Du coté de la force lumineuse
incontournable devient futile la valeur des choses nâest plus la même et
notre rapport au consumérisme change. On se surprend à découvrir quâil
est parfois moins difficile quâon ne le pense de se passer de ce qui nous
paraissait incontournable.
Jâai appris à vivre simplement à me nourrir des relations
impromptues à découvrir lâautre dans sa différence à mâimprégner de sa
luminescence à sourire à lâinconnu à dormir dans la forêt à sentir le
vent effronté à ne pas pouvoir me laver à goûter aux saveurs
déstabilisantes à me laisser emporter par lâimprévu à délaisser les
exigences dâopulence à me dépouiller de lâabondance imposée...
Vivre au jour le jour renouvelé par la richesse des rencontres.
Respirer.
Exister.
Pour soi pour les autres.
Cet homme partage avec moi le peu quâil possède avec tellement de
bienveillance que jâen éprouve une gêne. Comment peut-on refuser
devant une telle générosité? Cette première vraie rencontre va balayer en
une soirée et sans remords mes craintes et mes clichés sur la Roumanie.
Et ce ne sera que le début...
Comme je commence à ressentir la fatigue je lui fais part de mon
désir de me coucher. Pas besoin de berceuse après cette journée intense!
La nuit a été arrosée comme notre veillée dâhier. Le ciel a encore
pleuré toutefois sans excès. Je me débarbouille le visage au robinet qui
se trouve dans le jardin unique point dâeau de la maison. Je plie ma tente
toute humide en attendant de la sécher au soleil plus tard dans la
journée. Magnanime Adalbert mâattend à lâintérieur et me propose une
assiette avec le même menu que la veille des saucisses en plus. Ce nâest
pas ce à quoi je suis habitué de bon matin. Je lâobserve sâaffairer sur la
table de la cuisine couverte de bocaux vides. Il est en train de préparer
ses conserves de saison. Il me tire le bras et mâemmène dans le salon et
là il soulève délicatement le gros coussin bordeaux qui recouvre
largement le fauteuil : son trésor du moment près de trente bocaux de