Les Echos - 24.02.2020

32 // FINANCE & MARCHES Lundi 24 février 2020 Les Echos

PORTRAIT

par Henri de Lestapis
@Henridelestapis

Hortense Harang

voit la vie en roses

« Des mimosas en février, des pivoines en mai, des dahlias
en août... » Tout comme un maraîcher serait incollable
sur les fruits et légumes de saison, Hortense Harang
connaît sur le bout des doigts les fleurs de France et
leurs périodes de floraison. C’est en collant à cette idée
qu’elle a créé, fin 2017, Fleurs d’Ici, l’une des deux entre-
prises couronnées, fin janvier, par le prix de l’e ntrepre-
neur social du Boston Consulting Group.
Quadra dynamique, passionnée par son sujet qu’elle
a travaillé en détail, elle s’indigne : « Le marché des fleurs
est majoritairement trusté par la Hollande, où transitent
des productions venues du Kenya, de Colombie, d’Equa-
teur, d’Ethiopie. Pour durer, et être exportées jusqu’à nous,
ces fleurs sont botoxées avec des produits chimiques.
Certaines contiennent même des pesticides interdits en
France! » F leurs d ’Ici, dit-elle, p rend l e contre-pied de ce
marché, en proposant des fleurs de saison et de proxi-
mité. Du « 100 % made in France, au parcours tracé de la
graine jusqu’au bouquet » , assure-t-elle, non sans un
zeste de fierté. L’argument a fait mouche auprès des
industriels. Ses premiers clients sont de grands comp-
tes, tels Orange, LVMH, Publicis ou Accor. Tous sont
consommateurs de fleurs fraîches, dont ils décorent
leurs bureaux d’accueil ou qu’ils utilisent lors d’événe-
ments. Fleurs d’Ici a d’ailleurs noué un partenariat avec
Sodexo.

Reporter à la BBC
Il y a encore quelques années, Hortense Harang était
reporter et courrait aux quatre coins les plus chauds
du globe pour le compte de la BBC. Mais, trop se frot-
ter aux conflits destructeurs appelle, tôt ou tard, un
besoin de douceur et l’envie de laisser derrière soi une
empreinte durable. Après un court passage par la
politique locale et un autre dans la communication,
elle a une révélation en découvrant des initiatives
comme Simplon et OpenClassrooms : « J’ai compris
qu’il était possible de combiner l’entrepreneuriat social
et environnemental avec la performance économique ,
se souvient-elle, par ailleurs, je viens d’une famille aux

pouces verts, très horticole dans l’âme. A 12 ans, je rêvais

d’être fleuriste. » Avec Fleurs d’Ici, elle est parvenue à

associer ces deux aspirations. A peine avait-elle lancé

son projet que Chloé Rossignol, 35 ans, ancienne res-

ponsable des achats de jardinerie chez Leroy Merlin,

l’appelait pour la rejoindre. « L’expérience de Chloé lui

a donné une excellente connaissance des filières écono-

miques horticoles et a éveillé chez elle les mêmes aspira-

tions que les miennes. Nous nous complétons bien » ,

souligne Hortense Harang.

500 horticulteurs français

Désormais installée au Mans et à Paris, comptant une

quinzaine de salariés, leur start-up met directement en

contact près de 500 horticulteurs français, dont elle

redynamise l’activité, avec une centaine de fleuristes

pour la mise en bouquets. Travaillant en B to B, Fleurs

d’Ici assure la traçabilité des fleurs, mais aussi, promet-

elle, la logistique de leur livraison de A à Z.

De quoi séduire le jury du prix de l’entrepreneur

social du Boston Consulting Group. « La dimension

numérique de l’entreprise et son utilisation de la “block-

chain” pour contrôler l’origine des fleurs nous ont

convaincus , confirme Jean-Michel Caye, directeur asso-

cié senior du prix. Nous avons par ailleurs apprécié un

modèle économique qui ne demande qu’à se développer,

avec des objectifs de croissance précis. »

Fleurs d’Ici a démarré sur les propres deniers de ses

créatrices. Le marché s’avérant vite porteur, l’entreprise

a levé 800.000 euros en 2019, auprès d’un « family

office », avec le soutien de la BPI. « Le marché de la fleur

B to B représente environ 1 milliard d’euros en France ,

chiffre Hortense Harang, nous envisageons d’en capter

10 % d’ici à trois ans. » Avec peu de concurrents sur ce

segment, Fleurs d’Ici trace un nouveau parterre.n

Nicolas

Krief

ENTREPRISES

EDF

Alain Tranzer

rejoindr a prochainement

EDF en tant que délégué

général à la qualité industrielle

et aux compétences

nucléaires. Membre du comité

exécutif, il sera chargé

de la mise en œuvre du plan

Excell.

Alain Tranzer, 53 ans, ingénieur

diplômé de l’Ecole polytechni-

que et de l’Ecole des mines de

Paris, a débuté au sein d u groupe

PSA en 1991. Il a notamment été

responsable de sous-système,

ingénieur en chef et directeur de

programme. En 2018, il est

devenu senior vice president,

chargé du programme CO 2 , des

plateformes et des modules

technologiques associés.

ASSOCIATION

XXIe Siècle

Laëtitia Hélouet

Boris Janicek

ser ont vice-présidents du club

du XXIe Siècle pour un mandat

de deux ans.

Laëtitia Hélouet, 44 ans, diplô-

mée de Sciences Po, a piloté la

direction chargée de mettre en

place le RSA en Seine-Saint-

Denis, avant de diriger

l’ensemble du pôle social de la

ville. Devenue rapporteure à la

Cour des comptes en 2016, elle

a intégré un an plus tard le club

XXIe Siècle.

Boris Janicek, 47 ans, diplômé

de Sciences Po, dirige la division

des vins de Moët Hennessy

(LVMH). Après avoir œuvré

chez L’Oréal, il a été nommé, en

2014, directeur général de Clini-

que (groupe Estée Lauder). Il a

ensuite pris la tête de la Maison

Ladurée.

AUCHAN

Olivier Malvezin

Thierry Aouizerate

sont nommés chief digital

officer et directeur

produits alimentaires

et non alimentaires, et flux

international d’Auchan Retail.

A ce titre, ils intègrent le comité

exécutif d’Auchan Retail.

Thierry Aouizerate sera aussi

membre du comité de direction

d’Auchan Retail France.

Olivier Malvezin, 45 ans, ancien

élève de l’Ecole polytechnique,

diplômé de Telecom P arisTech a

rejoint, en 2007, Saint-Gobain

comme directeur IT Asie Pacifi-

que (à Shanghai) avant de deve-

nir directeur de l’organisation et

des systèmes d’information

chez Lapeyre. Il s’était v u derniè-

rement chargé de la transforma-

tion digitale en France puis en

Europe du groupe Compass.

Thierry Aouizerate, 53 ans, est

titulaire du master in manage-

ment de l’ESCP Europe. En

2007, il a rejoint Casino où il

fut directeur marketing des

supermarchés, directeur mar-

keting et commercial de Géant

Casino et Casino Supermar-

ché, et enfin directeur marke-

ting du groupe. En 2013, il a

pris la direction générale de

Mercialys. Il était ensuite

devenu directeur marketing

d’Orangina Suntory France,

puis directeur général de

Schweppes Suntory Benelux

en 2018.

majorité de ses profits. Chez Société

Générale, le dirigeant français, qui

avait dû quitter le groupe après

l’affaire Kerviel, avait d’ailleurs

occupé des postes à la fois à

Londres, mais aussi à Hong Kong et

à Tokyo.

Une chose est sûre, la hiérarchie

des grandes banques européennes,

fragilisées par l’e nvironnement de

taux bas, est en plein boulever-

sement. Outre HSBC, Credit Suisse

vient de débarquer son patron, le

Franco-Ivoirien Tidjane Thiam, et

UBS a annoncé jeudi la nomination

du patron d’ING pour remplacer à

l’automne l ’actuel d irecteur

général.n

Le profil de Jean-Pierre Mustier, âgé de 59 ans, pourrait convenir

pour opérer la gigantesque restructuration à venir chez HSBC.

géant bancaire HSBC, selon des

informations de l’agence Bloom-

berg et du « Financial Times ». Le

patron d’UniCredit serait notam-

ment en concurrence avec Noel

Quinn, l’actuel directeur général

par intérim du groupe sino-britan-

nique, pour occuper le poste laissé

vacant depuis l’été dernier et l’évic-

tion surprise de John Flint. Une

porte-parole de Jean-Pierre

Mustier a refusé de commenter.

Discours de vérité

Appelé à la rescousse d’UniCredit

en 2016, d ont il avait déjà dirigé l a

banque de financement et

d’investissement quelques

années plus tôt, Jean-Pierre Mus-

tier a réussi à redresser de façon

spectaculaire la première ban-

que italienne. Au prix toutefois

d’augmentations de capital mas-

sives et de lourdes restructura-

tions. En décembre, il a annoncé

un nouveau plan stratégique qui

devra s e concrétiser par la

suppression de 8.000 postes. Le

précédent plan, lancé trois ans

plus t ôt, avait déjà c ausé le départ

de 14.000 salariés. Les investis-

seurs apprécient le discours de

vérité et la capacité de l’ancien

dirigeant de Société Générale,

qui a promis de leur reverser la

moitié des bénéfices d’UniCredit

d’ici à 2023, à prendre des déci-

sions difficiles. L’an dernier,

l’action du groupe italien a

flambé de 30 %. En séance ven-

dredi, elle reculait de 3 % dans un

marché en léger recul.

Le nom du Français avait déjà

circulé en 2018 lorsqu’il s’agissait

de trouver un patron pour Deuts-

che Bank, alors mal en point. C ’est

finalement Christian Sewing qui

a été choisi. Jean-Pierre Mustier

est régulièrement cité comme

l’un des prétendants à la succes-

sion de Frédéric Oudéa chez

Société Générale, dont le mandat

a pourtant été renouvelé l’an der-

nier pour quatre ans.

A l’instar d’UniCredit, HSBC a

aussi décidé de s’appliquer une

cure d’amaigrissement drasti-

que. Cette semaine, le géant ban-

caire a annoncé un vaste plan de

restructuration, qui se traduit

par une diminution de sa pré-

sence en Europe et aux Etats-

Unis et la suppression de 35.000

postes sur 235.000 dans le

monde d’ici à 2023, dont une par-

tie via des départs naturels non

remplacés.

Te rgiversation chez HSBC

C’est justement Noel Quinn, le

patron par intérim, qui a pensé

l’essentiel de ce plan, validé par le

conseil d’administration. Alors que

le vétéran du groupe semblait

favori depuis plusieurs mois, le

délai pris par HSBC pour annoncer

la nomination d’un nouveau direc-

teur commence à inquiéter les

investisseurs. La presse anglo-

saxonne avait déjà révélé, il y a

quelques jours, que des candidats

externes étaient également sondés.

Le président, Mark Tucker, a rap-

pelé cette semaine, lors de la publi-

cation des résultats, qu’il s’était

donné de six à douze mois pour

désigner le futur directeur général.

En tout cas, le profil de Jean-

Pierre Mustier, âgé de 59 ans, pour-

rait convenir pour opérer la gigan-

tesque restructuration à venir chez

HSBC et son recentrage sur l’Asie,

où le groupe réalise la très grande

Romain Gueugneau
@romaingueugneau

C’est le banquier que tout le monde
s’arrache en ce moment et il est
Français. Jean-Pierre Mustier serait
pressenti pour reprendre la tête du

BANQUE

L’actuel patron
d’UniCredit serait
en compétition
avec le directeur par
intérim Noel Quinn
pour devenir
le nouveau patron
d’HSBC, selon la presse
anglo-saxonne.

En quatre ans,
il a réussi à redresser
la première banque
italienne. Et son nom
circule régulièrement
pour reprendre
les fleurons bancaires
européens.

Le Français Jean-Pierre Mustier

pressenti pour diriger HSBC

,

Envoyez vos nominations à

[email protected]

carnet

fr

+

Ils sont nés

un 24 février

• Jean-Marie Cavada,^
  président de Génération
  Citoyens, 80 ans.


• Catherine Cesarsky,^
  astrophysicienne, 77 ans.


• Simon Gillham, m^ embre^
  du directoire de Vivendi,
  président de Vivendi Village,
  de L’Olympia et du CA Brive,
  64 ans.


• Alban Guilloteau,^
  directeur général de Vulcain
  Ingénierie, 48 ans.


• François Houllier,
  biologiste, 61 ans.


• Daniel Kaplan,
  futurologue, 58 ans.


• Philippe Knight,^
  fondateur de Nike, 82 ans.


• Gérard Longuet,^
  ex-ministre, sénateur
  de la Meuse, 74 ans.


• Olivier Mantei, directeur
  de l’Opéra-Comique, 55 ans.


• Pascal Oddo , président de
  LBO France Gestion, 68 ans.


• Alain Prost, p^ ilote, 65 ans.


• Sylvie Retailleau, physi-
  cienne, présidente de l’univer-
  sité Paris-Saclay, 55 ans.


• Eric Rochant, r^ éalisateur
  et scénariste, 59 ans.


• Erna Solberg, P^ remier
  ministre de Norvège, 59 ans.


• François Villeroy
  de Galhau, gouverneur de la
  Banque de France, 61 ans.


• Marianne Romestain,^
  ex-PDG de Lancel, directrice
  offre et achats des Galeries
  Lafayette, 50 ans.


• Emmanuelle Wargon,
  secrétaire d’Etat auprès de
  la ministre de la Transition
  écologique et solidaire, 49 ans.

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Ce numérocomporteun3ecahier de12 pages«Les Echos StartUp»

Luigi

M

istrulli/Sipa