, selon Médiacités. En France, la vente d’objets
nazis n’est pas illégale, mais il est prohibé de les exhiber.


Paris Le camp Buzyn téléphone
à 500 000 Parisiens, la Cnil alertée


Un gros coup de com. Vendredi, 500 000 Français ont reçu
un appel inattendu sur leur portable. A l’autre bout du fil, rien
moins qu’Agnès Buzyn, candidate LREM à la mairie de Paris.
Dans le message qui se lance après avoir décroché, elle loue
la prise de parole d’Emmanuel Macron, jeudi soir, et incite
son interlocuteur à voter pour elle dimanche. Certains appe-
lés ont été surpris, car ils n’habitent plus la capitale. Dans
l’après-midi, le bras droit d’Anne Hidalgo, Emmanuel Gré-
goire, a réagi sur Twitter, furieux : «Je saisis la Cnil et j’encou-
rage ceux contactés à tort à le signaler.»
Contactée par le
Monde,
l’équipe de campagne de Buzyn assure que l’opéra-
tion est légale.


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LIBÉ.FR

Gilles Joviado, maire de Buzet-sur-Tarn


«Etre maire, c’est quasiment un boulot


à plein temps»


Face à la maire PS sortante
de Nantes, Johanna Rolland,
la gauche se fissure. Ce
dimanche, le mouvement
Nantes en commun·e·s, petit
nouveau dans le paysage
mené par Margot Medkour,
pourrait bien attirer à lui des
voix précieuses à Europe
Ecologie - les Verts. La liste
écolo, conduite par l’an-
cienne adjointe de Johanna
Rolland, Julie Laernoes,
avait pourtant pour objectif
d’arriver en pole
position à l’issue du
premier tour. Mais
au fil de la campagne,
la jeune liste citoyenne
de Nantes en commun·e·s
(moyenne d’âge : 39 ans) a
gagné en visibilité, en grande
partie grâce à une commu -
nication offensive, fondée
sur la personnification du
projet autour de sa candidate
de 28 ans, longs cheveux
roux, lunettes rouges,
invariablement vêtue d’une
marinière, et de slogans
accrocheurs.
En photo ou dessinée sur les
affiches, la silhouette de la
tête de liste est devenue un
gimmick récurrent sur les
murs de la ville. Issus de la


culture de l’activisme plus
que de la politique, ces codes
peuvent aussi conduire à des
erreurs de débutant. Comme
lorsqu’un tract titré «21 Mi-
nutes» reprend la maquette
du quotidien gratuit 20 Mi-
nutes et fait courir le risque
de poursuites judiciaires par
le journal.
Sur le fond, les programmes
de Julie Laernoes et Margot
Medkour sont assez proches,
de l’écologie à la partici -
pation citoyenne,
jusqu’au questionne-
ment d’un modèle
de dévelop pement métro -
politain établi sur l’attracti-
vité. Pourtant, malgré une
ten tative en décembre, les
deux candidates n’ont pas
passé alliance. «Nous som-
mes très en accord avec leur
programme, estime Sonia
Rouabhi, directrice de cam-
pagne de la liste écolo Nan-
tes ensemble. C’est une liste
qui mène une campagne effi-
cace et qui apporte une fraî-
cheur. Mais nous défendons
une écologie poli tique qui a
des bases plus solides et
nous sommes de cultures
politiques différentes.» Une
allusion au soutien apporté

RÉCIT

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