6 u Libération Vendredi^13 Mars 2020
«M
aintenant, c’est une tout autre
mayonnaise.» Cette réflexion
d’un haut dirigeant d’Air France
joint jeudi après-midi en dit long sur la décep-
tion au sein de la compagnie nationale, après
la décision du président américain, Donald
Trump, d’interdire les vols en provenance
d’Europe continentale. Jusqu’à présent, le
transporteur français faisait le gros dos face
aux conséquences de la crise sanitaire qui
secoue la planète. Plus de vols vers la Chine
depuis le mois de janvier, plus de vol vers l’Ita-
lie entre le 14 mars et (pour l’instant) le 3 avril.
Au total, pas moins de 3 600 liaisons annulées
ce mois-ci et des pertes qui devraient se
compter en centaines de millions d’euros,
selon l’entreprise elle-même.
Chômage partiel
Désormais, les difficultés auxquelles doivent
faire face Air France et les autres compagnies
françaises qui desservent les Etats-Unis (Cor-
sair, Air Tahiti Nui) sont d’une tout autre na-
ture. Le marché nord-américain est un mât de
cocagne pour les compagnies aériennes. Pas
moins de 1,7 million de Français se rendent
chaque année outre-Atlantique, sans compter
les passagers venus d’autres Etats et qui
transitent par l’aéroport Roissy-Charles-de-
Gaulle. Au total et selon la Direction générale
de l’aviation civile (DGAC), 9,4 millions de
voyageurs ont décollé l’an dernier d’un aéro-
port français à destination des Etats-Unis.
Par
Franck Bouaziz
Les guichets Air France de l’aéroport JFK de New York, jeudi. Photo Kena Betancur. AFP
Le transport aérien
fauché en plein vol
Des milliers de liaisons ont été annulées depuis le début
de la crise sanitaire, phénomène amplifié jeudi
par la décision de Donald Trump de suspendre l’entrée
des voyageurs en provenance d’Europe. Conséquence :
les compagnies font face à d’importantes pertes en Bourse.
Événement économie