J'irai manger des khorovadz
ces inconnus dans ces instants fondateurs pour la vie et je partage leur
plaisir à distance non sans raviver de précieux souvenirs...
Au travers de ces images de bonheur édénique mon esprit sâévade et
je me revois dans le vignoble gardois en cette journée ensoleillée de
novembre 1985. Nous marchions au milieu des ceps recherchant la plus
belle pose à figer sur les traditionnelles photos de mariage : mon
mariage! De toute la France famille et amis étaient venus nombreux
nous rejoindre ensuite à la cérémonie à Nîmes. Je lâavais conçue comme
un festival : cinq groupes musicaux avaient contribué au programme par
leurs talents sans compter la chanson que jâavais interprétée avec ma
femme. Le duo de notre vie! à notre demande grâce à la contribution de
différents amis artistes le repas avait également pris des allures de
spectacle. La pièce montée y avait aussi apporté sa petite touche. Trop
large pour passer par la porte de la pièce où elle avait été confectionnée
elle avait dû être démontée par son créateur et remontée dans la salle de
réception. Ils sont rares ceux qui peuvent se vanter dâavoir eu une pièce
(re)montée le jour de leur mariage! Nous avons scellé notre vie à deux
le jour de la mâcre nageante (la châtaigne dâeau) selon le calendrier
républicain le jour des morts dâaprès le rite romain. Je préfère la
république!
Cet engagement marquait lâaboutissement dâune longue période à la
fois difficile et exaltante. Je touchais du doigt un autre rêve qui avait mis
du temps à se concrétiser. Ma passion pour la musique était en quelque
sorte une vocation qui me laissait peu de loisir pour dâautres activités et
jâétais en effet trop impliqué dans mon travail. Certes me marier je le
souhaitais mais je nâavais pas réellement le temps de mâen occuper! Le
jour où jâai rencontré Françoise jâai su que câétait elle et que notre
premier enfant serait une fille. Pourtant lorsquâau bout de quelques mois
je lui avais proposé dâenvisager lâavenir ensemble elle nâavait pas été
enthousiasmée.
Et un soir de septembre elle mâavait répondu non.
Elle ne sâimaginait pas combien il me serait difficile de vivre avec ce
non. De mon côté jây croyais toujours convaincu que son non était un