Kurtoskalacs
oui en espérance mais quâelle lâignorait encore... Elle avait peur de cet
engagement de lâinconnu dâun avenir incertain et voulait protéger son
cÅur.
Je me souviens comme si câétait aujourdâhui du Noël de lâannée 1984.
Jour de joie et jour de fête pour tous soir de tristesse et de désespoir pour
moi. Toute la journée avait été consacrée à lâenregistrement de la chorale
au sein de laquelle chantait Françoise dans un studio renommé de
Toulouse. Le soir venu tous les choristes y compris celle que jâaimais
étaient partis réveillonner dans leurs familles à plusieurs centaines de
kilomètres nous laissant lâarrangeur et moi nous retrouver seuls et un
peu désemparés après cette activité intense. La veille jâavais souhaité la
revoir en tête-à -tête discret et courtois afin de maintenir le lien et
dâessayer de comprendre : comprendre ce qui avait été maladroit dans
mon attitude ou mal interprété dans mes paroles comprendre la raison de
cette relation avortée avant lâheure. Peine perdue. Tentative échouée.
La ville était rose mais mon cÅur était noir.
Et si on allait manger un couscous? Un soir de Noël pourquoi pas? Ã
défaut dâêtre en famille cela me rappellerait le pays! Lâarrangeur et moi
choisissons alors un restaurant dans le centre-ville. Peu de monde dans
cette petite salle. Lumière blafarde en contraste avec celle des guirlandes
exubérantes à lâextérieur. Nous sommes là devant une assiette dâun
couscous généreux qui devrait enchanter notre soirée.
Christian est assis en face de moi. Soudain je nâarrive plus à contenir
mon émotion. Câest lâune des rares fois où je me suis senti à ce point
submergé par la tristesse. On dirait que la Garonne qui coule tout à côté
est sortie de son lit pour couler dans mes yeux. Serait-ce sa façon de
compatir à ma peine? Trace temporelle dâun amour hagard. Christian ne
sait pas ne veut pas savoir ne pose pas de question.
Avec toute sa pudeur attentionnée il me demande simplement si je
vais bien.
- Oui ne tâinquiète pas ce nâest pas grave. Ãa va passer il faut juste
un peu de temps.
Il respecte ma douleur dans la retenue et la discrétion. Merci Christian.