d’égalité ». « Je regrette de ne pas
avoir attaqué au pénal pour discri-
mination. » Gabard vit toujours à
Puteaux et il ne voit pas pourquoi il
irait ailleurs. Pour Francis
Poézévara : « Quand la maire décide
de blacklister quelqu’un, elle fait en
sorte que ça se sache. Comme ça, peu
de gens osent s’engager, ça freine la
liberté d’expression. »
Et quand on a la veine de devenir
conseiller municipal dans l’opposi-
tion – ils sont six sur quarante-
deux –, contribuer à gérer Puteaux
n’est pas toujours de tout repos.
« Tout est fait pour entraver le tra-
vail de l’opposition, raconte
Poézévara. La maire attend le ven-
dredi 23 h 59 pour envoyer les ordres
du jour à l’opposition pour un conseil
qui a lieu le jeudi suivant. Elle res-
pecte pile-poil le délai légal. Mais on
doit prendre connaissance en cinq
jours de plusieurs centaines de pages
très techniques, et c’est quasiment
impossible. » Pour son tout premier
conseil, Poézévara débordait d’en-
thousiasme mais, très vite, il s’est
retrouvé dans un état d’hébétude
prononcé : « J’ai posé une question à
la maire et trente-six personnes se
sont retournées pour m’aboyer
dessus. “Vous tenez des propos éjacu-
latoires”, m’a même lancé un membre
de la majorité. Le plus décourageant,
c’est de ne jamais être entendu. J’ai
listé le nombre de propositions ou de
vœux émis par l’opposition et adop-
tés entre 2014 et 2018 : zéro. J’ai
raconté tout ça sur mon blog fin 2018
et, du coup, il y a eu des progrès.
Maintenant, il y a toujours un vœu
adopté. Mais attention : un, pas
deux. » En septembre, la maire a
accepté une proposition de l’oppo-
sition : la signature de l’appel natio-
nal « Nous voulons des coquelicots »
pour l’interdiction des pesticides.
En revanche, la prohibition des pes-
ticides à Puteaux même a été reto-
quée. Parce que un, pas deux.
Un conseil municipal peut donc
s’avérer éprouvant. Du moins, si l’on
réussit à y participer : Grébert s’en
est parfois fait expulser, voire n’a
pas pu y accéder tout court. Et
quand il met un pied à la mairie, il
peut même prendre des coups. Ce
n’est pas tout. « J’énervais tellement
Charles Ceccaldi que, un beau jour, il
a décidé de préempter l’appartement
voisin du mien. Pour pouvoir me sur-
veiller, j’imagine. Le type qui était
chargé des basses œuvres, c’était
Emmanuel Canto, qui travaillait à la
direction de l’urbanisme de Puteaux.
Vous devriez le contacter, il est tou-
jours dans les parages. » On a donc
donné rendez-vous à Emmanuel
Canto. On a du mal à imaginer
Canto installer des micros ou quoi
que ce soit dans ce genre parce qu’il
a une bouille toute ronde, un sou-
rire à l’avenant, et qu’il ressemble à
François Hollande en blond. Même
s’il nous confirme sans souci cette
histoire d’appartement, il a quand
même bien changé. Cette année, il
se présente aux municipales, mais
sur la liste LRM. Il s’est fâché avec la
maire il y a quelques années. Elle
s’était persuadée qu’il filait des infos
à l’opposition. Il est parti travailler à
la mairie de Rueil-Malmaison.
Heureusement, il se souvient de
quelques-unes de ses missions
quand il vivait le « ceccaldisme » de
l’intérieur. « Par exemple, avant sa
permanence municipale, on prépa-
rait au maire des fiches. On rangeait
les demandes d’entrevue en fonction
des Putéoliens inscrits ou non ins-
crits sur les listes électorales. Charles
n’accordait jamais de séance à un
non-inscrit. Il m’a aussi fait acheter
un immeuble à Gennevilliers pour
loger les agents de la voirie qui
étaient noirs. Il ne voulait surtout
pas qu’ils habitent à Puteaux. »
Canto pense être le rival le plus
« dangereux » pour la maire. En
attendant, c’est surtout l’arroseur
arrosé : « La maire a voulu préemp-
ter mon appart de 50 mètres carrés,
pour m’empêcher de résider à
Puteaux et que je ne puisse pas me
présenter. Il y a quelques mois, à la
fête des associations, j’ai discuté
avec une adjointe municipale. Juste
après, bizarrement, elle démission-
nait pour raisons personnelles. Les
agents de la mairie ont pour consigne
de ne pas me saluer. Ce sont toutes
ces petites mesquineries qui font pen-
ser à un déni démocratique. Vous
savez, j’ai aussi fait les campagnes
des Balkany. Ici, je peux vous dire,
c’est pire qu’à Levallois. Moins
violent mais plus retors. Balkany
payait des tournées générales avec
des gros biftons, il se démerdait avec
les impôts mais, au moins, il respec-
tait l’opposition. Je définirais le “cec-
caldisme” ainsi : pratiques clienté-
listes et autoritaires avec pratiques
d’intimidation classiques. »
Le clientélisme? Un mécanisme
assez féodal qui consiste à attribuer
des privilèges à un électeur en
échange de son vote. Mais comme l’a
dit un jour la maire : « Ce n’est pas du
clientélisme quand c’est pour