Le Point - FRA (2022-01-06)

(EriveltonMoraes) #1
Canada Suède Japon France
Roy.-UniAllemagneMoy. OCDE

Corée
États-Unis

Japon
AllemagneMoy. OCDE

Canada France
Roy.-Uni États-Unis

Corée Suède Japon France
États-Unis

Canada Suède
Allemagne Moy. OCDE

Corée
Source : Pisa. Roy.-Uni

400


430

460


490

400

430

460

490

400

430

460

490

(^520514)
(^506505504504498)
(^493487)
(^527526)
512
(^502502500495)
489
478
529
(^519518)
(^505503502499)
(^493489)
Compréhension de l’écrit
Score des élèves selon
l’étude Pisa 2018, en points
Mathématiques
Score des élèves selon
l’étude Pisa 2018, en points
Sciences
Score des élèves selon
l’étude Pisa 2018, en points
briquer des produits de qualité sus-
ceptibles d’être exportés et de
rivaliser avec la concurrence étran-
gère, difficultés dont les déboires
de Sanofi dans l’élaboration d’un
vaccin contre le Covid-19 ont ap-
porté la preuve humiliante.
Le redressement de nos comptes
publics, dans une situation de dé-
labrement jamais vu en temps de
paix, devrait en théorie s’imposer
comme l’autre grande priorité éco-
nomique du prochain quinquen-
nat. Si tous les pays ont eu recours
à l’emprunt et à l’endettement pour
faire face à la crise actuelle, la France
en a particulièrement abusé. Entre
2019 et 2021, sa dette publique a
progressé de 17,1 points de PIB (de
97,5 % à 114,6 %) quand, dans le
même temps, celle des Pays-Bas
n’augmentait que de 9 points (de
48,5 % à 57,5 %). La pandémie a dé-
finitivement fait basculer la France
du côté des cancres de l’Europe du
Sud et des gestionnaires calami-
teux des deniers publics. Le virus
a même permis à la France de
conforter sa position de leader mon-
dial en matière de dépenses pu-
bliques (60,1 % du PIB en 2021,
contre 52,3 % en Allemagne, 44,2 %
aux États-Unis) ; en contrepartie,
elle détient aussi le record mondial
des prélèvements obligatoires.
Rien n’indique cependant que
le Macron de 2022 ait l’intention,
contrairement à celui de 2017, de
couper dans les dépenses publiques
pour les ramener dans la moyenne
européenne, ou qu’il propose tou-
jours de réduire le nombre de fonc-
tionnaires. Ni que le surendettement
du pays soit un vrai sujet de pré-
occupation pour lui. Sa récente tri-
bune dans le Financial Times,
cosignée avec Mario Draghi, appe-
lant à un assouplissement des
règles budgétaires européennes
pour financer des investissements
écologiques et numériques, laisse
même penser qu’à ses yeux la dette
serait une chance à saisir.
Quant à l’autosatisfaction
du gouvernement en matière
d’emploi, elle ne doit pas occulter
le fait que la France est loin d’en
avoir fini avec ce chômage de masse
qui la plombe depuis des décennies.
Même ramené à 8 %, son taux de-
meure deux fois plus élevé qu’en
Allemagne. En cause, notamment,
la sous-qualification et les faibles
compétences de la main-d’œuvre,
directement liées aux défaillances
de notre système éducatif. Selon
l’enquête internationale PIAAC,
21,6 % des Français en âge de tra-
vailler rencontrent d’importantes
difficultés à l’écrit, contre 15,5 % en
moyenne dans les pays de l’OCDE.
Le candidat Macron promettait
enfin « une société libérée des carcans
et des blocages ». Cinq ans plus tard,
elle semble plus que jamais en être
prisonnière. La France est le seul
pays au monde à appliquer le ré-
gime des 35 heures, celui aussi où
l’on part le plus tôt à la retraite, les
régimes spéciaux restent en place,
les syndicats sont allergiques au
seul mot de « réforme », les réflexes
corporatistes demeurent toujours
aussi vifs, la Cour des comptes
continue de déplorer les gaspil-
lages d’argent public, les nouvelles
normes et réglementations admi-
nistratives s’entassent de façon
kafkaïenne, les « grandes transfor-
mations » et la « révolution démocra-
tique » annoncées se font attendre.
Dans ses vœux aux Français, le
chef de l’État s’est dit « résolument
optimiste pour notre nation, pas sim-
plement pour 2022, mais pour les an-
nées qui viennent ». Ce rassurant
message paraît un brin déplacé au
vu de la situation catastrophique
de nos comptes extérieurs ou en-
core de l’extraordinaire vulnérabi-
lité financière à laquelle nous
expose notre surendettement en
cas de hausse des taux d’intérêt. Les
Français diront dans quelques mois
s’ils jugent qu’Emmanuel Macron
est le mieux placé pour corriger ces
déséquilibres et pour relever les gi-
gantesques défis économiques aux-
quels se trouve confronté le pays §
Les bonnes performances du président,
obtenues à crédit et grâce au recours effréné à la
dette, ont un caractère éminemment artificiel.
LES BOULETS DU SYSTÈME ÉDUCATIF FRANÇAIS
Le Point 2578 | 6 janvier 2022 | 31

Free download pdf