J'irai manger des khorovadz

Km 1 500

qui ceinture la cité historique. De plus il n’est pas toujours facile de
comprendre les indications de direction et les noms de rues dans la
langue autochtone. Je passe plus d’une heure à la recherche de l’adresse
de mes hôtes du soir. Christian et sa femme m’attendaient patiemment.
Ils avaient préparé un délicieux repas vietnamien qui couronne
agréablement les efforts de cette longue journée. Nous partageons nos
expériences vélosophiques et ils me donnent des conseils pour la suite du
parcours sur lequel leurs vélos les ont déjà portés.

Après 1 500 km je décide de m’offrir mon premier jour de repos
d’autant plus que c’est dimanche. Finalement il sera consacré à marcher
une bonne partie de la journée pour visiter la ville. Au moins le vélo lui
se sera reposé...
Vienne est une métropole peuplée de près de deux millions
d’habitants pétillante et animée avec ses façades Art nouveau. La visite
de son centre historique occasionne de belles découvertes qui me
rappellent son statut de capitale de l’empire austro-hongrois jusqu’à la
Première Guerre mondiale. Des joyaux d’architecture nombreux et
chargés de traditions et de légendes jalonnent les passages où je me
promène. C’est une sensation étrange de ne plus avoir de pédales sous
les pieds. Plus besoin d’appuyer pour avancer le contact est direct avec
le sol!
Au détour de l’une de ces rues mon oreille est attirée par le son d’une
mélodie désuète. Ils sont là tous les deux debout sous leur parasol rouge
pétard. Lui géant filiforme vêtu d’une veste à petits carreaux et d’un
pantalon noir larges lunettes sur le nez et chaussures en cuir tourne la
manivelle sans allant légèrement incliné sur son orgue de Barbarie. À
ses côtés sa femme donne l’impression de s’ennuyer plantée dans ses
sabots en plastique rose flashy aux pieds. Tee-shirt vert bouteille
pantalon blanc les yeux scrutant les passants ses formes sont aussi
généreuses que celles de son mari sont strictes et étriquées. Un couple
improbable. Leur orgue est recouvert de tout ce qu’ils ont pu trouver
comme décorations discrètes : des dorures des bijoux brillants de
pacotille... Ils arrondissent sans doute leur retraite en détournant les