J'irai manger des khorovadz
compétences informatiques étant limitées je suis tenu de trouver
rapidement une solution. Décidément ce départ est prodigieusement
chaotique.
Jâatteins en peu de temps Lons-le-Saunier où mâattend une journaliste
désireuse de mâinterviewer. Après ce rendez-vous je repars en
empruntant la grande route principale faute dâautre possibilité sinon Ã
tirer des bords sur les chemins vicinaux. Je nâimaginais pas le calvaire
quâallait représenter cette portion de la départementale 1083. Je
souhaitais avancer au plus vite nâayant pas trouvé de petite route
parallèle qui mâaurait permis dâesquiver cet axe difficile à deux-roues. Je
nâen mène pas large sur cette quatre-voies quand je sens le souffle de
rugissants mastodontes dâune supériorité arrogante : ils me dépassent Ã
plus de 100 km/h laissant échapper leurs flatulences qui me chatouillent
le nez. Me voici ébouriffé déstabilisé effarouché. Mais quâont-ils tous Ã
vouloir aller si vite? Câest encore plus spectaculaire dans les montées.
Avec ma vitesse maximale de 6 à 7 km/h jâespère quâils me voient assez
tôt avant de doubler. Je mâen souviendrai. Câest dans ces circonstances
que lâon se rend compte de lâattitude parfois inconsciente que nous
pouvons avoir vis-à -vis des cyclistes et piétons dès lors que nous
sommes à la place dâun conducteur. Le pire reste encore à venir... Il est
temps de quitter cette voie afin de rejoindre des routes plus
fréquentables. Jâarrive à un croisement et là un de ces monstres
métalliques sâarrête puisquâà première vue il nâavait pas la priorité. Au
dernier moment il repart me frôle et accélère. Le chauffeur sort
subrepticement la tête par la fenêtre en me croisant et il crie au passage :
« espèce de taré »! Un rapide regard à droite puis à gauche : personne.
Pas de doute cette gentillesse mâest destinée. Pas le temps de réagir il
est déjà parti. Peur de la réprimande? Je ne savais pas que rouler à vélo
couché faisait de moi un cinglé. Un doute mâeffleure. Et si câétait lui?
Cette invective était-elle de lâautodérision? Ne voyons pas le mal
partout...
Après cet épisode énigmatique jâatteins le petit village de Monay loin
de cette agitation et des turbulences motorisées. Dans la douceur dâun