Le Monde - 03.04.2020

(lu) #1

14 |coronavirus VENDREDI 3 AVRIL 2020


0123


36 MILLIARDS
C’est, en dollars (soit 32,8 milliards d’euros), le prix que voulait mettre
Xerox pour acquérir HP. Mais le groupe américain a abandonné, mardi
31 mars, son projet d’OPA sur le fabricant d’ordinateurs personnels et
d’imprimantes, à cause de la crise économique liée à la pandémie de
Covid-19. Cette offre était considérée comme hostile par HP, qui avait
systématiquement repoussé les avances du géant des photocopieurs
et imprimantes depuis sa première proposition, en novembre 2019.

F I N A N C E S
La Poste augmente
ses tournées
Le PDG de La Poste, Philippe
Wahl, a annoncé, mercredi
1 er avril, un renforcement
des effectifs pour améliorer
la distribution du courrier, de
la presse et des colis. Avec
l’absence d’environ un quart
de ses 220 000 salariés et la
fermeture de plusieurs de ses
bureaux depuis le début de la
crise de Covid­19, la distribu­
tion avait été très perturbée.
A partir du 6 avril, La Poste
va faire appel à 3 000 volon­
taires, salariés de la filiale
Mediapost (distribution
de publicités), intérimaires
et CDD. – ( AFP. )

SoftBank renonce
à financer davantage
WeWork
Le japonais SoftBank Group a
annoncé, jeudi 2 avril, avoir
renoncé à racheter pour
3 milliards de dollars d’ac­
tions du groupe américain
en difficulté WeWork,
arguant que certaines condi­
tions n’étaient « pas satisfai­
tes ». SoftBank Group reste
toutefois « pleinement
engagé dans la réussite
de WeWork » , a souligné
le groupe japonais dans
un communiqué. – ( AFP. )

R E S TA U R AT I O N
Faillite de l’Allemand
Vapiano
Emportée par la crise du
coronavirus, la chaîne
allemande de 250 restaurants
Vapiano a annoncé, jeudi
2 avril, sa mise en faillite.
Les besoins en liquidités
de l’enseigne, connue pour
ses plats de pâtes fraîches
et ses salades, étaient évalués
à 36,7 millions d’euros. Faute
d’un accord avec ses soutiens
financiers, Vapiano ne pou­
vait plus obtenir de prêt ga­
ranti par l’Etat, un dispositif
mis en place pour aider
les entreprises en difficulté à
cause du coronavirus. – ( AFP. )

A É R O N A U T I Q U E
Vers des suppressions
de postes chez Boeing
En difficultés financières,
Boeing va proposer à ses
employés un plan de départs
volontaires, dont des départs
anticipés en retraite. Les
détails devaient être dévoilés
par le directeur général, Dave
Calhoun, jeudi 2 avril. La crise
du Covid­19 a aggravé la
situation du constructeur
aéronautique américain qui
souffre déjà de l’interdiction
de vol du 737 MAX. Boeing
emploie 150 000 personnes à
travers le monde. – ( Reuters. )

La célèbre enseigne de chaussures André


subit l’impact de la crise sanitaire


L’entreprise, dont les points de vente ont été fermés le 16 mars, a été placée en redressement judiciaire


L


a pandémie de Covid­19 a
eu raison d’une enseigne :
André. Boris Saragaglia,
PDG de Spartoo qui détient la fi­
liale de chaussures depuis 2018,
l’assure. « C’est la fermeture des
magasins au 16 mars en France qui
a accéléré notre chute » , a expliqué
le cofondateur, lors d’un point
presse téléphonique, quelques
minutes après avoir informé ses
600 salariés de la validation du
placement de l’entreprise en re­
dressement judiciaire par le tribu­
nal de commerce de Grenoble,
mercredi 1er avril. « Sans la crise du
coronavirus, ça se serait passé
autrement » , confirme un salarié
sous couvert d’anonymat.
Fondée à la fin du XIXe siècle à
Paris par un industriel alsacien de
la chaussure bon marché, l’ensei­
gne était vacillante. Elle a été la­
minée par la mode des sneakers
qui a détourné sa clientèle vers les
boutiques de baskets et les sites
de vente en ligne de chaussures
de sport. Dès lors, en 2017, Vivarte,
sa maison mère, a cherché à se sé­
parer au plus vite de cette chaîne
déficitaire. Un accord a été conclu
avec Spartoo début 2018. Ses per­
tes nettes s’élevaient alors à
20 millions d’euros, note M. Sara­
gaglia. Elles ont atteint 10 mil­
lions d’euros en 2019, pour un
chiffre d’affaires d’environ

100 millions d’euros. « Spartoo
avait été obligé d’injecter 13 mil­
lions d’euros à son compte courant
l’an dernier » , assure le PDG.
Les actionnaires de Spartoo


  • ses fondateurs à hauteur de 25 %
    et des fonds d’investissements (A
    Plus Finance, CM­CIC Capital
    Privé, Highland Capital Partners,
    Endeavour Vision et Sofina) à
    hauteur de 75 % – n’ont pas sou­
    haité réinvestir dans André. Après
    le mouvement des « gilets jau­
    nes » de 2018 et la grève des trans­
    ports en commun en décem­
    bre 2019 qui ont plombé son acti­
    vité, ils ont été glacés par de nou­
    veaux vents contraires. La
    fermeture des 150 points de vente
    de l’enseigne au 16 mars, à la suite
    de l’adoption des mesures de con­
    finement dans l’Hexagone, en­
    traînait la perte de 250 000 euros
    de chiffre d’affaires par jour.


Problèmes de trésorerie
Pour combien de temps? Alors
que les mesures de confinement
ont été reconduites jusqu’au
15 avril, l’entreprise navigue à vue,
sans certitude de pouvoir rouvrir
bientôt. « 4 millions d’euros per­
dus par mois, ce n’est pas tenable » ,
estime M. Saragaglia. Les échéan­
ces de paiement de chaussures
commandées en Italie, Espagne et
au Portugal pour un montant de

10 millions d’euros prévus en
mars et avril ont aussi poussé le
PDG à « chercher de l’air ». Ce der­
nier dit avoir demandé un prêt à
la Banque publique d’investisse­
ment (BPI) pour pouvoir solder
ses problèmes de trésorerie. En
vain.
La banque d’Etat « n’a pas donné
suite à mon dossier » , précise­t­il,
sans « même » en avoir obtenu les
« raisons ». Le 23 mars, l’entreprise
a déclaré être en cessation de
paiement. L’ouverture de cette
procédure permet d’assurer le
paiement des salaires des em­
ployés d’André à partir du 31 mars
par l’AGS, régime de garantie de
salaires.
Le cofondateur de Spartoo avait
racheté André pour doter Spartoo
d’un réseau de magasins. En 2017,
l’entrepreneur avait également
racheté GBB, marque de chaussu­

res pour enfants, jusque­là dé­
tenu par Kindy. Et, Spartoo a aussi
repris Easy Peasy, petite marque
de chaussons, lors de sa mise en
liquidation judiciaire, fin 2019.
Lancée voilà dix­huit mois, la
stratégie consistait à monter un
réseau de vente mixte, présent
sur Internet, avec une offre de
400 000 modèles pour toute la fa­
mille, et des boutiques dans les
centres commerciaux et les
meilleurs emplacements de cen­
tre­ville. André est notamment
très présent à Paris.
L’entreprise Spartoo réalise
aujourd’hui la moitié de ses
250 millions d’euros de vente
grâce à ses magasins. M. Saraga­
glia jure que son « projet indus­
triel » demeure pertinent. L’entre­
preneur de 38 ans, qui s’était lancé
dans la vente en ligne, à la sortie
de HEC, après les Mines, assure
œuvrer à un « plan B » pour « com­
biner les énergies » et relancer les
ventes d’André. Quitte à opérer
avec un « nombre drastiquement
inférieur de magasins ». Le PDG
n’entend toutefois pas préciser
son projet de poursuite d’activité,
alors que la période d’observation
de l’entreprise s’ouvre dans ce
« contexte ubuesque ». Depuis mi­
mars, l’enseigne André ne réalise
aucun chiffre d’affaires.
juliette garnier

Au Brésil, des mesures lacunaires


face à la déflagration économique


Les travailleurs précaires sont les plus touchés, notamment les 38 millions


de citoyens qui travaillent dans le secteur informel


rio de janeiro ­ correspondant

J’

ai des économies pour te­
nir encore une semaine.
Après ça, je m’en remets à
Dieu! » Rene Mello,
42 ans, habitant de la fa­
vela de Rocinha, à Rio de Janeiro,
n’est pas rassuré. Confiné chez lui
depuis plusieurs jours avec huit
enfants à charge, ce livreur de
viande compte désormais chaque
centime dépensé. « Je travaillais à
la journée, pour 5 reais [environ
0,90 euro] de l’heure. Mais, avec le
virus, les restaurants ont fermé, et
tout s’est arrêté du jour au lende­
main. J’espère que mon proprié­
taire et la compagnie d’électricité
vont accepter d’attendre un peu
que je paie loyers et factures... » ,
dit­il en soupirant.
Comme des millions d’autres
Brésiliens, Rene Mello est l’une
des premières victimes de la dé­
flagration économique déclen­
chée par la pandémie due au coro­
navirus. Les prévisions sont dra­
matiques pour ce pays qui com­
mençait à peine à se remettre de
l’effroyable crise économique de


  1. En effet, la banque centrale a
    abaissé de 2,2 % à zéro sa prévi­
    sion de croissance du produit in­
    térieur brut (PIB) pour 2020.
    Quant à la Fondation Getulio Var­
    gas (FGV), elle se montre encore
    plus pessimiste, anticipant une
    contraction de 2 % du PIB.


Confusion
Depuis la semaine du 23 mars,
avec des variations selon les ré­
gions et les villes, les commerces
non essentiels ferment leurs por­
tes dans l’ensemble du pays. La
crise ne fait que commencer,
mais les conséquences du Co­
vid­19 sont d’ores et déjà bien visi­
bles, et ce dans tous les secteurs
d’activité. Le géant pétrolier Pe­

trobras réduit de 30 % ses inves­
tissements en 2020. Dans la zone
franche de Manaus, en Amazonie,
les grandes usines du sud­coréen
Samsung et du japonais Honda
sont à l’arrêt.
A Rio, l’aéroport international
Tom Jobim prévoit une chute de
90 % de ses vols au mois d’avril. A
Sao Paulo, capitale économique
du pays, 10 % des bars et restau­
rants de la ville pourraient mettre
la clé sous la porte à cause de la
crise, et 30 000 employés se re­
trouver au chômage, selon les
syndicats du secteur.
Cependant, les plus touchés de­
meurent les travailleurs précai­
res, et en particulier les 38 mil­
lions de Brésiliens travaillant
dans le secteur informel (ce qui
représente 41 % des actifs), qui ne
disposent ni de contrat ni de mi­
nima sociaux, et dont le revenu
moyen ne dépasse que rarement
les 200 à 300 euros. Femmes de
ménage, cuisiniers, livreurs, ven­
deurs de rue... Beaucoup, ces der­
niers jours, ont été renvoyés à la
maison ou licenciés par leurs em­
ployeurs, souvent par un simple
message WhatsApp.
Face au péril, le gouvernement
de Jair Bolsonaro agit, comme à
l’accoutumée, dans la confusion.
Le président nie toujours la gra­
vité de la pandémie, qualifiant le

Covid­19 de « grippette ». Plutôt
qu’un plan de soutien à l’écono­
mie, le chef de l’Etat appelle à un
« retour à la normalité » et à la
réouverture des commerces.
« L’économie ne peut pas s’arrê­
ter », a soutenu le président, re­
joint par une poignée de fidèles,
tel Junior Dursk, patron de la
chaîne de restaurants spécialisée
dans la viande Madero, qui a af­
firmé crûment, le 23 mars : « Nous
ne pouvons pas [tout arrêter] à
cause de 5 000 ou 7 000 personnes
qui vont mourir. »

Grands patrons perclus de doutes
Envers et contre le chef de l’Etat,
une série de mesures d’urgence
ont, malgré tout, été prises : décla­
ration de l’état de « désastre pu­
blic » (permettant de s’affranchir
des règles budgétaires), soutien
au secteur de la santé, amplifica­
tion du programme de lutte
contre la pauvreté « Bolsa Fami­
lia », facilitation du crédit aux en­
treprises, aide au secteur aérien,
prorogation de plusieurs impôts
fédéraux, suspension de la dette
des Etats... Un projet de loi, voté
jeudi 26 mars par la Chambre des
députés, prévoit d’octroyer un
« coronachèque » de 600 reais aux
travailleurs du secteur informel,
durant trois mois d’affilée.
En tout, le cocktail de mesures
disparates du « plan anticoronavi­
rus », élaboré par l’ultralibéral mi­
nistre de l’économie, Paulo Gue­
des, a été chiffré à 306,2 milliards
de reais. Une somme jugée large­
ment insuffisante par beaucoup
d’observateurs. « Tout cela ne va
pas assez loin, mais ce qui manque
le plus, c’est une aide importante
pour les petites et moyennes entre­
prises [PME]. Ce sont elles qui vont
souffrir le plus : à la différence des
grands groupes, elles n’ont pas ac­
cès au crédit et pas de capital suffi­

sant pour pouvoir s’arrêter pen­
dant deux ou trois mois » , estime
José Scheinkman, économiste et
professeur à l’université Colum­
bia, à New York.
Pour ne rien arranger, en début
de semaine passée, Jair Bolsonaro
a déclenché un nouveau scandale.
Dans la nuit du dimanche 22 au
lundi 23 mars, le président a pu­
blié en toute discrétion une me­
sure provisoire permettant à tout
chef d’entreprise de suspendre
pour quatre mois le contrat de tra­
vail de ses employés... sans être
obligé de payer leurs salaires pen­
dant cette période.
Face aux déluges de critiques,
M. Bolsonaro a rapidement retiré
le texte. Selon le quotidien Esta­
dão , le chef de l’Etat, qui a déjà af­
firmé à de multiples occasions ne
« rien comprendre à l’économie » ,
aurait signé le décret, rédigé par
Paulo Guedes, sans prendre la
peine de le lire...
Preuve que l’inquiétude pro­
gresse : en trois semaines, l’in­
dice Bovespa de la Bourse de Sao
Paulo a chuté de 28 %. La banque
centrale du pays s’est certes dite
prête à injecter 1 200 milliards de
reais de liquidités pour soutenir
les marchés. Mais cela ne suffit
pas à rassurer les grands patrons,
autrefois très favorables au cou­
ple Bolsonaro­Guedes, et désor­
mais perclus de doutes.
Le moment « exige l’union des
forces » , a estimé dans la presse
José Ricardo Roriz Coelho, vice­
président de la puissante Fédéra­
tion des industries de Sao Paulo,
critiquant un gouvernement qui
laisse la population « anxieuse et
préoccupée » et les employeurs
« avec leurs affaires qui s’arrêtent
et sans argent pour payer les factu­
res ». Et de conclure : « Nous avons
besoin d’un cap. » 
bruno meyerfeld

La banque
centrale
a abaissé
de 2,2 % à zéro
sa prévision
de croissance du
produit intérieur
brut pour 2020

Comme un petit trait de lumière
au cœur de la tempête du siècle.
L’américain Carnival, le plus
grand opérateur de croisières au
monde, est parvenu, mercredi
1 er avril, à trouver 10 milliards de
dollars (9,1 milliards d’euros) sur
les marchés financiers pour as­
surer sa survie dans la traversée
la plus périlleuse de son histoire.
Les investisseurs, à l’affût en
cette période de grandes oppor­
tunités, se sont précipités pour
prêter de l’argent au roi des pa­
quebots géants. Il faut dire que
l’intérêt servi, 12 %, est incroya­
blement élevé pour une société
aussi rentable. Du moins jusqu’à
ce funeste 1er février 2020.
Ce jour­là, le Diamond Princess
débarque à Hongkong un
homme âgé de 80 ans, porteur
d’une mauvaise grippe. L’une
des premières victimes du coro­
navirus en dehors du territoire
chinois. Rapidement renvoyé, le
navire reprend la mer quand,
une semaine plus tard, 70 mala­
des sont comptabilisés, puis 135.
Immobilisé en quarantaine dans
le port japonais de Yokohama, il
deviendra le symbole d’une épi­
démie qui faisait encore sourire
en Occident.

En cale sèche
En définitive, près de 700 per­
sonnes seront infectées et huit
décéderont sur un total de
3 700 passagers. Un sujet d’étude
en milieu confiné pour les épidé­
miologistes et une catastrophe
absolue pour l’un des segments
les plus dynamiques de l’indus­
trie mondiale du tourisme.
Depuis, toutes les compagnies
du monde ont annoncé la sus­
pension de leurs activités, cher­
chant à récupérer les derniers na­
vires encore en mer, dont cer­

tains errent toujours, rejetés
comme des pestiférés par tous
les ports du monde. Ces cathé­
drales flottantes, qui peuvent ac­
cueillir plus de 6 000 personnes,
images d’un tourisme de masse
dont on veut bien l’argent mais
pas les nuisances, se retrouve en
cale sèche sans perspective de re­
tour à meilleure fortune avant
longtemps.
Les premiers à sortir du confi­
nement, les Chinois, ne songent
plus à prendre le large. Et quand
Européens et les Américains se
reprendront à rêver de navigation
en troupeau sous les tropiques,
beaucoup d’eau aura coulé sous
l’étrave des vaisseaux de Carnival,
Norwegian Cruise Line ou Royal
Caribbean, les trois magnats du
secteur, tous établis à Miami et
qui se partagent les trois quarts
d’un marché mondial estimé à
près de 45 milliards d’euros.
Avec sa levée de fonds géante,
Carnival, qui dépense 1 milliard
de dollars par mois, pourra tenir
jusqu’à la fin de l’année. Ce ne
sera pas le cas de tout le monde.
Les rivaux européens, comme le
suisse MSC Croisières, ont du
souci à se faire. Ses bateaux ont
aussi rencontré le virus et, cette
semaine, le président de sa filiale
espagnole est mort du Covid­19.
La firme est dix fois plus petite
que Carnival, mais ses frais sont
énormes. Le 20 janvier 2020, elle
signait le « contrat du siècle »
avec les Chantiers de l’Atlantique
à Saint­Nazaire, 2 milliards
d’euros ferme, assorti d’une pro­
messe de 4 milliards de com­
mandes à suivre. Des années de
travail assurées... Si la firme se
relève du cyclone qui balaye cette
industrie, décriée pour son gi­
gantisme, enviée pour sa renta­
bilité, et soudain si fragile.

PERTES & PROFITS |CARNIVAL­MSC
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Cauchemar


en pleine mer


Le confinement
a entraîné
la perte de
250 000 euros
de chiffre
d’affaires
par jour
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