Les Echos - 13.03.2020

(sharon) #1

20 // ENTREPRISES Vendredi 13 et samedi 14 mars 2020 Les Echos


Demainchez votremarchand
de journaux,

votrehebdomadaire

L’ÉCONOMIE ÀL’ARRÊT,


PANIQUE EN BOURSE


COMMENCERÀACHETER


rassemblements de plus de 1.
individus ayant été interdits, des
systèmes de comptage seront mis
en place à l’entrée des salles de
spectacles et des restaurants, afin
de limiter l’affluence.

Stocks de gel désinfectant
« Nous avons constitué des stocks de
gel hydroalcoolique très impor-
tants », ajoute le dirigeant. Une
équipe médicale est présente,
« spécifiquement formée pour être
en mesure de faire face à une crise ».
« Nous maintenons un dialogue
constant avec l’Etat. S’il nous
demande de prendre des mesures
supplémentaires, il est évident que
nous les appliquerons pour préser-
ver la santé des visiteurs et de nos
équipes », assure-t-il.
Pour l’heure, le Puy-du-Fou n’a
« pas enregistré de baisse de ses
réservations. Mais nous sommes
conscients qu’elles risquent de fai-
blir », indique-t-il. « Nous avons
tout de même subi quelques reports
pour des événements d’entreprise
[le parc accueille aussi des congrès
et séminaires, NDLR] et pour des
groupes scolaires », précise le direc-
teur général du parc, Laurent
Albert. Même constat au Futuros-
cope où « 5.000 personnes en
voyage scolaire ont annulé leur
réservation depuis une quinzaine de
jours » sur un total annuel de
1,9 million de visiteurs
dont 145.000 venus des écoles. Le
parc de Poitiers, qui a rouvert le
8 février, a renforcé le nettoyage
des lunettes 3D et des casques de
réalité virtuelle utilisés dans ses
attractions. Les toilettes sont, en
outre, lavées plus régulièrement, et
tous les savons y ont été remplacés
par du désinfectant.
Le coronavirus constitue « un
coup dur, mais nous attendons un
rebond de la fréquentation après
l’épidémie », veut croire Laurent
Albert. En attendant, le Puy du Fou
multiplie les investissements et
inaugurera, lors de la saison qui
arrive, un spectacle, « Les Noces de
feu », un hôtel, Le Grand Siècle, et
un Palais des Congrès. Le redé-
marrage sera sans doute plus
rapide pour le parc vendéen, le
Futuroscope ou le Parc Astérix,
dont la clientèle est en majorité
française, qu’à Disneyland Paris,
qui accueille pour plus de moitié
des visiteurs étrangers.n

Elsa Dicharry
@dicharry_e

Plus de grandes parades ou de
shows « Star Wars » ou « Reine
des Neiges », un nombre de spec-
tateurs limité dans les théâtres,
des files d’attente réduites pour les
différentes attractions... Disney-
land Paris a mis en place des
mesures, jeudi, pour faire face à la
pandémie de coronavirus e t au ris-
que de contagion de la maladie, en
attendant d’éventuelles nouvelles
consignes gouvernementales.
« Nous sommes en contact perma-
nent avec les autorités françaises et,
en conformité avec leurs instruc-
tions, nous avons temporairement
aménagé certaines de nos expérien-
ces et opérations », indique sur son
site la première destination touris-
tique en Europe, avec environ
15 millions de visiteurs par an.
Les « fréquences de nettoyage et
de désinfection des zones accessibles
aux v isiteurs » avaient déjà été aug-
mentées et des points de distribu-
tion de gel hydroalcoolique ajou-
tés « dans les parcs, hôtels, coulisses
et bureaux » du site de Seine-et-
Marne. Les clients qui ne seraient
pas convaincus par ces mesures
ont désormais la possibilité de
reporter ou d’annuler sans frais
leur réservation dans un hôtel
Disney, pour une arrivée prévue
jusqu’au 1er juin.

Trois employés infectés
Trois employés de Disneyland
Paris – appartenant tous à la
même équipe de maintenance,
travaillant de nuit – ont contracté
le Covid-19. Cette équipe « n’est pas
en contact avec le public », a immé-
diatement rassuré la direction du
complexe, qui emploie 17.000 per-
sonnes. Une enquête sanitaire a
été lancée par l’Agence régionale
de la santé d’Ile-de-France.
Au Puy du Fou, en Vendée,
deuxième parc de loisirs le plus
fréquenté de France, l’ouverture
annuelle n’est prévue que le 4 avril
tout comme au parc Astérix.
« Nous avons le temps, d’ici là, de
prendre toutes les mesures néces-
saires à la sérénité des visiteurs », a
indique Nicolas de Villiers, son
président, conscient que la situa-
tion « peut évoluer de jour en jour ».
« Notre site est vaste – 150 hectares –,
et à ciel ouvert », rappelle-t-il. Il
s’agira de gérer au mieux les flux
de visiteurs et de limiter les files
d’attente, pour que « le moins de
personnes possible s e croisent ». Les

Annulation de spectacles,
limitation des files
d’attente, multiplication
des fréquences de
nettoyage... Les parcs
de loisirs français ont pris
des dispositions face au
coronavirus, en attendant
de nouvelles consignes
du gouvernement.

Les parcs de loisirs


s’organisent


Les ventes de pâtes ont grimpé de plus de 20 % la semaine dernière. Photo Sipa


Martine Robert
@martiRD


L’air pur en altitude n’aura pas suffi
à rassurer les autorités décisionnai-
res : deux festivals en montagne
très attendus, Tomorrowland Win-
ter et Rock The Pistes, ont été annu-
lés coup sur coup à cause du coro-
navirus, suivis de Radiomeuh
Circus Festival. D’autres subiront le
même sort tant ces événements,
plébiscités par les touristes, se sont
multipliés.
Déclinaison hivernale du festival
de musique électronique belge qui,
en moins d’une heure, écoule sur
Internet ses 400.000 places pour sa
version estivale, Tomorrowland
Winter devait réunir du 14 au
21 mars à l’Alpe d’Huez 25.000 festi-
valiers, logés également dans les
communes voisines. La diversité
des nationalités attirées (113), avec
60 % de touristes internationaux, a
eu raison de ce festival qui attire les
meilleurs DJ de la planète.
Pas simple pour l’organisateur
belge TML qui a vendu des packa-


d’affiche comme The Stranglers,
Skip The Use, IaM. Mais, dès le
28 f évrier, coup dur : la Suisse a nnu-
lait les rassemblements de plus
de 1.000 personnes.
« Comme le festival est gratuit,
nous n’avons pas de problème de
remboursement. Au contraire, on
est en période creuse, donc il s’agit
de doper la fréquentation par une
offre promotionnelle : un pass ski-
concert acheté à 57 euros donne
droit à un pass offert », précise
Benoît Cloirec, coordinateur de
l’Association des portes du Soleil.
Aux touristes déçus, il propose
une compensation : la possibilité
de reporter leur pass jusqu’au
26 avril.

Une clientèle aisée
et rajeunie
Un geste commercial car la finalité
est bien de séduire un large public.
« L’engouement pour les semaines à
thème est une tendance forte. Le ski
est indispensable mais pas suffisant :
Il faut mettre la montagne en scène
maintenant. Et ce type d’offre séduit
une clientèle plus aisée et internatio-
nale, de tous les âges », observe
François Badjily, qui organise aussi
le Festival international du film de
comédie : la 23e édition en janvier a
capté 20.000 cinéphiles et remplit
tous les lits de la station. « Et comme
les films sont présentés en a vant-pre-
mière ici, à chacune de leur sortie en

salle, on reparle de l’Alpe d’Huez »,
se réjouit-il.
« On a été pionnier car on était
convaincu que les amateurs de ski
devaient l’être aussi de festivals ; et
comme notre clientèle vieillissait,
cela a permis de la rajeunir. Depuis,
on a été beaucoup imités! » renché-
rit Benoît Cloirec. Les musiques
actuelles gagnent la montagne de
janvier – avec l’Outdoormix Winter
Festival de Vars – à fin avril – avec le
Live in Tignes by Francofolies – et,
entre-temps, Radiomeuh Circus
Festival à la Clusaz, Snowboxx
Festival Avoriaz, le Chambery
Pharaonic, The Unlimited Festival
Chamonix...
Autant de manifestations
portées, dans des proportions
variables, à la fois par des acteurs
publics et privés. Pour Rock The
Pistes, le budget de 1 million est lar-
gement financé par les remontées
mécaniques et le sponsoring. Celui
de Tomorrowland atteint 10 mil-
lions, essentiellement injectés par
TML, à hauteur de 9 millions, le
reste par la mairie, l’office de tou-
risme et la société de remontées
mécaniques. A en croire les sta-
tions, les retombées en valent la
chandelle. « Nous avons même des
investisseurs étrangers qui nous
contactent à la recherche de terrains
disponibles pour y construire des
hôtels ou des résidences! » se félicite
François Badjily.n

Musique et ski : un cocktail festif dilué par le virus


De plus en plus de stations
d’altitude ont lancé avec
succès leur festival, pour
diversifier et internationali-
ser leur clientèle. Mais
le Covid-19 a déjà sonné
le glas de Tomorrowland
Winter et Rock the Pistes.


Philippe Bertrand
@Bertra1Philippe


L’union sacrée. Les frères ennemis
de l’alimentaire enterrent la hache
de guerre face au coronavirus.
L’Association nationale des indus-
tries alimentaires (Ania), la Coopé-
ration agricole, la FNSEA (principal
syndicat agricole) et la Fédération
du commerce et de la distribution
« unissent leurs forces pour prendre


toutes les dispositions permettant à
la filière alimentaire de fonctionner
de manière optimum ».
Devant la pandémie, l’agressivité
des négociations commerciales qui
viennent de s’achever n’est plus de
mise. De la fourche à la fourchette,
l’agroalimentaire français promet
de nourrir la population. « Nous,
acteurs responsables et unis de l’ali-
mentation des Français, agricul-
teurs, éleveurs, coopératives, entre-
prises alimentaires et distributeurs,
nous nous mobilisons pour conti-
nuer à fournir aux Français les pro-
duits alimentaires nécessaires, dans
le contexte de crise du coronavirus
qui impacte aussi notre secteur »,
écrivent les professionnels dans un
communiqué publié mercredi.

Plus de repas à domicile
La pénurie n’est pas à l’ordre du
jour. Le coronavirus vide les rayons
des supermarchés mais pas leurs
stocks, qui sont alimentés par les
industriels. Nielsen a confirmé la
poursuite des achats de précaution
la semaine du 2 au 8 mars. Les ven-
tes d’épicerie — le rayon des pâtes
et du riz — ont bondi de 21 %, celles

des produits de toilette et d’hygiène
de 12 % et les surgelés de 9,4 %. Sur
l’ensemble du périmètre des pro-
duits de consommation, la hausse
s’est élevée à 5,6 %, soit 0,6 point
de plus seulement que la semaine
précédente.
Les consommateurs s’inquiètent
mais la distribution ne panique
pas. Dominique S chelcher, le
patron de Système U, a déclaré sur
RTL que les entrepôts de son ensei-
gne contenaient l’équivalent d e plus
de 1 mois de consommation de
pâtes. Chez l’un des leaders du
marché, on estime pouvoir tenir
sans problème jusqu’en juin. Les
fournisseurs assurent les livrai-
sons. Sur RMC, Michel-Edouard
Leclerc a pointé l’impact des confi-
nements e t du télétravail : les ména-
ges concernés achètent plus car ils
sortiront moins et prendront plus
de repas à domicile.
Pour tenir le choc, la filière ali-
mentaire a décrété quelques bon-
nes pratiques. Les promotions qui
proposent de gros volumes de pro-
duits à un prix cassé s eront limitées.
Les distributeurs ne veulent pas
pousser au crime du surstockage.

L’Ania a demandé à ses adhérents
de se concentrer sur la fabrication
de produits de première nécessité,
les 20 % qui font 80 % du volume.

Mesure d’hygiène
La priorité reste la solidité de la
chaîne logistique qui relie les entre-
pôts aux magasins. Il ne faudrait
pas manquer de chauffeurs de
camion à cause des quarantaines.
Fort de son statut de secteur écono-
mique prioritaire, l’industrie ali-
mentaire compte sur l’accès aux
masques pour p rotéger son person-
nel. L es mesures d ’hygiène s ont affi-
chées. Monoprix indique, par
exemple, que les rayonnages sont
nettoyés toutes les trois heures. Les
clients se demandent s’ils peuvent
mettre les mains sur la barre des
chariots. Il faut les rassurer. Les
supermarchés sont sûrs de rester
ouverts comme en Italie ou en
Chine où Auchan indique que
seuls une dizaine de ses près de
500 hypermarchés ont fermé leurs
portes au plus fort de la crise. Les
professionnels souhaitent éviter
le rationnement qui alimenterait
la panique.n

ALIMENTATION


Des agriculteurs
aux supermarchés
en passant par
les industriels,
les professionnels
de l’alimentation
taisent leurs querelles
face à la crise.


Ils sont confiants dans
leur capacité à nourrir
la population dans les
semaines qui viennent.


La filière alimentaire se serre les


coudes pour nourrir la France


ges incluant concerts, forfait de
ski et logement. Alors il promet
aux festivaliers qui maintiennent
leur venue à la station des réduc-
tions sur l’édition 2021. Quant à
François Badjily, le directeur de
l’office de tourisme de l’Alpe
d’Huez, il programme quelques
animations musicales avec DJ
pour encourager les hésitants.
« Nous motivons nos clients à venir
car la neige est excellente, les condi-
tions idéales. On sait bien sûr que
nous n’aurons pas les Asiatiques,
les Italiens, les Israéliens... » expli-
que-t-il.

Implanté sur le domaine franco-
suisse des Portes du Soleil, Rock
The Pistes devait, lui, fêter son
10 e anniversaire du 15 au 21 mars,
avec également de 25.000 à
30.000 festivaliers et des têtes

La diversité
des nationalités
attirées (113),
avec 60 % de touristes
internationaux,
a eu raison du festival
Tomorrowland
Winter qui attire
les meilleurs DJ
de la planète.

« La situation
peut évoluer
de jour en jour et
nous maintenons
un dialogue
constant
avec l’Etat. »
NICOLAS DE VILLIERS
Président
du Puy du Fou
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