Les Echos - 04.03.2020

(Darren Dugan) #1
dans le monde, les investissements
vers ce type d’entreprise pleuvent.
The Collective, au Royaume-Uni, a
créé un fonds dédié d ans l e co-living
(750 millions d’euros). Tandis que
Hmlet, à Singapour, est soutenu par
Sequoia, le fonds star de la Silicon
Valley, et va o uvrir 10.000 chambres
au Japon dans les trois prochaines
années.

50 projets en 2020
Un engouement planétaire dont
profite Colonies, qui compte déjà
6 résidences ouvertes, dont 4 en Ile-
de-France et 2 à Berlin : « Nous pré-
voyons d’ouvrir une cinquantaine de
nouveaux projets dans l’année, et ce
n’est que le début », explique Alexan-
dre Martin, PDG de Colonies. Loin
des standards de la tech, l’entrepre-
neur assure que ses lieux ont trouvé
leur point d’équilibre financier, et
que cette levée de fonds vient en ren-
fort d’une accélération de projets
qu’il va falloir accompagner : « LBO
France devient notre partenaire pour
les petites résidences, de moins de
1.000 mètres carrés, et nous allons
avoir besoin de recruter 40 personnes
dans le courant de l’année et doubler
ainsi notre équipe. »

Pour œuvrer et donc assurer son
développement économique, Colo-
nies doit trouver des bâtiments et
convaincre ses propriétaires, ainsi
que les villes, du bien-fondé de son
activité. « La relation entre les pro-
priétaires et les usagers est de plus en
plus intermédié par des acteurs inno-
vants qui répondent mieux aux
besoins, analyse Robin Rivaton, pré-
sident de l’association Real Estech.
Le co-living apporte une réponse à la
solitude dans les grandes villes et les
usagers acceptent de payer un sur-
loyer contre c es services, quitte à sacri-
fier q uelques mètres carrés privatifs. »
La partie services, chez Colonies,
reste à développer. En dehors de la
salle de sport et de la laverie tradi-
tionnelle, de nouvelles idées seront
testées dans les mois et années à

venir : « Pour proposer de nouveaux
services, il faut atteindre une taille cri-
tique », prévient pour le moment
Alexandre Martin.

Un marché à prendre
Si la taille du marché, dans un
contexte de pression urbaine d e plus
en plus forte, ne fait que s’étendre, les
acteurs traditionnels ne restent pas
les bras ballants. Vinci Immobilier a
lancé sa propre marque, Bikube,
tandis que le groupe Keys Asset
Management a acquis à Bordeaux
un bâtiment où sera déployé le con-
cept Quartus Coliving. Ce qui
n’inquiète pas l’e ntrepreneur : « La
profondeur de marché est gigantes-
que et la population commence tout
juste à être éduquée à ce format. »
C’est finalement sur le stock des bâti-

ments disponibles que la bataille
s’annonce la plus âpre. « La demande
y est structurellement bien plus
importante que l’offre », avoue
Alexandre Martin, conscient du
challenge. Après avoir remporté des
marchés appelant à l’innovation, il
va devoir désormais batailler contre
un nombre d’acteurs croissant.
Le nombre de start-up évoluant
sur ce marché n’est pas encore quan-
tifié, mais il est lui aussi en hausse.
Pour le moment, aucun de ces
acteurs n’a pris une position suffi-
samment forte pour le consolider,
mais cela devrait naturellement
arriver. Et, contrairement au co-
working, dont l’espace avait été cro-
qué par WeWork, aucune entre-
prise n’a pour le moment émergé de
la meute.n

Guillaume Bregeras
@gbregeras


Le « co-living », nouvelle marotte
des investisseurs? C’est ce que l’on
serait tenté de croire face au nou-
veau financement de Colonies, la
start-up tricolore la plus en vue du
secteur : 30 millions d’euros en
equity complétés par un engage-
ment de 150 millions de la part de
LBO France pour acquérir des
biens gérés à l’avenir par la jeune
pousse fondée en 2017. Partout


LOGEMENT


La jeune pousse
tricolore vient de
boucler un nouveau
financement incluant
une levée de fonds de
30 millions d’euros.


LBO France s’engage
à hauteur de 150 mil-
lions pour acquérir
des biens que la
start-up gérera.


Colonies veut


imposer


son modèle


dans le co-living


Pour Alexandre Martin, PDG de Colonies, « la profondeur de marché est gigantesque et la population commence tout juste
à être éduquée à ce format ». Photo DR

Bruno Askenazi
@brunoaskenazi


Le futur du jeu vidéo, un marché
mondial estimé à 120 milliards de
dollars, passe par la réalité virtuelle
ou l a réalité augmentée. Chez s oi ou
en salle de jeux, l’expérience « en
immersion » deviendra bientôt
courante. C’e st dans cette tendance
que s’inscrit Arcadeo, une start-up
savoyarde qui a mis au point le pre-
mier fauteuil d e gaming c onnecté.
Doté de la technologie haptique, le
produit permet aux joueurs de res-
sentir toutes les actions de leurs
jeux v idéo comme s’ils étaient dans
la peau des personnages.
Grâce à l’application mobile, on
peut régler l’intensité des sensa-
tions ressenties, notamment. Le
fauteuil au design futuriste s’est fait
remarquer lors du dernier Salon
CES de Las Vegas en remportant
deux « Innovation Awards ».


Préserver la propriété
industrielle
Au x manettes du projet, on trouve
« cinq passionnés de jeux vidéo »,
assure Aline Buscemi Lachenal,
directrice générale de la start-up,
associée à son mari Guillaume
Lachenal, deux ingénieurs et un
designer. Guillaume Lachenal n’est
pas un inconnu du monde des affai-
res : entrepreneur expérimenté, il
préside Miliboo, un éditeur d e meu-
bles qu’il a fondé en 2005 (près de
18,5 millions d’euros de chiffre


GAMING


La start-up a mis deux
ans pour créer son
fauteuil connecté.


Après un test
concluant au CES 2020,
elle espère commer-
cialiser le produit
pour la fin de l’année.


3,23 milliards
de dollars pour
la Cannabistech
FINANCEMENT Le business
autour du c annabis s’e nflamme
aux Etats-Unis. Le total des
fonds levés en 2019 a augmenté
de 20 % par rapport à l’année
précédente pour atteindre
3,23 milliards de dollars, selon
CB Insights. 450 opérations ont
été nécessaires pour établir ce
nouveau record, dont quelques
mégalevées comme Pax et ses
vaporettes connectées
(420 millions de dollars), ou la
biotech Ginkgo BioWorks
(290 millions). Le secteur attise
la convoitise et les opérations de
M&A se sont multipliées
en 2019 avec 324 opérations et
46 introductions e n Bourse. Les
portes d’entrées sont multiples
pour ce marché : aux côtés des
marques et biotechs, on
retrouve aussi des producteurs
de LED spécifiques (Illumitex),
ainsi que des places de marché
(LeafLink).

en microns


Mooncard monte
en gamme

SERVICES La fintech trico-
lore lance un nouveau service
réservé à ses clients premium.
Avec « Mooncard X », elle leur
permet d’accéder à un assis-
tant personnel chargé de
s’occuper de leurs tâches
administratives. Cela com-
prend notamment une agence
de voyage dédiée, la possibi-
lité de réserver un espace de
coworking, ou une voiture,
ainsi que de trouver une baby-
sitter en urgence. Le coût de ce
service accessible 24 heures
sur 24 et 7 jours sur 7 est de
50 euros mensuels. Réservée
aux entreprises, Mooncard
revendique 2000 sociétés
dont Air France et Vinci. La
start-up parisienne avait levé
5 millions d’euros il y a un an.

Le fauteuil connecté


d’Arcadeo veut être prêt


pour Noël 2020


d’affaires en 2018). Pendant p resque
deux ans, l’équipe a travaillé au
développement du fauteuil jusqu’à
la création d’un prototype abouti.
Les composants viennent de trois
usines asiatiques spécialisées. Mais
tout e st assemblé dans les l ocaux de
l’entreprise près d’Annecy (74) pour
ne pas dévoiler l’ensemble du pro-
duit. Lequel pourrait inspirer la
concurrence asiatique, très active
dans l’univers du gaming. Le fau-
teuil devrait bientôt être protégé
par un brevet, en cours de dépôt.

Levée de fonds en vue
Au CES américain, Arcadeo a
recueilli de précieux retours d’utili-
sateurs. En quatre jours, environ
300 personnes ont testé le fauteuil
avant d’être invitées à remplir un
questionnaire pour juger le produit
en termes de confort, d’expérience
et de positionnement prix
(849 euros TTC). Globalement, la
start-up a été confortée dans tous
ses choix de conception. Mais elle a
aussi noté que le prix risquait de
refroidir une partie de la clientèle
potentielle. « Ce qui nous a amenés à
réfléchir à la création d’une autre ver-
sion plus accessible f inancièrement »,
ajoute Aline Buscemi Lachenal.
Jusqu’à p résent, l a jeune pousse a
financé son développement R&D
sur fonds propres. Un budget con-
séquent de « plusieurs dizaines de
milliers d’euros ». Mais pour enta-
mer l’industrialisation et la com-
mercialisation, la start-up a décidé
de faire appel à des capitaux exté-
rieurs. « Entre 1 à 2 millions
d’euros », c’est le montant qu’elle
s’est fixé pour sa première levée de
fonds. Des investisseurs auraient
déjà manifesté leur intérêt. De
même que des distributeurs, Arca-
deo prévoyant de réaliser ses ventes
en majorité dans les magasins
physiques. L’o bjectif est de propo-
ser le fauteuil connecté au grand
public l’automne prochain, un peu
avant les fêtes.n

Les chiffres clés


40

MILLIARDS D’EUROS
Ce que pourraient injecter
les investisseurs dans
le secteur du logement orga-
nisé tel que le co-living
en Europe, selon JLL.

23.000
LITS
de co-living seraient disponi-
bles en Europe, dont 60 %
sont devenus opérationnels
lors des 24 derniers mois.

START-UP


Mercredi 4 mars 2020Les Echos

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