La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

préparée à l’endroit que les initiés choisissaient pour la construction de l’ « esam sô » ; sanctuaire, les
femmes étaient tenues désormais de ne plus approcher le lieu. Cette seconde marmite était ensuite
enterrée à l’emplacement exacte du sanctuaire, à la lisière de la brousse. La corne plantée, après avoir
indiqué l’endroit exacte où l’arbre va tomber, l’aveu du fautif obtenu, l’emplacement de l’esam choisi
et béni par les officiants. Ceux-ci vont fêter la réconciliation, la prospérité future du village. La viande
de la bête sacrifiée sera mangée par les initiés, qui retournent festoyer au village en laissant deux des
leurs au pied de l’arbre. Ils les rejoindront plus tard. Il fallait désormais s’atteler aux préparatifs de la
cérémonie d’abattage du ndzôm sô. Il s’agira de chasser, de réunir autant que faire se peut des vivres


que l’on consommera le jour de l’abattage du ndzôm sô.

L’Abattage

C’est une épreuve qui marque par sa réussite que le fautif a tout avoué sur son « nsem » ; elle marque
également le pouvoir des initiés grâce à leurs remèdes de commander à l’arbre. La cérémonie se déroule
en présence de tous. Autour de l’arbre, on attache une liane dans laquelle sont attachés des coqs. Dès la
première entaille, les initiés prennent un copeau et le pose du côté où ils voudraient diriger l’arbre. Il est
alors abattu. S’il tombe du mauvais côté, l’on saura que les offrandes sont insuffisantes ou alors le fautif
n’a pas tout avoué. Si l’abattage es réussi, c’est-à-dire que l’arbre tombe selon le désir des officiants,
alors on exulte, on entonne l’hymne ou le chant du sô. L’on mange, officiants, candidats et assistants,
ce qui a été prévu pour cela. Lorsque l’arbre ne voulait pas obéir, les initiés le frappaient avec des bouts
de liane qu’ils plongeaient dans la marmite médicinale posée à côté. Cette entreprise de commander à
l’arbre exprimait la toute-puissance de la parole unanime. Après cette épreuve, chaque parrain faisait un
tatouage qui consistait à une série d’incisions sur lesquelles on frottait la cendre mélangée à d’autres
produits ; opérations très douloureuses. Ce tatouage était fait sur la nuque et constituait la marque
distinctive du sô qui faisait du candidat un mvôn, qui allait désormais être soumis aux épreuves du rituel.
Avant ces épreuves qui se déroulent en brousse, les mvôn doivent couper les raphias encore refermés,
les déposer sur la toiture du fautif. Ces raphias serviront à construire l’ésam sô. Au cours de la même
période, le fautif parcourt tout le village, et même ceux des environs dont les fils prennent part au rituel,
pour une quête de biens ; matériels et alimentaires, qui serviront à payer l’officiant et les autres acteurs.
Pendant cette même période, le zomoloa a envoyé les chasseurs en brousse pour une grande chasse au
filet, à laquelle prennent part pour la première fois les mvôn, et dont la fin signifie le début des brimades
des candidats.


Les Epreuves En Forêt

Le but de ces épreuves est de faire des futurs hommes, des durs, courageux, vigoureux, capables de
résister à la douleur sans faillir, sans pleurnicher. Car pour le Beti, un homme ne pleure jamais, cela est
réservé aux femmes. Ce d’autant plus que chaque homme est un potentiel guerrier ; or la guerre est dure,
cruelle, sans pitié. Ces brimades doivent bien sûr rester sécrètes, c’est d’ailleurs pourquoi on éloigne les
mvôn du village. Ils devront conserver le secret une fois parmi les leurs. Parmi les épreuves, on peut
citer : la bastonnade lors des parties de chasse dont chaque cuisse du gibier attrapé est remise à l’officiant
principal. Ils sont appelés à danser la danse des petits animaux souvent imposée aux veuves lors des
épreuves du veuvage, on les fait monter en haut de l’arbre à fourmis que les initiés prennent le soin de
bien exciter, descendre de cet arbre tête basse. Les candidats vont ramper sous les lianes, les ronces,
s’enrouler sur les épines... L’enfant dont le corps est désormais couvert d’éraflures de tous genres n’est
plus tenu de s’approcher de sa mère. Durant ce même séjour en brousse, les mvôn s’attèlent à construire
la cabane dont les brimades représentent la rançon que doivent payer ces derniers pour qu’elle devienne
pour eux un lieu de purification, de protection et de renaissance. Il faut noter ici qu’une épreuve, celle
du serpent-python était très symbolique. Elle consistait à bastonner et torturer les mvôn qui ne
parvenaient pas à surmonter les épreuves : on disait alors que le python a avalé tel. D’autres épreuves,
comme souffler dans l’anus des initiés (jouer de la trompette du so), prendre la posture du chasseur au
repos (se maintenir dans les latrines de circonstances) devaient amener les mvôn à supporter toute

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