J'irai manger des khorovadz
roule à mes côtés tout en me posant des questions. Je reste concentré
vigilant aux bourrasques du vent du nord. Car le mistral souffle fort
aujourdâhui et me pousse de côté.
Après les allocutions publiques et le repas partagé les échanges se
poursuivent avec les amis. De la Drôme de lâArdèche et de beaucoup
plus loin ils sont venus mâaccompagner tout au long de cette journée
unique et si particulière. Puis vient le moment fatidique où nous devons
nous séparer où chacun va reprendre le cours de sa vie telle quâil lâa
laissée avant de venir. Sauf moi. Une nouvelle vie inconnue mâattend je
me mets en route avec ma nouvelle compagne sans oublier dâembrasser
ma femme une dernière fois. Lâémotion est palpable et les au revoir
sâéchangent dans les larmes contenues ou réelles.
Lâaventure commence avec lâespoir dâaller aussi loin que mon cÅur et
mon corps voudront bien me porter.
- Bon voyage!
- Fais attention à toi!
- Ne va pas traîner nâimporte où!
- Nâoublie pas de boire (je sais que je ne bois pas assez)!
- Donne-nous des nouvelles!
Jâinvite tous ceux qui veulent mâaccompagner à me suivre sur les
premiers kilomètres. La première à se précipiter câest Emma ma petite-
fille de deux ans poussée sur son tricycle par Anna sa mère. Elle
avancera de quelques mètres avant de laisser la place aux amis qui vont
mâescorter le long de la ViaRhôna en particulier Roger et Jean-Paul.
Quelques dernières photos-souvenir avec ma femme. Je mâapercevrai
plus tard hélas que rien ne sâest enregistré dans lâappareil : je nâavais
pas mis de carte mémoire... Une erreur de débutant dans la précipitation
des dernières minutes! Je me justifie en arguant que je ne connaissais
pas correctement ce nouveau concentré de technologie numérique. Ã
mon insu ma femme confie au journaliste de France 2 qui lâinterroge :
« Jâai quand même fini par dire oui car il était tellement persuadé de
devoir partir. Ãa ne lui arrive pas souvent dâavoir ce genre de conviction
surnaturelle. Quand il en a il se trompe rarement. »