Les Echos - 04.03.2020

(Darren Dugan) #1

Les Echos Mercredi 4 mars 2020 FINANCE & MARCHES// 31


PORTRAIT


par Julie Le Bolzer
@JulieLeBolzer


Jean-Marc


Ollagnier,


consultant en chef


chez Accenture


Après Davos, où l’urgence climatique a nourri la polé-
mique, Jean-Marc Ollagnier ne manquera pas de se ren-
dre à Glasgow, pour la COP26 cet automne. Car
l’homme, qui prend ce lundi ses fonctions de directeur
général d’Accenture en Europe, affirme, de longue date,
que les entreprises ont un rôle à jouer quant au climat.
Il a été marqué, en 2014, par sa rencontre avec Ban Ki-
moon, alors secrétaire général des Nations unies, qui a
été l’un des p remiers à prôner l a mobilisation du secteur
privé contre les bouleversements climatiques. A l’épo-
que, Jean-Marc Ollagnier était le directeur général
monde « resources », à savoir de l’activité énergie du
géant du conseil et des technologies, qui emploie
505.000 employés dans plus de 120 pays.


Stagiaire en 1984
Six ans plus tard, à 58 ans, ce Lyonnais, qui siège
depuis 2011 au comité exécutif monde d’Accenture,
aborde sereinement ses nouvelles responsabilités.
Affable et souriant, il ferait presque oublier qu’il prend
la tête d’une activité pesant près de 15 milliards de dol-
lars de chiffre d’affaires, sur 43, 2 milliards dans le
monde. « L’Europe représente un quart du PIB mondial
et un vivier de talents et d’entreprises qui sont des leaders
mondiaux, résume-t-il. Ces cinq dernières années,
Accenture a procédé à près d’une cinquantaine d’acqui-
sitions en Europe (dont Octo Technology, Arismore,
Altima, Cirruseo, Sutter Mills et Silveo, en France,
NDLR). Il n’y a aucune raison pour que nous cessions
d’investir », précise le nouveau patron européen.
Mais que de chemin parcouru depuis ses premiers
pas chez Accenture comme stagiaire en 1984! Les
smartphone, tablette, ordinateur et système de visio-
conférence qui parsèment son bureau évoquent son
passé d’ingénieur diplômé de Télécom Paris. Rompu
aux codes des jeunes geeks, il sait que le tsunami
numérique n’a pas fini de bouleverser les organisa-


tions mais reste posé. « A mon sens, il n’y a pas d’inquié-
tude à avoir quant à un supposé remplacement de
l’homme par la machine. En revanche, l’innovation
technologique va s’accélérer et il va falloir s’adapter en
permanence », juge ce fils d’un pneumologue et d’une
médecin généraliste.

« C’est un ami fidèle »
Lui-même est père de quatre enfants et déplore, au
passage, que ses trois garçons et sa fille soient tous
devenus ingénieurs, alors que leur mère est artiste
peintre. « Il aime la vie, le vin, les belles choses. Et, mal-
gré ses responsabilités, Jean-Marc considère l’équilibre
entre vie personnelle et vie professionnelle comme une
priorité », observe Gabrielle Gauthey, amie de vingt-
cinq ans, ancienne directrice des investissements et
du développement local de la Caisse des Dépôts et
Consignations, récemment nommée chez Total.
« C’est un ami fidèle », poursuit-elle.
Fidèle, il l’a été aussi chez Accenture, y enchaînant
presque tous les postes : consultant, manager, chef de
projet, responsable de client, d’industrie, de pays...
vivant, au passage, les étapes stratégiques et aussi les
secousses de l’entreprise : la séparation avec Arthur
Andersen en 1989, l’entrée en Bourse en 2001, l’évolu-
tion du modeste cabinet en mastodonte mondial...
De quoi avoir besoin de se ressourcer auprès des
siens. Et de raconter, les yeux étincelants, les escapa-
des à vélo avec ses enfants. « Quand ils m’ont proposé
de participer au Paris-Roubaix et aux Bosses de Pro-
vence, j’ai dit d’accord. Mais l’étape de montagne du
Tour de France, avec 3.500 mètres de dénivelé, c’est
non », conclut le dirigeant, qui, malgré son titre, pré-
fère toujours la petite reine à la voiture avec chauf-
feur pour se rendre au bureau.n

DR

tés cotées dans le monde, a parti-
cipé à 11.518 assemblées généra-
les de sociétés et a voté
116.777 résolutions. S’il a
approuvé 95 % des résolutions
soumises par les conseils d’admi-
nistration, dans 30 % des assem-
blées générales, il en a rejeté au
moins une. En 2018, ce taux
d’opposition était moindre, à
27,8 %. A l’AG d’Alphabet (Goo-
gle), qui représente l’une des
grosses positions de son porte-
feuille, le fonds s’est montré par-
ticulièrement contestataire. Il a
voté contre 8 résolutions au total.

Refus du cumul
des mandats
Le fonds s’e st fixé de grands prin-
cipes de gouvernance, dont il ne
déroge jamais. Par exemple, il
refuse systématiquement qu’un
directeur général soit aussi prési-
dent du conseil d’administration
car, dans ce cas, la direction n’est
soumise à aucun contrôle. Dans
659 cas, il s’est exprimé contre la
nomination ou le renouvelle-

ment d’un PDG. Il s’est ainsi
opposé au PDG de Pfizer, de Walt
Disney, d’AT&T, de JP Morgan,
de Merck o u encore Cisco. Or, aux
Etats-Unis, cette unicité des fonc-
tions est particulièrement répan-
due. Un tiers des entreprises de
l’indice Russell 3000 ont à leur
tête un D G qui est aussi président
du conseil.
Les membres du conseil d’admi-
nistration ne doivent pas cumuler
trop de mandat. Sinon, ils man-
quent de disponibilité. Le fonds a
donc voté contre le renouvellement
ou la nomination de 593 candidats
au total. Chez Nestlé notamment, il
s’est opposé à deux administra-
teurs. Chez Chevron, aussi.
Sur le sujet des rémunérations,
le premier fonds souverain a été
moins sévère que l’an passé. Il n’a
rejeté que 9,5 % des résolutions
sur ce thème, c ontre 1 1,3 % en 2018.
Au c entre des ses préoccupations :
la rémunération doit être structu-
rée d’une manière qui incite le
dirigeant à créer de la valeur sur le
long terme. Il est par conséquent

favorable à des plans de long
terme assis sur des actions de
performance et souhaite que ces
dernières ne puissent être attri-
buées qu’au bout d’un certain
nombre d’années. Il est également
hostile aux pilules empoisonnées,
ces mesures qui permettent aux
sociétés de se protéger en cas
d’offre hostile.

Annoncer ses votes
avant les AG
Le fonds norvégien publie tous ses
votes un jour après les réunions
annuelles, mais se prépare à chan-
ger de stratégie. D’ici à la fin 2020, il
les annoncera avant les assemblées
générales.
En amont des assemblées géné-
rales, le fonds rencontre les
entreprises pour les sensibiliser à
divers risques et problématiques.
Il a notamment parlé à Citi et à
13 autres banques de leurs systè-
mes de lutte contre le blanchi-
ment d’argent après une série de
scandales impliquant des
prêteurs tels que Danske Bank,

Swedbank et ABN Amro. Le fonds
pousse également les entreprises
à avoir une politique en matière de
droits humains et a discuté avec
Amazon des nouveaux principes
du détaillant de commerce élec-
tronique.

ll a aussi abordé avec Toyota et
Volkswagen la question de leur
approvisionnement en cobalt et
avec Hershey, de l’utilisation du tra-
vail des enfants et de la déforesta-
tion dans la chaîne d’approvision-
nement du cacao.n

Le fonds souverain norvégien pousse les entreprises à avoir
Laurence Boisseau une politique en matière de droits humains. Phot o Getty Images
@boisseaul


To us les ans, le fonds souverain
norvégien rend des comptes à ses
actionnaires. Cette année, le
fonds, qui gère 1.100 milliards de
dollars et qui détient en moyenne
au global 1,4 % de toutes les socié-


GOUVERNANCE


Le fonds, connu pour
ses principes éthiques,
a dévoilé les positions
prises lors des
11.500 assemblées
générales auxquelles
il a participé en tant
qu’actionnaire.


Il s’est opposé
aux PDG, a contesté
les pilules empoison-
nées et le cumul
des mandats.


Le f onds souverain norvégien


mène la vie dure à Alphabet


,


Envoyez vos nominations à
[email protected]

carnet


fr


+
Ils sont nés
un 4 mars


  • Claude Abeille, s^ culpteur,
    90 ans.

  • Gérard Aschieri, ancien
    secrétaire général de la FSU,
    68 ans.

  • Andrea Bowen, a^ ctrice,
    30 ans.

  • Alpha Condé, président
    de Guinée, 82 ans.

  • Geneviève Darrieussecq,
    médecin, secrétaire d’Etat
    auprès de la ministre
    des Armées, 64 ans.

  • François-Xavier Deniau,
    diplomate, 65 ans.

  • James Ellroy, écri^ vain,^
    72 ans.

  • François Fillon, ancien
    Premier ministre, 66 ans.

  • Hélène Geoffroy,
    ph ysicienne, ex-secrétaire
    d’Etat auprès du ministre
    de la Ville, de la Jeunesse
    et des Sports, 50 ans.

  • Jacques Julliard,
    journaliste, essayiste, 87 ans.

  • Yves-Marie Le Bourdon-
    nec, artisa n boucher,
    créateur du Couteau d’Argent,
    52 ans.

  • Kazushi Ono, chef
    d’orchestre, 60 ans.

  • Cécile Verdier, présidente
    de Christie’s France, 53 ans.

  • Claire Voisin,
    mathématicienne, 58 ans.

  • Laurent Zylberberg,
    dirigeant au sein de la Caisse
    des Dépôts, chairman
    de l’Association européenne
    des investisseurs de long
    terme, 59 ans.


l
Disparition

Il n’était ni journaliste, ni du
sérail, mais il avait dirigé
« Le Monde ». L’économiste
Jacques Lesourne est mort
samedi. Il avait 91 ans. En 1991,
cet homme de méthode, sorti
major de l’X et passé par les
Mines, était devenu le cinquiè-
me directeur-gérant du
quotidien français, alors en
crise, reprenant, à 62 ans, le
flambeau d’A ndré Fontaine.
Fin 1994, il avait démissionné
au terme d’une gérance « caho-
teuse », surtout coupable aux
yeux des journalistes « de n’être
pas des leurs », écrit Bruno
Frappat, alors directeur de la
rédaction. Si son nom reste lié
au « Monde », cet érudit,
qualifié d’« affable » et d’« indé-
pendant », doté d’une « courtoi-
sie » un brin passée, avait
d’abord mené de front une
carrière de chef d’entreprise et
de chercheur. Né à La Rochelle,
ce bourreau de travail, très dur
envers lui-même, avait fait
ses armes chez Charbonnages
de France avant de fonder la
Société d’économie et de ma-
thématiques appliquée dont il
fut longtemps PDG. L’ancien
élève du prix Nobel Maurice
Allais fut, en outre, dès 1958,
l’un des artisans du calcul
économique en France, et en-
seigna notamment au CNAM.
Auteur prolixe, passionné de
prospective, il présida enfin
« Futuribles ». Et Bruno Frap-
pat de rappeler qu’il y a vingt-
cinq ans déjà, il avait estimé
que « les défis majeurs du
XXIe siècle seraient, sur fond de
géopolitique chahutée, le climat
et la démographie ».


  • L. N’K.


SERVICE ABONNEMENTSLES ECHOS 4,rue deMouchy60438 NoaillesCedex. Tél. :0170376136dulundi auvendredide9hà18h.IMPRESSIONL’Imprimerie (Tremblay-en-France),MidiLibre(Montpellier). TIRAGE DU 03 MARS2020: 79 .671 exemplaires.Origine du papier:Belgique.Taux de fibresrecyclées:100%.
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Ce numérocomporteun3ecahier de12 pages«Les Echos Entreprises&Collectivités »


ENTREPRISES


SANOFI
Olivier Bogillot
devient président de Sanofi
France.

Olivier Bogillot, 44 ans, titulaire
d’un master en économie de la
santé et santé publique, diplômé
en biologie moléculaire et physio-
logie, est docteur en économie.
Devenu directeur des affaires
réservées de l’Agence régionale de
santé d’Ile-de-France en 2009, il a
rejoint, deux ans plus tard, la pré-
sidence de la République fran-
çaise au poste de conseiller pour l a
santé, la dépendance et les politi-
ques sociales. En 2015, il est entré
dans le groupe Sanofi où il a
notamment été directeur exécutif
« global policy ». Depuis 2017, il
était directeur de cabinet du direc-
teur g énéral de Sanofi et c oordina-
teur des activités du comité exécu-
tif. Il siège, par ailleurs, au conseil
d’administration du LEEM depuis
octobre et préside la Fédération
française des industries de santé
(Féfis) depuis décembre.

EDITIS
Jean Spiri
est le nouveau secrétaire
général d’Editis.
A ce titre, il intègre
le comité exécutif
du groupe.

Je an Spiri, 37 ans, ancien élève
de l’ENS, diplômé de Sciences
Po, est titulaire d’un DEA de
géographie. Il a d’abord officié
dans le secteur public au sein de
différents cabinets ministériels
et au CSA avant de rejoindre le
secteur privé comme associé
chez Lysios, puis au poste de
responsable de la stratégie et de
délégué aux relations sociales
du groupe Onepoint.
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