J'irai manger des khorovadz

(nextflipdebug2) #1
Le complexe de la castanea

Je suis absolument seul le long d’une prairie à l’herbe sagement verte
piquetée de fleurs sauvages d’un jaune d’or presque aussi éclatant que
l’insolent soleil du jour. Elles respirent la liberté et leurs pétales
murmurent de contentement. Comme moi en cet instant! J’aime ce
silence complice cette solitude lénifiante. Quand on me demande si ce
n’est pas trop dur de partir sans être accompagné je réponds toujours par
la négative. Je ne pense pas être capable de supporter en permanence
quelqu’un à mes côtés. La seule personne avec qui je voudrais être c’est
celle avec qui je partage ma vie depuis plus de trente ans. Elle aussi aime
les voyages mais elle ne ressent pas comme moi ce désir d’aventure de
surprises au quotidien qui poussent parfois jusqu’à la prise de risque.
Nous ne sommes pas assortis dans ce domaine. Elle accomplit à
merveille sa tâche d’assistante à distance et m’a bien souvent sorti de
situations épineuses. Cette complémentarité est une richesse qui me
procure l’équilibre indispensable pour aller loin...


Je reconnais que j’ai tendance à être plutôt solitaire et réservé. Discret
et effacé d’après ce que l’on dit. Dans la période de mes années lycée
quand un professeur posait une question – à part en mathématiques mon
point (toujours) faible – je me souviens qu’à maintes reprises je trouvais
les réponses appropriées mais je ne les donnais que très rarement par
crainte de parler en public et de me tromper redoutant la réaction des
autres. J’ai parfois vécu un décalage entre ce que je désirais accomplir et
ce que j’ai réalisé. Depuis l’enfance j’ai toujours préféré instinctivement
les activités plutôt solitaires (comme le modélisme la photo puis la
course à pied) ayant eu du mal à m’intégrer dans des activités de groupe
lorsque j’ai tenté l’expérience. Je n’ai pas compris que je m’enfermais
dans une bulle dans un monde à part. Un monde bienfaisant pour moi. Il
a fallu plus d’un demi-siècle avant que je comprenne qui j’étais vraiment
et que je puisse mettre un nom sur ma personnalité. D’enfant très timide
je suis devenu un adulte introverti. Ce type de personne qui ne sait pas
exprimer ses sentiments et faire valoir ce qui le motive peut inciter les
autres à le rabaisser. Il vit alors comme un souffre-douleur avec pour
conséquence le risque de développer un complexe d’infériorité. Une

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