J'irai manger des khorovadz

(nextflipdebug2) #1
De l’élégance du pardon

ralentis. Sur ma droite j’aperçois des policiers qui bloquent la circulation
et nous laissent le franchir. Ensuite un croisement avec des feux de
signalisation se profile. Rouge à notre arrivée. Je m’apprête à stopper
mais le policier sur la gauche me fait des signes à grand renfort de coups
de sifflet en insistant pour que je m’engage quand même. D’autres
policiers immobilisent les voitures qui arrivent et nous passons sans
encombre. Tout d’un coup je prends conscience que nous sommes le
cortège officiel de la journée dans la capitale et que tous les carrefours et
feux rouges sur notre passage sont sécurisés avec des hommes en
uniforme à chaque croisement pour retenir les voitures et nous donner la
priorité! Comme si on descendait les Champs-Élysées escortés par des
policiers. Incroyable! Je n’ai pas le temps de me rendre compte de la
portée de cette étape finale. Les jeunes cyclistes devant et derrière me
disent d’avancer d’aller plus vite. Sur leurs vélos de 6 à 7 kilos ils
peuvent se le permettre ces graines de champions aux jambes profilées
dans leurs cuissards moulés! Avec mon vélo de 50 kilos c’est tout de
même plus laborieux! Dans les montées ils m’aiguillonnent et me
poussent afin que je roule plus rapidement. Ma fatigue commence à
devenir palpable après tous ces kilomètres et mon rythme s’en ressent.
Nous parvenons sur la célèbre place de la République où ma femme et
son groupe m’attendent et m’acclament en agitant des fanions. Je les
entends à peine. Nous nous engageons ensuite dans une grande avenue et
nous atteignons finalement le siège de l’ONG. À peine sommes-nous
arrivés que Harout le directeur en costume sombre et cravate vient à ma
rencontre sur le boulevard pour m’accueillir et me souhaiter la
bienvenue créant un embouteillage. Le bâtiment est décoré pour
l’occasion avec des fleurs des guirlandes et des drapeaux. Une grande
banderole a même été confectionnée spécialement en remerciement pour
mon périple au nom des enfants de Chirakamout. Le texte est écrit en
arménien en anglais et en français. Alors que je monte les marches du
perron la « Marseillaise » retentit et m’accueille suivie de « Mer
Hayrénik » l’hymne national arménien. Le président de la Fédération
Arménienne de Cyclisme est présent aux côtés du ministre de la
Diaspora ainsi que des représentants de différentes églises et d’autres

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