Méditerranée Mer Vivante 20e édition

(jfmeinesz) #1

46 Méditerranée - Mer vivante


Gardons la mer vivante


C’est un des animaux fixés les plus extraordinaires
que l’on puisse rencontrer sur les côtes
méditerranéennes.
Pourtant, quand on a la chance de le rencontrer
en plongée, et en regardant de près, on
pourrait confondre ses polypes avec ceux des
banaux Parazoanthus axinellae. Sauf que
les Parazoanthus
constituent des colonies
plaquées sur la roche
ou sur des éponges et
que les polypes de la
gérardia, d’un jaune
plus pâle, sont fixés
sur un axe arborescent.
Chaque gérardia^1 est en
fait une colonie formée
d’une multitude de
polypes. Chaque polype
ressemble à une petite
anémone de mer avec
une courte colonne
surmontée d’une
double couronne de
27 tentacules, ceux de
la rangée inférieure
étant dirigés vers le
bas, entourant l’orifice
unique de l’appareil
digestif fermé par un
sphincter.
Le groupe d’espèces
auquel appartient Savalia savaglia présente
la particularité de secréter un squelette fait de
scléroprotéines en strates très denses dont
la couleur est noire, comme chez l’espèce
méditerranéenne, ou dorée comme chez les
« gold corals », connus en particulier des fonds


très profonds d’Hawaï. Son squelette noir très
dur a, semble-t-il, été exploité localement (mer
de Marmara) pour tailler des pièces de chapelet,
ou simplement comme curiosité. Il évoque
évidemment le corail noir des antipathaires, qui
font partie d’un autre ordre (Antipatharia) des
Hexacoralliaires.
Autre trait typique de ce
groupe d’espèces : elles
sont dans la plupart
des cas associées à des
octocoralliaires, aux
dépens de ces derniers.
Gérardia peut croître
directement sur un
substrat rocheux en
formant d’abord une
plaque basale à partir
de laquelle se dresse
une partie érigée, mais
très généralement elle
se développe sur une
gorgone, le plus souvent
sur la grande gorgone
rouge (Paramuricea
clavata). Gérardia
n’occupe pas de
manière opportuniste
des espaces déjà
dénudés sur les
branches des gorgones
mais tue les tissus de
la gorgone colonisée. Il s’agit là d’une forme de
parasitisme non obligatoire mais qui peut être
fatal pour la gorgone infestée. Des expériences
de bouturage de fragments de gérardia sur des
gorgones faites par le chercheur du CNRS, Helmut
zibrowius, dans la région marseillaise ont montré

La gérardia, Savalia savaglia. Lavezzi (Corse) -28 m

© Alexandre MEINESz

(^1) Gérardia est d’ailleurs placée dans la même famille, les Parazoanthidés, qui fait partie de l’ordre des zoanthaires dans les Cnidaires
Hexacoralliaires.
La gérardia Ba Be Savalia savaglia

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