J'irai manger des khorovadz

La douche

couché de surcroît chargé – environ 50 kg au total – supporte plus
difficilement ce genre de sentiers. Je m’efforce de ne pas perdre ce jeune
qui de temps à autre vérifie malgré tout que je n’ai pas abandonné. Il ne
se rend pas compte du rythme qu’il m’impose! Enfin il me signale de
continuer en m’indiquant la bonne direction : comme il est arrivé chez
lui il met fin à son rôle de guide.
Par choix volontaire et par souhait de ne pas trop alourdir mon
équipement je n’ai pas de carte détaillée et pas non plus de GPS. Je n’ai
pas eu envie de tout planifier sinon l’aventure n’est plus une aventure. Je
crois même que j’aurais aimé vivre quelques années en arrière une
« vraie » aventure sans téléphone portable sans internet sans
ordinateur... Selon Théophile Gautier « l’un des grands malheurs de la
vie moderne c’est le manque d’imprévu l’absence d’aventures ». Je
partage sa vision. Ces appendices modernes sont un fil à la patte et
deviennent de plus en plus incontournables pour le meilleur et pour le
pire. Ils amènent leur lot de contraintes entre autres celle de trouver
régulièrement de quoi les recharger afin de combler leur soif insatiable et
indispensable d’énergie. Une préoccupation de plus pour nous et pour la
nature. Dans la préparation du périple j’ai commencé par prévoir des
étapes détaillées et envisager par quelles villes passer. Au bout d’un
moment considérant le temps que cela prenait et la complexité de
l’opération sur une telle distance j’ai rapidement abandonné l’idée. J’ai
simplement planifié quelques points de passage par les grandes localités
et pour le reste j’ai décidé de m’adapter à la réalité du terrain d’avancer
au jour le jour sans négliger la météo (que je n’ai jamais consultée) et
les informations des autochtones. Ce choix – le meilleur me concernant –
m’a permis de rester ouvert aux opportunités et de ne pas m’enfermer
dans un programme qui m’aurait confiné dans une autre routine celle de
la prévision de la « sécurité » m’éloignant ainsi de mon désir d’aventure
et de découvertes. Toutefois je ne devais pas oublier que j’avais une date
de retour impérative et une place déjà réservée dans l’avion.
Sur la piste balisée enfin retrouvée circulent de plus en plus de
cyclotouristes. Je me surprends à méditer sur une question
diplomatiquement sensible. Dans mon enthousiasme innocent de