Libération - 03.04.2020

(Ann) #1

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SOUVENIRS

5 ans sans Guy
Helo
L’absence ne finira jamais.

NAISSANCE

La famille Sitbon a la joie de
vous annoncer la naissance
de

Myriam
née le 24 mars 2020
à Nogent-sur-Marne (94).

GIANNI : 17 Mars
2020, enfin le
déconfinement

Lauren et Paul
VANDERHAEGEN-DIARD ont
l’immense joie de vous
annoncer qu’ils sont entrés
dans une nouvelle phase : la
vie avec GIANNI, Xavier,
Christophe, Albert, Henri. Né
le 1er jour de confinement
pour profiter pleinement de
ses parents.

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A


la fin mars, en plein confine-
ment, trois start-up tricolores
(Boks dans les colis, ekWa-
teur dans les énergies vertes et Qar-
not dans le stockage de données) ont
annoncé des levées de fonds allant
de 1,2 à 6 millions d’euros. Bien
qu’initiés avant la panique économi-
que provoquée par le Covid-19, ces
apports sont-ils le signe de la robus-
tesse de la «start-up nation» fran-
çaise? «Il est très difficile de prédire
comment les choses vont tourner, con-
fie un gérant de Partech, fonds de ca-
pital-risque qui compte 165 start-up
à son portefeuille. Ce que l’on peut
dire pour le moment, c’est qu’il y a pas
mal de résilience dans un secteur infi-
niment plus mature qu’en 2001
ou 2008. Mais tout dépend évidem-

ment du stade de développement au-
quel sont parvenus les start-up et leur
secteur d’activité. Il y a énormément
de paramètres qui jouent, à commen-
cer par celui de la trésorerie.»

Fragile. L’année 2019 a marqué un
nouveau record en France : selon le
baromètre EY, les levées de fonds ont
atteint plus de 5 milliards d’euros. On
en a dénombré 736, soit +14 % par
rapport à 2018. «Les bons capitaux-
risqueurs avaient perçu qu’on était en
fin de cycle et un certain nombre de
start-up entrent dans la crise avec du
cash et de quoi tenir au moins quel-
ques mois», observe-t-on chez Par-
tech. En revanche, les entreprises
plus récentes et moins bien finan-
cées seront les premières touchées,
tout comme celles dont le modèle
économique est le plus fragile. Celles
qui misent sur l’abonnement payant
sont plus à l’abri que celles qui ont
parié sur une stratégie de conquête
d’audience et de parts de marché.
Créée en 2013 et employant 22 per-
sonnes, le fabricant d’ethylotests

connectés Olythe illustre la nasse
dans laquelle se retrouvent piégées
les start-up qui n’ont pas encore dé-
montré leur viabilité. «On préparait
notre première levée de fonds de trois
millions d’euros mais notre activité
n’étant pas ultra-prioritaire dans le
contexte actuel, tout s’est bloqué et
maintenant c’est mort au moins pour
les six prochains mois, témoigne
Guillaume Nesa, le fondateur. La BPI
ne pourra pas nous être d’une grande
aide, notre trésorerie est à sec et il n’y
a plus que les banques et le crédit qui
puissent nous sauver.»
Pour les start-up plus matures, la si-
tuation est très contrastée. Les acti-
vités basées sur les services immaté-
riels et la vente en ligne résistent
mieux et pour certaines sont même
en forte progression. C’est le cas du
site de matériel de bricolage Mano-
Mano qui voit ses ventes fortement
progresser, ou de la plateforme d’en-
seignement à distance OpenClass-
rooms qui a reçu 1 000 demandes
d’écoles pour 100 000 étudiants en
deux semaines. Et si les activités

hardware nécessitant la fourniture
de composants souffrent en raison
de la rupture des chaînes d’approvi-
sionnements asiatiques, ce n’est rien
en comparaison des secteurs comme
le tourisme, totalement à l’arrêt.

Transformation. «S’il y a un seul
point positif, conclut-on chez Par-
tech, c’est que cette crise va fortement
accélérer la transformation numéri-
que de l’économie et in fine profiter à
tous ceux qui proposent des solutions
innovantes et à moindre coût. Plutôt
que de prendre l’avion pour un conseil
d’administration, on peut très bien
imaginer qu’à l’avenir un “board” sur
deux se tiendra en visioconférence, il
n’y a qu’à voir l’adoption massive
d’une plateforme comme Zoom.» Si
«l’hiver nucléaire» prédit par un in-
vestisseur sur Twitter n’est pas en-
core avéré, le virus risque bien d’être
fatal à ces nombreuses start-up dont
l’activité est très dépendante de pans
entiers de l’économie peu ou pas fa-
cilement «numérisables».
Christophe Alix

Pour les start-up, c’est pile ou face


Si le secteur se porte bien,
la situation reste variable
selon les entreprises. Les
plus petites, qui n’ont pas
encore fait leurs preuves,
risquent d’être fragilisées.

U


ne rallonge pour ceux qui encaissent
peut-être le plus violemment le choc
économique lié au Covid-19. Le
fonds de solidarité destiné aux très petites
entreprises et aux indépendants (moins
de 1 million d’euros de chiffre d’affaires) va
être rehaussé de 500 millions d’euros. Au to-
tal, 1,8 milliard d’euros est disponible pour
ceux qui ont vu leur chiffre d’affaires chuter
d’au moins 50 %. Et ils sont légion. Commer-
çants dont le rideau est baissé depuis plus
de 15 jours, artisans en panne de chantier ou
prestataires de services dont les donneurs
d’ordre ont cessé toute commande du jour
au lendemain. Cette somme de 1,8 milliard
pourrait apparaître comme un effort consé-
quent. En réalité, chaque bénéficiaire ne
pourra percevoir que 1 500 euros voire 2 000
dans les cas exceptionnels. D’ores et déjà,
selon le ministère des Comptes publics,
330 000 entreprises ont demandé à en béné-
ficier. Près du tiers de l’enveloppe a donc été
consommé. Et dans bien des cas, cette aide
est loin d’être suffisante, ne serait-ce que
pour répondre à des besoins vitaux.

Trou dans la raquette. Dans le Sud-
Ouest, un administrateur judiciaire, dont le
métier est d’assister les entreprises en diffi-
culté, décrit son quotidien à Libération. «Je
reçois des coups de fil de gérants non-salariés
de toutes petites entreprises qui, du jour au
lendemain, n’ont plus de chiffre d’affaires ni
de revenus. Ils me demandent comment ils
vont nourrir leur famille.» C’est sans doute
le principal trou dans la raquette du disposi-
tif mis en place par Bercy. Dans ces petites

structures, bon nombre d’entrepreneurs
sont des gérants non salariés. Impossible,
pour eux, de prétendre au dispositif de chô-
mage partiel, réservé aux salariés et qui leur
permet de continuer à percevoir 84 % du re-
venu net. Résultat, beaucoup d’entre eux
pourraient ne pas reprendre leur activité une
fois le confinement terminé. «J’entends
beaucoup de ces entrepreneurs me dire qu’ils
vont demander la mise en liquidation judi-
ciaire de leur société. Tout simplement, parce
qu’ils n’auront pas la trésorerie nécessaire
pour redémarrer après la crise sanitaire»,
poursuit l’administrateur judiciaire.

Open bar. Certes, ils sont éligibles aux
prêts garantis par l’Etat. Officiellement, c’est
«open bar» puisque la puissance publique
garantit 300 milliards de financement. Sur
le terrain, la réalité est quelque peu diffé-
rente. Les banques commerciales traînent
des pieds pour accorder ces prêts aux plus
petites entreprises et vont parfois jusqu’à
demander au dirigeant une garantie person-
nelle. Un comble alors que l’Etat a déjà ap-
porté sa caution. Bruno Le Maire s’en est pu-
bliquement agacé le 31 mars et a semble-t-il
eu une conversation tendue à ce sujet avec
Frédéric Oudéa, PDG de la Société générale
et également président de la Fédération
bancaire française.
Afin d’essayer d’améliorer la situation des
TPE, la confédération des PME mène la ré-
flexion sur une extension du fonds de solida-
rité, afin de poursuivre sur une plus longue
période le versement d’une somme forfai-
taire de 1 500 euros, en impliquant notam-
ment les Urssaf. La maire de Paris, Anne Hi-
dalgo, devrait, elle, normalement reporter
les échéances de loyer pour les commerçants
dont le local appartient aux HLM de la ville.
Pour ces entrepreneurs, le salut viendra
peut-être des collectivités locales.
Franck Bouaziz

Les TPE-PME craignent


la liquidation sanitaire


Pour les petites entreprises,
les aides prévues afin
d’assurer leur survie ne
s’annoncent pas suffisantes.
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