Les Echos - 03.03.2020

(Dana P.) #1

20 // ENTREPRISES Mardi 3 mars 2020 Les Echos


d’habitants de la région Ile-de-
France, « le périph’ est surtout syno-
nyme de bouchons, de stress et de
pollution». Dans un rapport publié
ce mardi, le cabinet Roland Berger
et Kisio, une filiale de Keolis, bros-
sent un état des lieux complet des
flux sur cet axe structurant. Pour
cela, ils ont suivi 20.000 person-
nes pendant cinquante jours grâce
à leurs données GPS.

Importance des données
Le périphérique draine en
moyenne 1,1 million de déplace-
ments par jour, soit 3 % des trajets
quotidiens en Ile-de-France, indi-
que l’étude. La véritable heure de
pointe? Entre 6 et 7 heures du
matin, l’heure suivante n’étant pas
en reste. Le vendredi s’avère le jour
le plus chargé de la semaine, devant
le mercredi. Le week-end, il y a
22,1 % de circulation en moins.
Les habitants de la petite cou-
ronne en sont l es principaux u tilisa-
teurs. En dépit d’une faible motori-
sation (36,8 %, contre 66,7 % en Ile-
de-France), les habitants de Paris
représentent 18 % des usages, et
22 % du trafic.
« Ce rapport démontre que, grâce
aux données, on peut avoir une

meilleure connaissance de l’origine et
de la destination des déplacements en
Ile-de-France » , observe Didier Bre-
chemier, l’un d es auteurs du rapport.

Autorité organisatrice
L’é tude invite les élus à définir les
politiques de mobilité en fonction
de la demande, et non plus de
l’offre. Roland Berger et Kisio sug-
gèrent de créer une nouvelle auto-
rité organisatrice à l’échelle régio-
nale. L’objectif : éviter la dilution
des compétences et favoriser une
mobilité sans couture.
L’étude propose enfin de mettre
en place des bus à haut niveau de
service reliant la petite couronne
aux principales portes de Paris, de
poursuivre la politique de réduc-
tion de vitesse sur le périphérique,
de prioriser son accès selon le
niveau de besoin, de créer une voie
réservée au covoiturage et aux
transports publics (par exemple
entre Paris et l’aéroport Charles-de-
Gaulle) pour lutter contre l’« auto-
solisme », ou encore de mieux
réguler les flux de transport logisti-
que. Autant de mesures chocs qui,
quarante-sept ans plus tard, doi-
vent redonner finalement raison à
Pierre Messmer.n

Adrien Lelièvre
@Lelievre_Adrien

Ce 25 avril 1973, les caméras de
l’ORTF sont braquées sur Pierre
Messmer. Après dix-sept ans de
travaux, le Premier ministre inau-
gure en grande pompe le dernier
tronçon du boulevard périphéri-
que, entre la porte Dauphine et la
porte d’Asnières. Devant les jour-
nalistes, le Premier ministre de
Georges Pompidou ne cache pas sa
satisfaction. « La raison d’être de ce
boulevard périphérique est d’amé-
liorer la circulation dans la région
parisienne, et en particulier aux
limites de Paris. Cet objectif est déjà
largement réalisé. »
Aujourd’hui, ces mots prêtent à
sourire. Car, pour les 12,2 millions

TRANSPORTS


Une étude de Roland
Berger invite les élus
à définir les politiques
de mobilité en Ile-de-
France en fonction
de la demande,
et non plus de l’offre.

Les vrais chiffres


du périphérique parisien


produits frais peut, très vite, faire
basculer d es centaines ou milliers de
conteneurs d’un port à un autre. « A
la demande du gouvernement, nous
avons conclu un accord avec les
manutentionnaires afin que les char-
geurs ne soient pas soumis à une dou-
ble peine », explique le directeur
général d’Haropa-Port du Havre,
Baptiste Maurand. Celle d’avoir à
supporter, à la fois les retards de trai-
tement de leur marchandise, et les
frais de stationnement prolongé de
leurs « boîtes » qui se sont empilées
sur les terminaux.
Le patron du port précise : « Nous
allons écrire aux chargeurs pour leur
dire que nous réduisons le montant de
leurs factures de stationnement à
hauteur de 30 euros par conteneur, ce
pour un volume total de 100.000 con-
teneurs. Au total, 18 euros seront pris
en charge par le port du Havre et 12
par les manutentionnaires ». Une fois
la facture réglée aux manutention-

naires, ces derniers restitueront aux
chargeurs la somme de 30 euros par
conteneur, directement ou bien via
les intermédiaires que sont les com-
missionnaires de transport.

Remise sur droits de port
Cet « accord de relance » fait suite à
un premier train de mesures de
trois millions d’euros annoncé le
5 février pour les compagnies mari-
times impactées par des retards et
annulations. Une « prime
d’accueil », sous forme de remise
tarifaire de deux ans, est proposée
aux porte-conteneurs escalant
au Havre dans le cadre de la créa-
tion d’une nouvelle ligne en 2020,
s’ajoutant aux 50 lignes maritimes
régulières existantes.
Le port propose aussi une
« remise commerciale exception-
nelle » sur les droits de port qu’il a
perçus des propriétaires de navires
ayant escalé au Havre en décembre-

janvier, en dépit des perturbations.
Calculés en fonction de la taille du
navire et du nombre de conteneurs
chargés et déchargés, ces droits de
port peuvent atteindre 60.000 euros
pour un gros porte-conteneurs
affecté à un service Europe/A sie.
Pour la présidente du Groupe-
ment havrais des armateurs et
agents maritimes du port du Havre
(Ghaam), Véronique Lepine, « le
geste commercial du p ort du Havre est
loin de compenser les coûts supportés
par les armateurs pendant la grève,
mais c’est une première! C’est un
signal très positif qui traduit une prise
en compte des clients. »
Cependant, à l’heure où ses quais
retrouvent de la sérénité, le port nor-
mand s’inquiète des conséquences
de la chute de l’activité manufactu-
rière chinoise, coronavirus oblige.
Selon Baptiste Maurand, « certains
départs de Chine sont annulés par
manque de volumes ». n

Premier port à conteneurs français, le port du Havre a signé ce lundi un « accord de relance » avec les chargeurs,
propriétaires de la marchandise d’un montant de 3 millions d’euros. Photo E.Houri_Murcia

Stéphane Pallez

Présidente

Directrice générale

du Groupe FDJ–La

Française des Jeux

Mardi24mars2020à19h

«FDJ:Enjeux et perspectives pour
2020 »

Informationsetinscriptions:
http://www.lesechos-debats.fr

Merci à

pour son soutien inconditionnel
depuis 10 ans

Claire Garnier
— Correspondante à Rouen

Comment rattraper les clients par-
tis à Anvers ou Rotterdam après les
mouvements sociaux sur ses
quais? Le port du Havre, premier
port français de conteneurs, sort le
chéquier avec ses partenaires pour
soutenir sa filière conteneurs, à
hauteur de 6 millions d’euros. Un
changement de braquet par rap-
port aux 750.000 euros déboursés
en 2016 après le mouvement social
contre la loi travail El Khomri.
Lundi 2 mars, le port du Havre,
établissement public de l’Etat, a
signé un « accord de relance » avec
ses partenaires d’un montant de
3 millions d’euros pour les char-
geurs, propriétaires de la marchan-
dise. La mesure vise à réduire les
frais de stationnement prolongé de
leurs conteneurs sur les terminaux
de manutention, en raison des 14
jours de grève et blocages. Les
actions « port mort » de la CGT des
Ports et Docks et la grève des remor-
queurs de Boluda ont entraîné 122
annulations d’escales de navire
entre le 5 décembre et le 29 janvier,
dont 75 escales de porte-conteneur,
sans compter les retards.

Un trafic volatile
Selon l e port du Havre, c ela a
entraîné une baisse de 200.000 con-
teneurs équivalents vingt pieds
(EVP) sur janvier-février, à rappro-
cher des 2,8 millions traités dans
l’année. Rien, en effet, n’est plus sen-
sible et volatile que le trafic de conte-
neurs. Une enseigne de grande dis-
tribution ou un importateur de

MARITIME


Après les blocages
de décembre-janvier,
et face à la crise
du coronavirus,
le port du Havre réduit
les frais de stationne-
ment prolongé des
conteneurs.

Il accorde aussi aux
armateurs une remise
commerciale sur leurs
droits de port.

Le port du Havre fait un geste


pour ses clients après les grèves


à suivre


Air Liquide


va vendre


sa filiale CryoPDP


PRODUITS MEDICAUX
Le groupe de gaz industriels
Air Liquide a annoncé lundi
être entré en négociations
exclusives avec la société de
capital-investissement fran-
çaise Hivest Capital Partners,
pour céder sa filiale CryoPDP
de transport de produits
médicaux sous température
dirigée. « Cette décision cor-
respond à la stratégie d’Air
Liquide de révision régulière de
son portefeuille d’actifs afin de
se concentrer sur les activités
ou territoires clés du groupe et
ainsi maximiser ses perfor-
mances »,
explique un com-
muniqué. Le montant de la
transaction n’a pas été pré-
cisé. CryoPDP, basé à Paris et
qui emploie plus de 250 colla-
borateurs dans 12 pays, four-
nit des solutions de transport
international sous tempéra-
ture dirigée aux secteurs de la
recherche clinique et de la
thérapie c ellulaire et génique.
La société a des activités dans
150 pays.


Fessenheim :


EDF mis en garde


ÉNERGIE EDF doit « conser-
ver la maîtrise de la sûreté »

du site de Fessenheim (Haut-
Rhin) lors du démantèlement
de la centrale nucléaire, a
estimé le directeur général de
l’Institut de radioprotection
et de sûreté nucléaire (IRSN),
Jean-Christophe Niel. « EDF,
qui va rester l’exploitant
nucléaire au sens réglemen-
taire »
de Fessenheim, « doit
conserver la maîtrise de la
sûreté »,
dans un secteur où
l’on fait « largement appel à la
sous-traitance »,
a déclaré
M. Niel lors d’une audition
devant la mission d’informa-
tion parlementaire sur la fer-
meture de la centrale. « C’est
une opération complexe et
d’envergure, qui prend du
temps. Donc cette opération de
démantèlement doit être gérée
et organisée comme une opé-
ration industrielle à part
entière, avec une organisation
dédiée »,
a-t-il insisté.


« Le geste
commercial du
port du Havre est
loin de compenser
les coûts supportés
par les armateurs
pendant la grève,
mais c’est un signal
très positif qui
traduit une prise
en compte
des clients. »
VÉRONIQUE LEPINE
Présidente du Ghaam
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