J'irai manger des khorovadz

J'irai manger des khorovadz

• Marc tu auras du mal à passer la frontière par cette route : elle
  n’existe pas! C’est uniquement une voie de chemin de fer!
  J’aurais été bien ennuyé si je m’étais fié à mes intuitions et à la carte
  en ma possession car je me serais heurté à un obstacle impossible à
  franchir. Iulian se propose de m’indiquer la voie adéquate en
  m’accompagnant jusqu’à la sortie de la ville. Il enfile sa tenue de cycliste
  et le voilà en selle. Pour ma part je m’installe à nouveau sur mon vélo-
  couchette. Nous nous octroyons un rapide crochet par le centre-ville car
  il est fier de me donner l’occasion d’admirer le Palais de la Culture et les
  autres monuments que nous apercevons sur le parcours. Il m’entraîne à
  sa suite et me quitte après les dernières maisons.
  Un détour de 30 km est nécessaire afin de rejoindre la Moldavie.

Je dois avouer que je suis passablement malpoli depuis deux jours : je
ne réponds plus systématiquement aux nombreuses salutations le long de
la route. Mon état maladif et indolent limite mon niveau d’énergie
disponible. Je préfère épargner mes forces et les concentrer sur le
pédalage surtout parce que ce matin souffle en prime un vent de face
capricieux et goguenard.
Parvenu devant la frontière moldave je prends des photos dans
l’intention d’immortaliser ce passage car cette fois-ci l’Europe est bien
finie. Me voilà dans un nouveau pays avec une nouvelle monnaie et de
nouvelles mœurs. Le douanier me le signifie prestement. Il se précipite
vers moi et dans un élan de colère – rouge comme la couleur de son
drapeau – me fait signe qu’il est interdit de photographier. Il demande à
voir les images et m’oblige sous ses yeux à les effacer sur-le-champ.
Quel accueil! Est-ce qu’ici un poste de douane ouvert au public est
considéré comme un bâtiment secret hautement stratégique? Nous
sommes dans l’ancienne U.R.S.S.
La destination finale de la journée est la capitale Chisinau où je suis
attendu chez des amis. Mais après un départ tardif de Iași la visite
captivante de la ville le vent insolent le détour imprévu je me rends
compte que l’objectif est prétentieux. Je passe un coup de fil à mes hôtes
pour m’excuser de ne pouvoir arriver que le lendemain. Mon corps me