J'irai manger des khorovadz

J'irai manger des khorovadz

temps – pas d’autre choix possible – et me contraindrait à parvenir
beaucoup trop tard au rendez-vous prévu. Je joins alors l’un de mes
contacts qui habite la prochaine grande ville dans cette direction
Vanadzor abritant un centre d’accueil de l’ONG « Espoir pour
l’Arménie ». Heureusement il est d’accord pour me recevoir et je
pourrai gagner cette destination à une heure convenable.

Je m’arrête à l’entrée de Stepanavan en raison d’un appel téléphonique
et je ne prête pas attention à deux dames une mère et sa fille qui
s’approchent de moi. Elles m’interpellent en arménien. Après les
salutations d’usage elles m’invitent à venir boire le thé chez elles. Vêtue
d’une robe rouge rayée de noir sur un caleçon moulant noir et cheveux
en queue de cheval Lia âgée d’une cinquantaine d’années se rapproche
et me prend par la main. Elle m’emmène fermement sans attendre. Je lui
emboîte poliment le pas toujours prêt à vivre une expérience dans le
quotidien des habitants des contrées traversées. Cinq minutes plus tard
alors que nous arrivons devant leur petit appartement au rez-de-chaussée
elle me demande si je veux manger. J’accepte avec reconnaissance car
justement je comptais bientôt m’arrêter. Nous nous installons à table et

celle-ci se couvre rapidement de mets du terroir : poivrons pain lavash^97

• ressemblant à celui de Géorgie – fromage gâteaux chocolats sans
  oublier la vodka de rigueur. Tandis que nous nous restaurons j’entends
  de la musique traditionnelle arménienne venir du salon où les deux filles
  de Lia se sont rendues probablement lassées par la longueur du repas.
  Ambiance festive elles sont en train de danser. La mère me propose de
  les rejoindre. Je n’ose pas refuser. Quand je pénètre dans la pièce un
  jeune garçon avachi dans le canapé habillé d’une couverture tissée
  marron doré contemple le spectacle ravi de n’avoir pas eu à y prendre
  part mais son répit sera de courte durée. Le mien aussi! Les filles
  arrivent à embarquer leur jeune frère et le contraignent à danser. La mère
  a l’air de s’éclater l’unique moment où je vais voir son visage

(^97) Fine galette faite de farine de sel et d'eau. Pain traditionnel d’Arménie inscrit depuis
2014 au patrimoine culturel immatériel de l’humanité.