J'irai manger des khorovadz

Épilogue

payer une prime d’exemption. Kaspar n’en avait pas les moyens comme
beaucoup d’autres appelés.
Un kangal ce fameux chien de berger se prélasse devant la maison
assoupi dans la chaleur du soleil. Soudain un cri retentit :

• Ils arrivent ils seront bientôt là!!
  Le kangal sursaute se dresse sur ses pattes et se met à aboyer. À sa
  manière il alerte les voisins. Tout le quartier est dans la rue. L’attaque
  redoutée est désormais à leur porte.


• Les soldats turcs ne sont pas loin!!
  Branle-bas de combat général panique terreur l’angoisse se lit sur
  chaque visage et dans chaque regard. Que va-t-il se passer!? Où
  s’enfuir!?
  Ils connaissaient les rumeurs et avaient remarqué des fumées
  suspectes s’élevant à l’horizon ces jours derniers. Ils craignaient que cela
  n’arrive chez eux sans vraiment y croire. Pourtant aujourd’hui les
  soldats sont dans leur village. Et peu leur importe que les habitants soient
  sans défense le gouvernement de l’époque ne s’embarrasse pas de ce
  genre de considérations. Que faire face à la barbarie!? Ils ne sont pas
  préparés à affronter une telle haine.
  Zartar ne sait pas comment réagir. Partir mais de quelle manière!?
  Avec les deux enfants!? Impossible pour elle de les porter toute seule!!
  Laisser les enfants!? Inimaginable. Sa progéniture est là devant elle :
  Nartouhie dans son berceau et Khatoun insouciante en train de jouer.
  Zartar est déchirée et désespérée. Dans l’intensité du moment elle prend
  alors une décision impensable qui va complètement briser et accabler son
  cœur de mère. Elle ne peut pas s’échapper avec une petite fille de 4 ans
  et un bébé de 10 mois il faut en sacrifier une des deux. Pas d’issue à ce
  dilemme personne à qui demander de l’aide ou un conseil chacun est
  trop occupé à préparer sa propre fuite. Dans la pression l’urgence elle ne
  voit pas d’autre possibilité. Le cœur complètement anéanti la mort dans
  l’âme elle décide de laisser le bébé sur place. Le visage ruisselant de
  larmes elle saisit prestement la main de Khatoun l’entraîne vers la porte
  et se précipite à l’extérieur de la maison. Elles se mettent à courir. À la
  poursuite de leur avenir ailleurs. Où!? Personne ne le sait.