La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1
Troisième Partie : La Vie Dans L’Esam : Les Epreuves

Ces épreuves ont lieu dans la cour du village où toutes les femmes ainsi que les profanes ont été chassés,
éloignés à une distance respectée. Il s’agit pour la première épreuve de passer derrière les cases du
village, en courant, en se faisant cingler le corps par les initiés-parrains qui se sont cachés au préalable
tout le long du parcours. L’interdiction est de traverser la cour du village, où un des hommes dansait nu,
une pierre solidement attachée aux bourses, entre les jambes. C’est l’épreuve du « balancement des
bourses ». Le candidat qui tentait de traverser la cour souffrait l’éléphantiasi des testicules. Le trajet
finissait dans l’esam, où les candidats recevaient à manger de la viande tuée lors de leur partie de chasse
au filet en brousse. Pendant toute cette réclusion à l’esam, un animal (ovin ou alors caprin) est attaché à
l’esam, nourri par des herbes spéciales mélangées aux écorces spéciales. Par cette première épreuve, les
candidats doivent supporter la douleur des coups et sévices sans broncher, comme l’était destiné à faire
l’animal dont nous venons de parler.


La prochaine épreuve sera celle de la « réception du colis ». Le colis en question était des nids de fourmis
à la piqûre très douloureuse, avec des orties dont les poils inoculent un liquide caustique. Cette épreuve
se déroule en brousse. Après celle-ci, les initiés se précipitent sur l’animal qui a été châtré, nourri
spécialement depuis le nlag sô, le dépècent et le mangent vif, chacun prenant soin d’en prélever un peu
de graisse avec un os, qui avec d’autres éléments sont placés dans le « sac de sô » de tous les initiés qui
l’ont consommé. Pendant que les initiés prennent la viande du « sô », la graisse est remise aux candidats.
Et si cette « graisse » se compose des fourmis dont il était question plus haut, des feuilles d’orties, de
l’huile de palme, banane douce ; chez certains groupes on y ajoutait des herbes, des écorces et des
excréments. Quant à la viande, mangée dans l’esam, le fautif, organisateur reçoit les intestins et la tête
et en distribue à tous ceux de son rang. L’on disait que le mvôn était mort et le « Sô était considéré
comme fini ». Cependant les candidats n’étaient pas sortis de l’esam.
En effet, le lendemain de la consommation de la graisse de sô par les candidats, ils sont appelés très tôt
à subir l’épreuve de la « poursuite de l’initié », il s’agit pour eux, le chef de file en tête, de poursuivre
l’un des initiés (et toujours le plus habile) à travers fourrés, troncs d’arbres, ravins ; bref tous les
obstacles que présente la brousse. Il s’agit d’imiter le porc-épic, le potamochère, l’antilope anarchée. La
course vient s’achever à l’endroit de la cabane où s’ouvre son enclos, ou sa palissade.
Les candidats sont
maintenant prêts à passer le
tombeau souterrain.
Pour le passage dans le
souterrain, il s’agissait de
traverser un souterrain que
les initiés avaient creusé
derrière l’esam, et garni
d’épines, d’orties, de
fourmis, de gousses
urticantes. Les candidats
bien que torses nus, se
couvrent le visage et portent
un étui pénien pour se
protéger les parties vitales.
Tout le trajet du souterrain,
des initiés sont postés avec
des paquets de fourmis, et
de feuilles urticantes. Les candidats étaient néanmoins conseillés par leurs parrains avant le passage sur
les erreurs à ne pas commettre une fois dans le souterrain. Tous les obstacles franchis, chaque candidat
en sortant du souterrain lève le bras en criant le nom de son père, comme on le faisait lors d’une victoire
(s’en était bien une). Il courait pour venir poser la main sur le toit de l’organisateur cependant que le
chef de file tranchait d’un coup de machette un bananier dont le régime devait être consommé pour lui

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