Les Echos - 24.02.2020

(lily) #1

Les Echos Lundi 24 février 2020 FINANCE & MARCHES// 31


un de ses concurrents, Chopper
Trading d’avoir manipulé les con-
trats à terme sur les obligations
d’Etat américaines entre 2012
et 2015. Même un des pionniers du
secteur, Tradebot, fondé en 1999, n’a
gagné que 30 millions de dollars
l’année passée contre 140 dix ans
plus tôt, d’après le « Wall Street
Journal ». « Chaque année, les ordi-
nateurs deviennent plus puissants et
vos concurrents plus intelligents. Il
faut innover ou disparaître » , a expli-
qué son fondateur, Dave Cum-
mings, au quotidien new-yorkais.
Sa société a attaqué en justice
d’anciens collaborateurs partis
chez un redoutable compétiteur,
Jump Trading. Tradebot estime
qu’ils ont violé une clause de non-
concurrence et ont emporté avec
eux de précieux s ecrets dont va p ro-
fiter une autre société. Aux Etats-
Unis, les traders et informaticiens
de ce s ecteur gagnent entre
130.000 et 180.000 dollars par an,
hors bonus, selon le moteur de
recherche d’emploi Indeed.
En Europe, Flow Traders, un des
principaux acteurs avec IMC, a vu
son revenu non imposable reculer
de 4 % d’une année sur l’autre, à
216 millions d’euros. Ses dépenses
en technologies ont progressé de
12 %. C ’est sur le très compétitif mar-
ché boursier américain que le THF
a le plus souffert. En 2020, la firme
veut se développer davantage sur
les devises et obligations. La société
de trading, cotée en Bourse, est ven-
due à découvert par le hedge fund
Citadel Advisors, qui parie sur la
chute du titre. Ce fonds alternatif
diversifié, créé par Ken Griffin, dis-
pose aussi d’une activité florissante
de trading haute fréquence au sein
de Citadel Securities. Les THF
s’efforcent de diversifier leurs sour-
ces de revenus sur d’autres mar-
chés. DRW, au travers de sa filiale

Cumberland, est monté en puis-
sance depuis c inq ans sur le marché
des cryptomonnaies et du bitcoin,
bien plus volatil que Wall Street.

Les vertus du trading lent
« Une vitesse élevée n’est plus l’élé-
ment déterminant pour les traders
haute fréquence. Ils se développent
sur des actifs moins liquides (émer-
gents, produits structurés, obliga-
tions...). Fournir de la liquidité sur ces
marchés rapporte davantage que sur
les grandes valeurs, mais les défis et
les risques sont plus importants. Ils
doivent détenir leurs positions pen-
dant plus longtemps, couvrir leurs
risques et mobiliser plus de capital » ,
explique Aaron Brown, l’ancien
directeur de la recherche sur les
marchés financiers du fonds AQR
dans un point de vue publié par
l’agence Bloomberg. Les THF vont

Nessim Aït-Kacimi
@NessimAitKacimi


Les traders haute fréquence (ou
THF), ces firmes de trading ultra-
rapide, o nt connu une année
morose. Leurs profits sur les
actions américaines sont en recul
depuis dix ans. Ils étaient de 7,2 mil-
liards de dollars en 2009, 5,7 mil-
liards l’année suivante et seulement
1,25 milliard en 2019, selon le con-
sultant TABB Group. Les THF ont
dû payer 900 millions de dollars
aux courtiers en ligne américains,
dont 500 millions à TD Ameritrade
pour recevoir et traiter l eurs o rdres,
d’après Alphacution. Les automa-
tes de trading, qui ont des marges
faibles, souhaitent traiter le maxi-
mum de volume possible et en pro-
venance d’investisseurs très variés.


Baisse des effectifs
Virtu Financial, un des leaders a mé-
ricains historiques, a annoncé une
perte de 103 millions de dollars en



  1. Ses revenus de 1,5 milliard de
    dollars ont reculé de 18 % par rap-
    port à l’année précédente. La firme
    souligne qu’elle a été affectée par la
    baisse de la volatilité des volumes
    sur les marchés. Deux autres entre-
    prises plus modestes de Chicago,
    Allston Trading et XR Trading, se
    sont séparées de 10 % de leurs effec-
    tifs l’année passée, selon Bloom-
    berg. La seconde a été accusée par


BOURSE


Les firmes de trading
quantitatif ultrarapide
ont enregistré un repli
de leurs revenus
en 2019 du fait de
la baisse des volumes
et de la volatilité.


Bloomberg contre les automates


S’il est élu, Mike Bloomberg propose d’instaurer une taxe
de 0,1 % sur les transactions d’actions, obligations et déri-
vés. Elle débuterait à 0,02 % et augmenterait progressive-
ment. Dans son programme, le candidat souligne qu’
« une
augmentation de la vitesse du trading n’est pas toujours
socialement bénéfique »
**
. Le trading ultrarapide peut « aug-
menter le risque de flash crash (krach éclair) »
et « coûte près
de 5 milliards de dollars par an aux autres investisseurs »
,
selon des travaux. Il soutient des mesures de limitation
de vitesse, des « dos d’âne » adoptés par certains marchés.
La communauté des traders haute fréquence est vent
debout contre toutes ces propositions jugées démagogi-
ques pour accroître la popularité du candidat auprès
des classes moyennes. Elles pèseraient sérieusement sur
leurs marges. Son projet de réforme financière risque
de lui coûter de nombreux soutiens à Wall Street (banques,
hedge funds...), pourtant équipés de ses terminaux.**


Les plus-values réalisées sur
les opérations financières ont
atteint 197 milliards d’euros.
La baisse des taux américains
au cours du second semestre
2019 a eu comme effet une
augmentation de la valeur des
titres libellés en dollar.
Les redevances de sur-
veillance prudentielle, per-
çues par la BCE auprès des
banques pour couvrir les
dépenses engagées pour sa
mission ont légèrement pro-
gressé pour s’établir à
537 millions d’euros. Du côté
des charges, les coûts liés au
personnel sont passés de 515 à
566 millions d’euros, en rai-
son notamment du renforce-
ment des effectifs affectés à la
supervision bancaire. A
590 millions d’euros, les
autres charges d’exploitation
affichent un léger recul.

Diminution du bilan
Malgré la relance, en novembre
dernier, du programme d’achat
d’actifs, le bilan consolidé de
l’eurosystème a légèrement
diminué en 2019, à 4.673 mil-
liards d’euros, contre
4.703 milliards d’euros l’année
précédente. La BCE attribue
notamment cette évolution au
remboursement anticipé par
les banques des TLTRO, des
prêts ciblés de long terme.
L’encours des obligations sécu-
risées détenues dans le cadre du
programme d’achat d’actifs a
également diminué lorsque les
titres sont arrivés à échéance.

4
À NOTER
A la suite du Brexit,
la Banque d’Angleterre
s’est retirée du capital de la
BCE et s’est vue rembourser
58 millions d’euros. Ses
parts ont été redistribuées
entre les autres banques
centrales. Le poids de
la Banque de France est
ainsi passé de 14,2 à 16,6 %.

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C’est un résultat qui ferait rêver
n’importe quelle entreprise. La
Banque centrale européenne
(BCE) a annoncé une hausse de
50 % de son bénéfice en 2019. Il
s’élève à 2,4 milliards d’euros,
contre 1,8 milliard l’année pré-
cédente. C’est également une
bonne nouvelle pour les ban-
ques centrales des pays de la
zone euro, qui ont réparti entre
elles l’intégralité de ces profits.
Cette performance est princi-
palement due à la hausse des
intérêts perçue par la banque
centrale. Les gains liés aux r éser-
ves de change se sont établis à un
peu plus de 1 milliard d’euros,
« en raison de la hausse des reve-
nus d’intérêts sur le portefeuille
en dollars » , explique la BCE.

La BCE a également profité
des revenus liés à son pro-
gramme massif d’achats
d’actifs destiné à lutter contre
la déflation et à faire repartir
la croissance en Europe (QE).
Les intérêts versés par les
titres acquis par la banque
centrale ont progressé de
316 millions d’euros par rap-
port à 2018, à 1,1 milliard
d’euros, principalement
grâce aux obligations d’Etat.

BANQUE
CENTRALE

La BCE a réalisé en
2019 un bénéfice net
de 2,4 milliards
d’euros, contre
1,6 milliard l’année
précédente.

La BCE affiche


un bénéfice


en hausse de 50 %


Les gains liés aux
réserves de change
se sont établis
à un peu plus de
1 milliard d’euros.

redécouvrir les vertus du trading
lent, le « slow trading », un mara-
thon plutôt qu’un 100 mètres. C’est
la patience et l’endurance plus que
la r apidité qui vont l eur faire gagner
de l’argent.
En année électorale, les THF
redoutent d’être les boucs émissai-
res des candidats, notamment
démocrates. Bernie Sanders et
Mike Bloomberg proposent notam-
ment de taxer les transactions
financières. L’association Modern
Markets Initiative, qui regroupe les
firmes de trading, et notamment de
haute fréquence, souligne que
grâce aux investissements techno-
logiques de ses membres, les coûts
de transactions des investisseurs
ont diminué de moitié en dix ans.
Taxer Wall Street c’est, au bout du
compte, taxer les retraités et leurs
fonds de placement, estiment-ils.n

Traders haute fréquence :


le blues des robots


Les traders du parquet du New York Stock Exchange ont vu leur part de marché chuter depuis dix ans au bénéfice
des traders haute fréquence.
Photo Michael Nagle/RÉA

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