de plus en plus appel, au côté des spécialis-
tes des sciences de la terre et de la vie, à
des sociologues-ethnologues, ainsi qu’à des
médiateurs locaux, bons connaisseurs des
deux cultures qui risquent de s’affronter.
L’ingénierie écologique doit faire l’effort d’in-
tégrer une dimension culturelle. C’est en
partie pour cette raison que les élus locaux
et régionaux se sont ainsi sentis plus à l’aise
dans la politique des parcs naturels régio-
naux^3 qu’ils ont eux-mêmes suscitée, que
dans celle des parcs nationaux et des réser-
ves nationales.
Une politique de protection de la nature
menée par des pouvoirs publics sensibles
aux préoccupations d’une société très majo-
ritairement urbaine, relayées par le monde
associatif, ne trouve pas nécessairement un
écho profond chez les élus nationaux. De ce
point de vue, il faut noter que les parlemen-
taires français manifestent en général une
attitude moins favorable que celle du
public^4. A titre d’illustration, pour préciser
les priorités nationales en matière d’environ-
nement, la protection des paysages et la
sauvegarde de la faune et de la flore ne
sont évoquées que par un parlementaire sur
vingt^5. Ceci explique probablement qu’histo-
riquement la politique de protection de la
nature en France est dominée par un dialo-
gue entre l’administration et les associations
de protection de la nature, plus que par une
vision d’ensemble, politiquement cohérente
et volontariste, des élus nationaux.
Quelques difficultés rencontrées
par les politiques de protection de
la nature
Les décideurs publics et les acteurs ruraux
sont généralement mal à l’aise quand l’ap-
proche esthétique intervient dans un proces-
sus de prise de décision. Ils se retranchent
souvent derrière des arguments rationnels
qui dissimulent leur implication affective. On
oublie que les premières politiques de pro-
tection de la nature ont trouvé leurs avocats
dans des amoureux de la beauté des «
monuments naturels ». Certes il convient de
souligner la forte dimension culturelle de
l’esthétique, enracinée dans la diversité des
“ histoires ” et des milieux physiques et
biologiques qui façonnent le regard et l’ex-
périence des hommes, diversité qui fait la
richesse de l’Europe. Dans une même
région, il faut également rappeler la diversité
des opinions, et souvent les appréciations
différentes des univers culturels citadins et
ruraux. Chacun a sa propre vision de ce
qu’est une “ belle nature ”, mais garde en
mémoire ses émotions devant des animaux
ou des plantes, un « coin de nature » ou
un paysage. Derrière l’éthique se cache sou-
vent l’émotion esthétique.
History, cculture aand cconservation
Figure 4.Présence du mouton dans le parc
national des Pyrénées : le citadin ne perçoit
plus tous les efforts qui sont mobilisés pour
maintenir ce mode traditionnel d’exploitation des
alpages d’altitude (Courtoisie Parc National des
Pyrénées)
