tirer son épingle du jeu. L’émirat,
point de passage entre l’Asie, l’A frique
et l’Europe profite de sa situation
géopolitique pour attirer les curieux
de cette région du monde. Mettant
en avant à la fois son histoire, facile
à découvrir lors de visites guidées
du souk et une balade en taxi bateau
dans la baie, et sa modernité, la cité
Etat a quelques atouts à faire valoir.
Une learning expedition sera l’occasion
de s’inspirer du programme Smart
Nation, de prendre connaissance des
incubateurs de start-up émiraties et
étrangères soutenus par le gouverne-
ment, le tout entrecoupé de shopping
dans des centres commerciaux démesu-
rés. Les spécialistes des sports nauti-
ques et des bateaux à moteur ne
devraient pas non plus être en reste :
Dubaï constitue près de 92 % du marché
du nautisme aux Emirats arabes unis.
Lagoon Bénéteau, Dufour ou encore
Rotomod ont déjà choisi de s’y implan-
ter.
...et Dublin
Le climat y est certes moins clément
qu’à San Francisco, mais l’écosystème
numérique presque aussi foisonnant.
En quelques années, Dublin s’est forgé
une solide réputation de « Silicon Val-
ley » européenne. Grâce, notamment, à
sa fiscalité avantageuse, la capitale
irlandaise a réussi à attirer les sièges
européens des champions mondiaux de
la tech comme Airbnb, Dropbox, Face-
book, Google, IBM, LinkedIn, Microsoft,
Salesforce, Slack, Smartbox ou encore
Twitter. Tous, ou presque, installés sur
les fameux « Silicon Docks », ils sont
désormais entourés par plus d’un mil-
lier de start-up qui pourront donner
moult idées innovantes aux entreprises
françaises, tout comme les universités
dotées de laboratoires performants qui
se montrent, elles aussi, prêtes à ouvrir
leurs portes.
... / ...
B comme Bangalore
La « Silicon Valley indienne » a su, au fil
des années, se distinguer de sa cousine
américaine. Les logiciels, la biochimie
et l’aérospatiale font notamment partie
des domaines développés dans cette
ville du sud de l’Inde. Le pays est égale-
ment en pointe sur la biométrie, avec un
logiciel nommé Aadhaar, plus grande
base biométrique du monde. Si son
utilisation concrète auprès de plus d’un
milliard d’habitants a bien lieu en Inde,
les capteurs des iris et des empreintes
digitales ont quant à eux été développés
par une société basée... en banlieue
parisienne.
D comme Dubaï...
Profitant de l’impulsion donnée par
l’exposition universelle qui se déroulera
l’hiver prochain, Dubaï compte bien
Une douzaine de start-up sont
aujourd’hui incubées ici, à l’instar
d’Hidden Flights, créée en 2018, qui
développe une application de réserva-
tion et de gestion des coûts d’un voyage
touristique, ou de Baseet. ai qui propose
un service de création d’applications
fondée sur l’intelligence artificielle et le
machine learning. Au sein du King
Hussein Business Park (KHBP) qui
l’abrite, cohabitent 75 entreprises loca-
les et internationales, plus de 150
start-up et 4.500 employés de l’informa-
tique, de la santé et des médias. Rien
n’interdit en outre d’aller jeter un œil
aux premiers résultats du projet Green
Affordable Homes (GAH) mis en œuvre
en Cisjordanie. Des constructeurs
locaux et des réfugiés ont été formés
aux techniques de construction écologi-
que et de recyclage, en utilisant des
pratiques traditionnelles pour créer des
dispositifs d’ombrage.
est aujourd’hui concurrencé par une
kyrielle de nouveaux points de chute.
Passage en revue, au long d’un abécé-
daire, des villes capables de donner aux
entreprises françaises et à leurs cadres
dirigeants des idées pour doper leur
transformation numérique et/ou écolo-
gique, accélérer leur révolution mana-
gériale ou s’inspirer des pratiques inno-
vantes des start-up.
A comme Amman
La destination peut sembler saugrenue.
Mais à Amman, en Jordanie, le iPARK
de la Royal Scientific Society figure dans
le Top 5 des meilleurs incubateurs
privés mondiaux, selon le classement de
l’association suédoise UBI Global. Y sont
déjà passés plus de 200 jeunes pousses
innovantes de la région et plus de 3.000
entrepreneurs. La structure affiche en
outre l’enregistrement de centaines de
brevets locaux et internationaux.
Les Echos Executives
L
es learning expeditions ont long-
temps eu la Silicon Valley et le
CES de Las Vegas pour unique
eldorado. Sans perdre son statut de
destination phare, le berceau des Gafa
D’Amman à Rio de Janeiro,
de Bangalore à Tallinn, de Dubaï
à Nairobi, les alternatives
au traditionnel voyage d’affaires
dans la Silicon Valley sont
désormais légion. Tour
d’horizon des destinations où
les entreprises pourront trouver
matière à penser et innover.
Q
ui n’a jamais entendu parler des
dabbawallahs, ces cantiniers indiens mis à
l’honneur dans « The Lunchbox », le
formidable film de Ritesh Batra? Ils livrent, chaque
jour, dans divers bureaux de Bombay, quelque
130.000 gamelles métalliques contenant des repas
préparés au domicile de leurs clients et les rapportent
vides. Le tout, sans processus informatique et sans
presque jamais effectuer la moindre erreur (sauf,
bien sûr, dans le film)! Système coopératif et
décentralisé, ressources humaines flexibles,
codification simplissime... Ce chef-d’œuvre de
logistique centenaire, performante et bon marché,
étudié par l’université Harvard, inspire depuis des
années nombre de dirigeants et managers
occidentaux. Il est illustratif de ces voyages d’étude,
fort en vogue depuis pas mal d’années, que les
professionnels qualifient de « learning expeditions ».
Apprendre par l’expérience et l’observation
Ces immersions professionnelles, au cours desquelles
- en différents environnements – on rencontre une
diversité d’interlocuteurs, se multiplient de la Silicon
Valley à Tel-Aviv, en passant par Stockholm, Lagos,
Amman ou Singapour. En France aussi, elles
s’avèrent fort riches d’enseignements quand il s’agit
d’embarquer des décideurs sur le salon VivaTech
comme dans le gigantesque espace de Station F, ou
encore – tout autre ambiance – sur le plateau de
Millevaches ou dans un squat de Seine-Saint-Denis.
Cette grande variété de learning expeditions ne vise
qu’un objectif : inviter les managers et dirigeants à
apprendre par l’expérience et l’observation. Mais
encore faut-il, au préalable, les convaincre de
la nécessité de déplacer leur regard pour renouveler
leur façon de penser leurs produits, services ou
modes de management. Encore faut-il surtout
judicieusement sélectionner les personnes à
emmener et les lieux à visiter pour qu’ensuite l’esprit
s’ouvre naturellement à d’autres façons de faire,
d’autres secteurs d’activité, d’autres repères
et d’autres univers.n
Learning expeditions
12 nouveaux territoires
à explorer
TRANSFORMATION
L'ÉDITO de Muriel Jasor
Un ailleurs pour trouver d’autres repères
Getty Images
Dubaï, point de passage entre l’Asie, l’Afrique et l’Europe, profite de sa situation géopolitique pour attirer les curieux.
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