Méditerranée Mer Vivante 20e édition

(jfmeinesz) #1

196 Méditerranée - Mer vivante


Gardons la mer vivante


La restauration des fonds marins
Alexandre Meinesz, professeur émérite, Université Côte d’Azur
(CNRS UMR 7035 « ECOSEAS ») [email protected]


Nous vous présentons, brièvement ci-dessous, et
de façon plus détaillée dans les pages qui suivent,
trois mesures de restauration du milieu marin
littoral qui ont été testées par des scientifiques : la
transplantation de posidonies, celle de cystoseires
et la pose de nurseries artificielles dans les ports.
Nous évoquons aussi deux autres mesures
concernant l’enrichissement halieutique :
les récifs artificiels et le lâcher de poissons,
crustacés ou oursins.
La transplantation des posidonies. Initiée
par un marin pêcheur de Giens au début des
années 1970, cette technique de restauration de
l’herbier de posidonie a fait l’objet de multiples
publications scientifiques et est au point depuis
les années 1990 ( p. 199 à 201). Cependant elle
présente de nombreuses contraintes rendant
son application opérationnelle marginale. Tout
d’abord, la transplantation de boutures ou de
graines germées ne peut être mise en œuvre
que sur des zones où ces plantes à fleurs se
développaient par le passé (conditions propices)
et qu’une fois la cause de leur disparition
éliminée ( par exemple sur une zone d’herbier
détruit par des bombes lors de la dernière
guerre mondiale ou sur un secteur où l’herbier
a été dégradé par un ancien rejet d’eaux usées).
Mais la contrainte principale est liée à l’extrême
lenteur de la croissance de cette plante (3 cm
par an en croissance horizontale). Cela nécessite
des transplantations nombreuses et denses pour
espérer combler une zone sans herbier après


plusieurs dizaines d’années. Cette contrainte de
croissance très lente des boutures pourrait être
surmontable si les techniques de transplantation
éprouvées ne nécessitaient pas une main d’œuvre
coûteuse ( plongeurs professionnels) avec des
temps d’intervention sous l’eau limités par les
normes de sécurité. Enfin, pour éviter l’arrachage
des boutures fragiles, la zone concernée doit être
strictement protégée pendant longtemps de
la pêche et du mouillage avec une surveillance
efficace.
Le ratio coût/efficacité entre, d’une part, les
efforts nécessaires à la restauration de toutes
petites surfaces d’herbier et, d’autre part, les
mesures de préservation de l’herbier, penche
certainement pour la préservation. Il faut
donc redoubler les efforts pour interdire toute
destruction physique des herbiers par de
nouveaux aménagements construits sur la mer.
Il convient aussi de restreindre le mouillage
sur les herbiers qu’aux petites embarcations,
de déplacer les émissaires urbains au large des
limites inférieures des herbiers et d’interdire
les techniques de pêche destructrices sur les
herbiers (chaluts, gros arts trainants).
La transplantation des cystoseires littorales.
Les cystoseires littorales sont des algues brunes
de grande taille qui se développent au niveau de
l’eau sur des côtes rocheuses bien exposées à
l’hydrodynamisme ( p. 29-31 et 179-181).
Elles représentent un écosystème riche de
dizaines d’espèces associées dont le lieu de vie
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