J'irai manger des khorovadz

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J'irai manger des khorovadz

À 7 heures je suis déjà sur mes roues.
Une réflexion sur la suite du programme s’impose car mon visa russe
n’est valable qu’à partir du 1er septembre. En regardant la carte je
constate que je vais sûrement arriver avant cette date incompressible
étant entendu qu’il est hors de question que j’attende sagement à la
frontière. Deux options se présentent à moi : avancer plus lentement ou
rallonger le parcours. La première est éliminée d’office. Compte tenu de
mon inexpérience je craignais de prendre du retard et pourtant c’est la
situation inverse qui s’est produite. Je choisis donc de dérouter mon
périple par la Crimée. Il y aura des kilomètres en plus de nombreuses
collines à grimper de la fatigue en perspective une date à ne pas rater
mais l’appel de la découverte au goût d’ailleurs est le plus fort.
Un attroupement au loin attire mon attention. En approchant je
distingue un camion-remorque tombé dans le fossé entouré d’un étrange
nuage. Un chargement de ruches s’est renversé. Leurs milliers de
pensionnaires ont été libérées et elles cherchent maintenant à retrouver
leurs alvéoles. Il faut vite dépasser cette zone dangereuse avant de
risquer une attaque groupée. Beaucoup de producteurs sont installés le
long de ces routes. Ils proposent des légumes des fruits et du miel ainsi
que différentes sortes de poisson séché. Le bord de la chaussée est
souvent sale et encombré car les ordures sont jetées n’importe où et
n’importe quand.
J’avance à mon rythme tiraillé entre l’envie de rouler un maximum de
kilomètres par jour – à la fois pour le respect des délais et pour l’attrait
de la performance – et le désir de profiter du parcours de m’arrêter
d’admirer les paysages de prendre des photos de savourer le moment
présent tout simplement. J’avoue que je n’ai pas l’habitude de rouler en
en mode « gentil vagabondage » : il faut toujours que je sois en
mouvement c’est comme une envie de « rentabiliser » le temps. Je ne
reviendrai peut-être jamais dans ces endroits alors j’ai comme un besoin
viscéral d’en contempler le plus possible de remplir ma mémoire de tous
ces paysages et de toutes ces rencontres par peur de les perdre à tout
jamais. Aussi je choisis bien souvent de repousser l’arrivée quotidienne.
Je souscris pleinement à ces commentaires de Bernard Ollivier dans le

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