Méditerranée Mer Vivante 20e édition

(jfmeinesz) #1

42 Méditerranée - Mer vivante


Gardons la mer vivante


L’or rouge de Méditerranée Corallium rubrum


Le corail rouge, Corallium rubrum, est
incontestablement un des plus beaux joyaux
de la Méditerranée. Ce corail précieux est
longtemps resté mystérieux aux yeux des
naturalistes et, de nos jours, il a encore le
pouvoir étrange de susciter la même passion
fascinée chez ceux qui le récoltent, le travaillent
pour en faire des bijoux, le négocient, ou
l’étudient du point de vue scientifique ou
historique.
Depuis des millénaires, il a été utilisé
pour la bijouterie, la pharmacologie ou
comme amulette dans les pays du pourtour
méditerranéen, et a fait partie de leur culture.
Les échanges commerciaux par la voie des
caravanes ont très tôt étendu son aura jusqu’aux
confins de l’Afrique et de l’Asie. Son prestige

entaché de pouvoirs magiques reste toujours vif
en Inde, au Tibet et en Mongolie.
La connaissance de la nature du corail rouge a
rencontré bien des aléas au cours des siècles
et c’est un modèle fameux pour l’histoire des
sciences. Pour les anciens grecs, c’était un végétal
qui durcissait au contact de l’air, un ‘lithodendron’
(arbre de pierre), un mythe qui s’est maintenu
jusqu’à la fin du 16ème siècle. Le débat à propos
de la nature minérale ou végétale du corail
s’est poursuivi jusqu’au 18ème siècle. En 1706,
L.-F. Marsigli, un noble italien naturaliste venu à
Marseille pour sortir en mer avec des corailleurs
avait vu ‘fleurir’ le corail dans un bocal. Il avait
cru alors avoir la preuve que ce ‘lithophyte’ était
bien une plante pierreuse. Renouvelant cette
expérience au même endroit, J.-A. Peyssonnel

Le Professeur Nardo Vicente observant des branches de corail

© Jean-Georges HARMELIN


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