J'irai manger des khorovadz

J'irai manger des khorovadz

Je retourne à l’hôtel puis je traverse la ville en essayant de ne pas
coincer mes roues dans les nombreux rails du tramway. En face
d’Odessa je m’arrête un instant sur la plage. La côte s’étale sous mes
yeux. L’animation estivale n’est pas dépaysante : des baigneurs des
véliplanchistes et des vendeurs de beignets qui arpentent le sable à la
recherche des clients indifférents à leur clameur. À part l’apparence des
beignets tout est semblable. Le bord de plage est aménagé et
presqu’entièrement clôturé. Il me faudra un moment pour repérer enfin
un petit chemin derrière un hangar au bord d’un champ près d’une zone
industrielle en friche. J’y plante ma tente.

En avançant le lendemain matin je prends conscience du quotidien
des jours à venir : des routes souvent inintéressantes. Le constructeur
tchèque de mon vélo m’avait prévenu : l’Ukraine peut se révéler
ennuyeuse. Effectivement les longues routes droites plates et sans fin
parcourues par des véhicules qui roulent à toute vitesse quel que soit
l’état de la chaussée peuvent s’avérer lassantes mais aussi très
dangereuses. Je vais l’expérimenter à deux reprises dans les jours
suivants. Le pourcentage de décès par accident de la route en Ukraine est
trois fois plus élevé qu’en France.
J’avais dans l’idée de suivre le littoral mais rivières deltas et autres
étendues d’eau m’en ont empêché. Pour les franchir je dois m’éloigner
de la mer Noire. Elle n’est jamais très loin mais on ne la voit pas.
Aucune route côtière ou seulement des portions qui obligent à faire de
grands détours.
J’essaie de me repérer avec les noms toutefois la difficulté est de
taille. Au bout de deux jours de questionnement je comprends que
l’appellation des villes peut s’écrire de trois manières différentes : sur la
carte sur les panneaux sans oublier l’écriture phonétique ou
internationale. Et parfois deux noms cohabitent : l’un en russe et l’autre
en ukrainien. Pas facile de s’y retrouver quand on ne sait pas déchiffrer
cet alphabet cyrillique. Promis quand je rentre je m’y plonge! De toute
façon vu le nombre limité de panneaux qui indiquent la direction
l’attention est de mise.