Coup de Pouce - (11)November 2020

(Comicgek) #1
Hélène Mallette, 64 ans, fond en larmes lorsqu’elle
évoque l’arrivée tragique de sa petite Lili-Jeanne en oc-
tobre 2007. Le cœur du bébé avait cessé de battre à
38 semaines de grossesse. «On le savait avant le jour de
l’accouchement, raconte-t-elle avec émotion, malgré
tout, je ne regrette pas d’avoir été là. Au contraire! J’ai pu
soutenir ma fille et son conjoint.»

À l’invitation de ses filles, Hélène a répété l’expérience
trois fois par la suite et, pour elle, le bilan est clair: «C’est un
grand moment d’intimité, de bonheur et de plénitude.»
Même chose pour Nancy Fortin, 53 ans, qui a assisté aux
deux accouchements de sa fille et à l’un des accouchements
de sa belle-fille. Accompagnante à la naissance depuis
25 ans, elle s’est retrouvée à «porter les deux chapeaux».
«C’est sûr que ça apporte beaucoup à la relation, à la fois
avec notre enfant et notre petit-enfant qu’on voit arriver,
nous confie-t-elle. Je me suis sentie fière et privilégiée.»

Être aux côtés de sa fille ou de sa belle-fille au mo-
ment de l’accouchement, est-ce une bonne idée? Ça
dépend, répond Annick Bourbonnais, présidente de
l’Association québécoise des accompagnantes à la nais-
sance (AQAN). «On peut y voir une belle continuité de
notre rôle de parent, puisqu’il y a une implication émo-
tionnelle et sentimentale, explique-t-elle. Cependant,
tous, y compris l’autre parent, doivent être d’accord avec
cette décision.» Il est également essentiel que le grand-
parent se mette au service de la femme qui accouche. En
ce sens, il faut se préparer en parlant de ses craintes, de
ce qui nous rend mal à l’aise...
Il est important que la grand-mère ou la belle-mère
se soit «libérée» de ses propres expériences d’accouche-
ment... sans quoi, les jugements, le stress ou les attentes
peuvent prendre le dessus. «Par exemple, on a déjà en-
tendu une grand-mère dire qu’elle-même n’avait pas eu
besoin de l’épidurale alors que sa fille était en train
d’accoucher, déclare Émilie Bédard, conseillère en soins
infirmiers à l’unité des naissances de l’hôpital Sainte-
Justine. C’est sûr que cela peut causer des frictions.»
Ce qu’elle recommande? Faire un travail d’intro-
spection: pourquoi veut-on y être? Est-ce par altruisme
ou par pur égoïsme?
Hélène, lors des accouchements de ses filles, avait
comme mots d’ordre: discrétion, calme et douceur. «Ils
étaient dans leur bulle et moi, j’étais présente, mais pas
envahissante», assure-t-elle.

MAUDE GOYER EST MAMAN D’UNE FILLE DE 11 ANS ET D’UN GARÇON
DE 13 ANS. •

J’AI ASSISTÉ À


LA NAISSANCE


DE MES


HÉLÈNE A ASSISTÉ AUX QUATRE
ACCOUCHEMENTS DE SES DEUX
FILLES, DES MOMENTS QU’ELLE
QUALIFIE DE «PUISSANTS ET
MERVEILLEUX». ET MÊME SI L’UN
D’EUX A VIRÉ AU CAUCHEMAR, ELLE
ESTIME QU’IL S’AGIT DU PLUS BEAU
CADEAU JAMAIS REÇU.
Par Maude Goyer | Illustration : Anne Villeneuve/c.

«


Pourquoi veut-on y être?


Est-ce par altruisme


ou par pur égoïsme?
»

petites-filles


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NOVEMBRE 2020
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