Méditerranée Mer Vivante 20e édition

(jfmeinesz) #1

Espèces à découvrir 109


Découvrons les richesses de la mer


Les janthines sont des gastéropodes en forme
d’escargot pouvant atteindre quatre centimètres
de diamètre. Leur grande particularité est que ces
mollusques vivent exclusivement au niveau de
la surface en haute mer : ils sont pélagiques. Ils
se maintiennent au fil de l’eau grâce à un flotteur
qu’ils fabriquent en formant des bulles de mucus
assemblées en grappe à la façon du « papier bulle ».
À la suite de la reproduction de ces coquillages,
ce flotteur supporte les œufs dans des capsules
ovigères.
Les janthines se nourrissent exclusivement de
vélelles ( p. 107) en se collant en dessous pour
dévorer les polypes de couleur bleue. De chaque
vélelle dévorée, il ne reste plus que la partie
chitineuse incolore qui se délite rapidement.
En mai 2017, un phénomène rare a été remarqué
devant les côtes des Alpes-Maritimes, du Var et de
la Ligurie. Devant le rivage, la mer était troublée par
des amas blanchâtres ou gris de matière organique.


Le mollusque : Janthina pallida

Alexandre Meinesz, professeur émérite à Université Côte d’Azur (CNRS UMR 7035 « ECOSEAS »)
[email protected]

La janthine Janthina pallida


A tel point que le journal local (Nice-Matin) à fait
paraître sur une page entière les préoccupations
des plagistes face à cette pollution inexpliquée.
Alertée, la marine nationale a survolé des larges
accumulations blanchâtres dérivant au large de
Port-Cros. Une conjoncture météorologique
(hydrodynamisme, température de l’eau) venait de
provoquer au large une pullulation de janthines et
de vélelles. Ces dernières ont été en grande partie
dévorées par les mollusques qui se sont reproduits
en laissant dériver des fragments de leur flotteur
à bulles et des capsules ovigères. La salissure de
la mer n’était ainsi qu’un phénomène naturel : un
mélange des reflets du repas des janthines (des
restes de vélelles), du mucus « papier bulle » de leur
flotteur et des capsules ovigères.
De mémoire d’océanographe biologiste, ce
phénomène d’une telle amplitude n’avait encore
jamais été observé.

© Jean-Pierre SIDOIS
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