J'irai manger des khorovadz

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J'irai manger des khorovadz

Et même si elle en avait coûté 30 je pense que je l’aurais prise! Je
n’en reviens pas d’être arrivé jusque-là. La distance fut douloureuse et
audacieuse : 113 km et 450 mètres de dénivelé avec pour toute
nourriture un demi-yaourt et deux cuillerées de miel dans la journée...
La tension de la fin du parcours était plus morale que physique. La
recherche d’un endroit en vue de dormir l’espoir d’arriver au bout de ce
calvaire plusieurs fois déçu la route dans la nuit et tous ces kilomètres en
plus il fallait que je passe par-dessus pour arriver jusqu’au bout. Qu’est-
ce qui m’a poussé à continuer? L’obsession de progresser de trouver un
lieu approprié de ne pas me laisser anéantir par des péripéties
passagères de me prouver à moi-même que j’avais la capacité de
surmonter une gêne momentanée. Le corps a parfois des ressources
insoupçonnées. Et je suis convaincu que nos limites ne sont pas toujours
physiques. C’est souvent notre cerveau ou nos pensées qui les imposent!
Me voilà enfin installé confortablement dans la chambre le vélo
bénéficiant aussi d’un garage individuel. Je me force à avaler un nouveau
yaourt une banane une demi-barre de céréales et un thé en espérant que
mon corps fatigué va supporter cet afflux soudain de calories qui me sont
indispensables. Ce n’est pas encore la grande forme toutefois les
sensations s’améliorent.
Fin d’une journée pas comme les autres. Le jour où tout a basculé. Le
jour où je suis passé du côté de la force lumineuse.


Allongé sur mon lit et me délectant d’un confort inhabituel je me
revois durant la Diagonale des Fous le trail auquel j’ai participé l’année
précédente sur l’île de la Réunion. En plein milieu de l’île.
Trois heures du matin. Je cours dans une longue descente escarpée
jalonnée de rochers qui me conduit à Cilaos à mi-course. Déjà 90 km
dans les jambes et les mollets. Je viens juste d’échapper à la
disqualification pour dépassement du temps réglementaire et à
l’humiliation d’une participation ratée. Le rayon de ma lampe frontale
éclaire avec parcimonie ce chemin parsemé de pièges. Il faut faire
attention aux roches aux racines aux marches naturelles aux branches
qui dépassent et la fatigue accumulée ne facilite pas la progression :

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