Les Types de Charme
Les Charmes de Réussite
Quant au domaine de compétence d’un charme, il est bien vaste ; et c’est de lui que dépendent le montant
et la nature des compensations à payer, la délicatesse ou la gravité de l’interdit que l’on devra observer.
Ainsi des charmes sont consommés pour la réussite à la chasse ; il peut pour cela s’agir de tuer des
animaux féroces : léopards, lions..., de grands mammifères : buffles, éléphants, chimpanzés, certains
animaux prisés : potamochères, antilopes... Un autre charme concernant la chasse peut consister à ne
jamais rater un coup tiré avec son arc, arbalète, fusil.... Ou encore ne jamais rentrer bredouille d’une
partie de chasse. C’est dans la même catégorie qu’on peut classer les charmes qui consistent à se
transformer en animaux féroces.
Un autre charme peut conférer à son possesseur le pouvoir de ne jamais être tué, d’un coup ou alors du
premier coup d’une arme à feu ou blanche. Et dans l’histoire du Cameroun colonial, l’exemple de Martin
Paul Samba est resté gravé dans les mémoires et des Camerounais et des Allemands. Il étonna toute
l’assistance de son charme le jour de son exécution à Ebolowa. Dans cette même série on peut associer
le charme qui procure le pouvoir de ne jamais être fait sorcier à la guerre.
D’autres charmes consistent à acquérir le pouvoir d’éloquence, la force dans la lutte, le pouvoir de
toujours gagner au jeu du hasard ou alors d’écarter la perte. D’autres charmes consistent à la maîtrise du
Mvet, d’une danse quelconque (le cas du Ndong Mba dansé chez les Ntumu, Fang et Okak). D’aucuns
acquièrent le biañ de réussite en amour, dans les études etc...
Les Charmes D’Envoûtement
A ces charmes de réussite, il faut maintenant associer des charmes d’envoutement, qui visent à tenir
quelqu’un à son pouvoir, sans nécessairement le tuer, mais amoindrissant sa puissance, ou s’attachant
ses services ou alors faisant de lui un allié. C’est dans cette même lignée que l’on peut placer
l’appropriation des minkuk/minkùg (esprits) qui sont des consciences animales ou humaines, pour des
fins d’attaque ou de protection. C’est le cas des hommes qui possèdent des léopards, panthères, des
serpents...ou alors des ossements humains (crânes, os de jumeaux, d’albinos...), ces objets, qui au dire
des propriétaires sont dotés de conscience, servent à des tâches multiples.
Le Charme de Richesse
L’acquisition d’un charme de richesse (biañ akum) par un neveu auprès de son oncle est différente des
autres cas. Il intervient toujours auprès de l’oncle qui a utilisé la dot issue du mariage de sa sœur dont
le fils maintenant réclame le pouvoir de richesse. L’oncle donne ce charme sans contrepartie aucune, si
ce n’est le respect de l’interdit inhérent au charme reçu. Cela s’explique par le fait que l’oncle s’étant
enrichi grâce au mariage de sa sœur, il ne fait que restituer symboliquement la femme qu’il a épousée
grâce au mariage de sa sœur, il ouvre donc la possibilité pour son neveu de devenir à son tour un homme
riche c’est-à-dire possesseur de multiples épouses.
Pour l’acquisition proprement dite du charme, il faut d’abord noter que presque toujours le biañ est
consommé sous forme d’aliment à avaler ou manger. Il peut être sous forme de mets, ou d’un objet
quelconque à avaler, ou alors sous forme de boisson. Et dans plusieurs sinon tous les dialectes beti, on
dit de la manducation d’un charme : « adi biañ » ou « e di biañ » ou encore « adzi biañ » ; qui littéralement
signifie « manger le remède ». Et c’est pour cette raison encore que chez les Beti, un homme malade
pour cause de manducation d’un charme pour être soigné, un tel homme doit d’abord « vomir » c’est-à-
dire rejeter le remède consommé ou mangé ; et on dit « a yô biañ » (vomir le remède).
Quant aux éléments qui entrent dans la confection d’un biañ quelconque, il s’agit des herbes, écorces,
morceaux ou poudre d’os, de peau, de chair de l’animal, arbre ou tout être dont on veut s’octroyer les
qualités. C’est ainsi qu’à titre d’exemple, une femme qui veut beaucoup vendre au marché va utiliser