Méditerranée Mer Vivante 20e édition

(jfmeinesz) #1

Espèces protégées La Faune 45


Protégeons ces espèces menacées


Ce corail^1 se présente sous forme de colonies d’un
magnifique jaune, plus ou moins massives ou
encroûtantes, qui peuvent se juxtaposer et tapisser
les roches sur de grandes surfaces. Une colonie est
composée de plusieurs polypes connectés entre eux
(individus de la colonie), pourvus d’un exosquelette
(corallite) de nature calcaire (aragonite). Les corallites
sont peu proéminents, avec un calice pourvu de
septes. Ils sont polygonaux ou arrondis, d’un diamètre
de 1 à 2 cm. Les polypes possèdent une trentaine de
tentacules, permettant de capturer de petites proies
planctoniques, surtout la nuit. Contrairement à la
plupart des coraux tropicaux, ce corail n’héberge pas
de zooxanthelles symbiotiques. Il n’a donc pas besoin
de lumière pour se développer. Les colonies sont
mâles ou femelles, la reproduction produit des larves
pourvues de cils, qui restent peu de temps dans le
plancton.
Le corail jaune d’or affectionne l’eau vive, autour
des écueils près de la surface, dans les tunnels,
sous les arches, sur les roches jusqu’à 70 m de
profondeur dans les zones de courants. C’est une
espèce endémique de Méditerranée et du proche
Atlantique, restreinte dans les parties chaudes du
bassin occidental. Elle est très abondante le long des
côtes du Maghreb, bien présente en mer d’Alboran et
le long des côtes espagnoles depuis Cadix jusqu’au
niveau de Murcia, à Malte et en Sicile, dans le sud
de l’Italie en mer Tyrrhénienne jusqu’à l’île Giglio.


Fin décembre 2017, quatre espèces de cnidaires de
Méditerranée ont été ajoutés à la liste des espèces « en
danger ou en voie de disparition » de la Convention
de Barcelone. Il s’agit de 3 coraux hexacoralliaires,
le corail jaune (Dendrophyllia cornigera), le corail
orange (Dendrophyllia ramea), le et le corail solitaire
(Desmophyllum dianthus) et d’un octocoralliaire, la
gorgone « corail bambou » (Isidella elongata). Ce
sont des espèces essentiellement profondes (vivant


Le corail jaune d’or est absent du bassin oriental.
Sa colonisation récente de l’Adriatique (Croatie)
serait induite par une inversion des courants en mer
Ionienne. Le réchauffement climatique amènera
peut-être sa reconquête des côtes nord du bassin
occidental.
En expansion sur les rives Sud du bassin occidental, ce
corail n’existe pas encore devant les côtes françaises
de la Méditerranée. Pas menacé par une atteinte
spécifique à contrôler, son statut d’espèce à protéger
est donc surprenant.

à la température constante de 13°C) se développant
pour certaines sur les fonds vaseux et pour d’autres
sur les affleurements rocheux. Seuls les chalutiers
menacent ces espèces dont la répartition est très mal
connue devant nos côtes. Leur protection effective est
donc problématique (il n’est pas possible de contrôler
la remontée de tous les chaluts et de verbaliser les
pêcheurs malchanceux qui ont remonté ou aplati par
hasard ces espèces). (ndlr).

(^1) C’est un scléractiniaire (ou madrépore : cnidaire - anthozoaire



  • hexacoralliaire)


Le corail jaune d’or, Oran (Algérie), -20m.

© Jean-Georges HARMELIN

Le corail jaune d’or Astroides calycularis


De nouveaux cnidaires protégés


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