J'irai manger des khorovadz

J'irai manger des khorovadz

atteindre le montant récolté. Un geste collectif dont je suis simplement le
petit messager sur deux-roues.
À l’intérieur un cocktail nous attend. Entre les journalistes et tous ceux
qui désirent m’aborder pas le temps de goûter au magnifique buffet
abondant et coloré qui a été préparé par les familles. Les enfants
espiègles sages jusqu’ici veulent un souvenir de la fête : ils ont envie
d’essayer mon vélo. Ils ne pourraient pas rouler avec néanmoins je leur
accorde le plaisir de s’installer sur le siège l’instant d’une photo. Ils sont
ravis. Ils se battent pour le tester chacun à leur tour.
Après le départ de la quasi-totalité des invités la directrice vient me
voir et désire trinquer solennellement avec moi. Pas de vodka
aujourd’hui c’est jus de fruits! Nous levons un verre avec l’équipe de
l’école. Genatz^110!
La vie n’est pas toujours facile ici. Je suis frappé de remarquer qu’il y
a surtout des femmes et des enfants présents. Nous en aurons
l’explication par la bouche même de la directrice qui nous raconte son
histoire représentative de maintes situations. Elle vit aujourd’hui seule
avec sa fille de douze ans car son mari est parti plusieurs années
auparavant : comme beaucoup d’hommes il est allé travailler en Russie
avec l’espoir de se procurer un salaire plus élevé pour soutenir le reste de
la famille restée ici sur place. Comme beaucoup il n’est jamais revenu.
Comme beaucoup il a probablement refait sa vie là-bas. Telle est la
douloureuse situation de nombreuses familles et dans cette localité
presque 80 % des résidents sont des femmes et des enfants.

Le calme revient sereinement et chacun retourne chez soi. La pression
retombe je suis en sas de décompression. Une fois le groupe et ma
femme repartis je flâne dans le bourg un peu groggy par l’intensité des
événements de ces dernières heures. Je veux appréhender le vécu des
habitants m’immerger dans l’atmosphère du village vivre le ressenti des
familles. Les enfants jouent en profitant des derniers instants de chaleur.
Les vaches sont ramenées à l’étable et ne se doutent pas en retraversant

(^110) À votre santé!