Les Echos - 03.04.2020

(Chris Devlin) #1

Les Echos Vendredi 3 et samedi 4 avril 2020 ENTREPRISES// 19


marché des cigarettes électroni-
ques aux Etats-Unis. Se voyant
dépassé, Altria a alors, fin 2018 ,
« orchestré sa sortie du marché de
l’e-cigarette avant de devenir le
plus important investisseur » du
fabricant de cigarette électroni-
que, estime Ian Conner.

Coûteux litiges juridiques
Altria a investi 12,8 milliards de
dollars, en décembre 2018, en
échange d’une participation de
35 % au capital de Juul, valori-
sant alors la jeune société à
38 milliards. Faisant face à de
coûteux litiges juridiques,
notamment sur ses produits aro-
matisés, le fabricant d’e-cigaret-
tes n’est plus valorisé qu’à 12 mil-
liards de dollars. Altria s’était
aussi initialement engagé à ne
pas faire concurrence aux pro-
duits de Juul pendant au moins
six ans et à lui apporter ses com-
pétences dans certains domaines
spécifiques, comme le lobbying
auprès des autorités sanitaires.
Autant de conditions qui,
selon la FTC, constituent une
« diminution substantielle de la
concurrence » et une « restriction
déraisonnable du commerce », à
l’encontre des consommateurs.
Le gendarme américain souhaite
dès lors qu’A ltria se défasse de
son investissement.
« Nous pensons que notre inves-
tissement dans Juul ne nuit pas à
la concurrence et que la FTC a mal
compris les faits », répond sans
ambages le vice-président exécu-
tif et secrétaire général d’Altria,
Murray Garnick, dans un com-
muniqué. L’audience de la FTC
est prévue pour janvier 2021.n

Enrique Moreira
@EnriqueMoreira

Le rapprochement d’Altria et
Juul serait-il sur le point de faire
long feu? Le gendarme améri-
cain de la concurrence, la FTC, a
engagé une procédure contre le
deal entre le propriétaire de la
marque Marlboro et le spécia-
liste de la cigarette électronique.
« Pendant plusieurs années,
Altria et Juul étaient des concur-
rents sur le marché des cigarettes
électroniques à système fermé. Fin
2018, Altria a orchestré sa sortie du
marché de l’e-cigarette et est
devenu le plus grand investisseur
de Juul », explique le directeur
des services de la concurrence à
la FTC, Ian Conner. Puis les deux
groupes « sont passés de concur-
rents à collaborateurs en élimi-
nant la concurrence et en parta-
geant les bénéfices de Juul »,
poursuit l’institution.

De la place dans les rayons
Les deux groupes surveillaient
jusqu’alors de près leurs prix et
innovations respectifs. Le pro-
priétaire d e Marlboro profitait de
son statut d’acteur établi sur le
marché du tabac pour négocier
de la place dans les rayons des
revendeurs. Cela n’a pas empê-
ché Juul de devenir leader sur le

Le gendarme américain
de la concurrence a
engagé une procédure
contre le propriétaire de
Marlboro et le fabriquant
de cigarette électronique.
Montant de l’opération
12,8 milliards de dollars.

Le rapprochement entre


Juul et Altria contesté par


les autorités américaines


Vincent Collen
@VincentCollen


De mémoire de pompiste, on
n’avait jamais vu ça. La consomma-
tion d’essence et de gazole est infé-
rieure de 70 à 85 % à la normale en
France depuis l’entrée en vigueur
du confinement. Les stations-ser-
vice ont été prises d’assaut une der-
nière fois les 14, 15 et 16 mars, lors
des derniers déplacements autori-
sés. « C’était l’équivalent d’un grand
chassé-croisé du mois d’août »,
explique-t-on chez l’une des gran-
des enseignes. Près de 1,2 million de
Franciliens, en particulier, se
sont installés en région entre le 13 et
le 20 mars, ont montré les statisti-
ques de l’opérateur téléphonique
Orange.
La demande s’e st ensuite effon-
drée. Chacun a pu constater que le
trafic routier est devenu exception-
nellement faible, dans son environ-
nement immédiat ou sur les ima-
ges d’autoroutes et autres voies


express désertées diffusées à la télé-
vision. « La baisse du trafic reste tou-
tefois moins prononcée pour les
poids lourds, conséquence du main-
tien d’un niveau d’activité économi-
que minimum dans le pays », pré-
cise Vinci Autoroutes.
La demande chute partout, mais
elle est encore plus forte sur le
réseau routier secondaire. Total
constate une proportion nettement
plus importante que d’habitude de
la clientèle professionnelle, utilisa-
trice de cartes pour les flottes
d’entreprises. Ce déclin sans précé-
dent de la demande s’accompagne
d’une baisse des prix de 15 % depuis
le début de l’année, dont la plupart
des automobilistes profitent peu
étant donné les restrictions impo-
sées sur les déplacements.

Krach pétrolier
Le litre de gazole, le carburant le
plus vendu, était commercialisé en
moyenne à 1,2390 euro la semaine
dernière, selon les chiffres du
ministère de la Transition écologi-
que, au plus bas depuis octo-
bre 2017. Pour l’essence SP
(1,3048 euro), il faut même remon-
ter à septembre 2016 pour retrou-
ver un prix aussi faible.
Cette baisse des prix s’explique
par le krach des cours du pétrole

(–62 % depuis le début de l’année),
lui-même conséquence d’un effon-
drement sans précédent de la
demande de produits pétroliers
pour le transport et l’industrie en
raison de la pandémie.
La décrue est toutefois amortie
en France, comme dans la plupart
des pays européens, par la part
importante de la fiscalité dans le
prix des carburants. La TVA et la
TICPE représentent 66 % du tarif
d’un litre de gazole et presque 70 %
de celui du SP95. Pour le budget de
l’Etat, la chute des volumes de car-
burants représenteront un man-
que à gagner de plusieurs milliards
d’euros, même si aucune évalua-
tion précise n’est encore possible
étant donné l’incertitude sur l’évo-
lution de l’épidémie.
Malgré cette situation exception-
nelle, les raffineries françaises con-
tinuent à produire des carburants.
Total a seulement décidé de ne pas
redémarrer son site de Grandpuits,
en Seine-et-Marne, qui était en
arrêt p our maintenance. Mais pour
combien de temps encore? Au fur
et à mesure que les dépôts de carbu-
rants se remplissent partout en
France, la question se posera. Or,
l’arrêt et le redémarrage d’une raffi-
nerie sont des processus longs et
coûteux à mettre en œuvre.n

Effondrement historique de la


consommation de carburants en France


Les ventes d’essence
et de gazole en France sont
inférieures à la normale de
70 à 85 %. Après une ruée
dans les stations-service
à la veille du confinement,
le trafic routier a chuté.


ave c les autorités de santé. A l’hôpi-
tal, on essaie aussi d’ajuster au plus
près la consommation de ces pro-
duits critiques. « On retravaille les
protocoles de soins pour essayer de
réduire les doses et la durée des traite-
ments », explique Nathalie Pons-
Kerjean.
Si pour les hypnotiques comme
midazolam ou le propofol, on peut
envisager de recourir à d’autres pro-
duits de la même classe thérapeuti-
que, il n’y a pas vraiment d’alterna-
tive aux curares.n

patients qui peuvent rester jusqu’à
trois semaines », complète Domini-
que Blazy, directeur médical de
Merck-MSD en France, l’un des four-
nisseurs de curare. On doit donc
faire face à un grand nombre de
patients pour des durées longues.
D’où l’explosion de la demande. « Il
faut 2 fois plus de curare pour intuber
les patients, car il faut aller vite et
15 fois plus de produit par jour pour
maintenir la ventilation », estime
Dominique Blazy.
Alors comment faire face? Il n’y a
pas de solution miracle. Certains
voudraient qu’on réquisitionne des
usines pour fabriquer des curares,
mais c’est oublier que les chaînes de
production sont adaptées et validées
pour chaque produit. Quant à créer
une nouvelle ligne de production,
cela prendrait trop temps alors que
le b esoin est là et dans les p rochaines
semaines. Les médicaments, même
les simples à produire, ne le sont pas
autant que le gel hydroalcoolique.
Une conversion au pied levé n’est
donc pas possible.
Pour autant, les industriels qui
se rvent le marché des curares en

France, comme le génériqueur sud-
africain Aspen ou Merck-MSD, ne
restent pas les bras croisés. Chez ce
dernier, qui ne pèse que 3 % d’un
marché dominé par les génériques,
l’usine des Pays-Bas qui approvi-
sionne la France en Esmeron (ou
rocuronium) tourne à plein régime
24 heures sur 24.

Importations exceptionnelles
« No us avons accéléré la livraison des
commandes déjà passées et nous
avons pu importer exceptionnelle-
ment des produits qui étaient initiale-
ment destinés à la Chine », explique
Jacques Zagury, directeur général
de Merck-MSD en France. En mars,
Merck-MSD a ainsi doublé la mise à
disposition de ses produits et prévoit
de la multiplier par 12 en avril.
« Nous sommes en contact régulier
avec l’ANSM qui coordonne l’utilisa-
tion des stocks afin d’optimiser la
répartition de la production et d’éviter
le surstockage », poursuit le patron.
Et une plateforme où les laboratoi-
res pourraient déclarer leurs livrai-
sons pour les médicaments criti-
ques est en cours de déploiement

Catherine Ducruet
@CDucruet


Al ors que l’épidémie de Covid-19 se
généralise à l’ensemble de la planète,
y a-t-il une pénurie de médicaments
dans les hôpitaux en France? Il faut
tout d’abord préciser que la question
ne se pose que pour un petit nombre
de produits, ceux utilisés pour trai-
ter les patients atteints de formes
graves du Covid-19. Les autres médi-
caments utilisés à l’hôpital, notam-
ment en cancérologie, continuent à
être livrés comme d’habitude.
Et pour les médicaments concer-
nés, « je ne parlerai pas encore de
pénurie, explique Nathalie Pons-
Kerjean, cheffe de service de la Phar-
macie hospitalière des hôpitaux
Beaujon et Louis-Mourrier de
l’AP-HP, car pour l’instant nous
n’avons renoncé à soigner personne
par manque de médicament mais
nous sommes à flux tendus ». Même
réponse côté hospitalisation privée :
pour l’instant, l’approvisionnement
est tendu mais le système tient. Ce
qui ne signifie pas qu’il en sera tou-
jours ainsi. Car les tensions vont
s’accroître jusqu’à c e que le pic épidé-
mique soit atteint. Et si cela met trop
de temps, des pénuries sont possi-
bles, reconnait-on côté industriel.


15 fois plus de produits
Car on est dans une situation où les
besoins en produits de réanimation
explosent, particulièrement pour les
curares utilisés pour la relaxation
musculaire « à la fois lors de l’intuba-
tion des patients, et ensuite pour leur
maintien sous assistance respiratoire,
détaille Thierry Chiche, président
d’Elsan, numéro deux de l’hospitali-
sation privée en France (120 établis-
sements). Pour que cette ventilation
soit pleinement efficace, il faut que les
muscles respiratoires soient complè-
tement détendus », précise-t-il.
Or les patients restent beaucoup
plus longtemps en réanimation que
dans les cas habituels. « Au lieu de
trois ou quatre jours, la durée
moyenne est de dix jours, avec des


Hôpital : industriels et médecins coopèrent


pour éviter la pénurie de médicaments


L’approvisionnement des
hôpitaux en produits de
réanimation est très tendu.
Les laboratoires font tourner
les usines à plein régime.
Les médecins économisent.


Au lieu de trois ou quatre jours, la durée moyenne des séjours en réanimation est de dix jours,
avec des patients qui peuvent rester jusqu’à trois semaines. Photo Ugo Amez/Sipa

L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE MIXTE DE BOUYGUESSETIENDRA


LE JEUDI 23AVRIL 2020 À 15 H 30.


Exceptionnellement, dansle cadredesmesuresprisespour limiter le risque
de propagation duCOVID-19,l’assemblée générale se tiendra
sans la présence physique desactionnaires.

L’ assemblée générale seradiffusée sur le siteinternet
http://www.bouygues.com.

LESACTIONNAIRESSONTINVITÉSÀVOTERÀDISTANCE OU
ÀDONNER PROCURATIONAUPRÉSIDENT.

L’ avis deconvocationest publiécejourauBALO(Bulletindes AnnoncesLégales Obligatoires).
Il contient l’ordredujourdel’assemblée etdécrit lesmodalités de participationetdevoteà
l’assembléeetd’exercicedesdroitsdes actionnaires.
Tous lesdocuments et informationsrelatifsàl’assembléegénérale ainsique les formulaires de
voteparcorrespondanceouparprocurationsontenlignesur le siteinternet de la société :

http://www.bouygues.com
dans la rubriqueFinance/Actionnairesindividuels/Assembléegénérale.

Tout actionnairepeutdemander parmailàl’adresse suivante:[email protected]’envoi
àl’adressemail indiquéepar sessoins, desdocuments etrenseignementsmentionnésaux
articlesR.225-81 etR.225-83 duCodedecommerce.

CONVOCATION À
L’ASSEMBLÉE
GÉNÉRALE MIXTE
DE BOUYGUES

Devant latourAltoàParis-La Défense–Architecte:IF Architectes
Crédits photo:ThomasFrancius/NabilBilay/Shutterstock Custom

http://www.bouygues.com

@GroupeBouygues

RelationsInvestisseurs:[email protected]
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