J'irai manger des khorovadz
à lâextérieur je note sur le tableau une liste de mots aux caractères
étranges. Indéchiffrables! Il y a une appellation que je reconnais :
« Menu ». Quâà cela ne tienne ce sont les risques de lâaventure! Surtout
que le prix si jâai bien calculé semble anecdotique : deux euros et trente
centimes... Pas de quoi avoir des regrets. Je mâassieds discrètement à une
table et je commande.
- Ahoj (Bonjour) Menu please!
Je répète deux fois espérant que la serveuse attentionnée comprenne
le mot « menu » prononcé dans une autre langue que la sienne. Quelques
instants plus tard elle dépose devant moi une assiette de soupe bien
garnie dégageant un fumet velouté et suave avec quelques timides
morceaux de viande au centre. Du pörkölt le plat mentionné dans le
menu sur le tableau. Délicieux. Première expérience culinaire succulente
et concluante.
Encore une fois je nâai pas pu poster les cartes postales du pays que je
viens de quitter. Jây pense toujours trop tard. Procrastination? Comme je
me retrouve à 500 mètres de la frontière je retraverse le grand fleuve par
souci de mâacquitter de ma tâche en Slovaquie. Elles sont attendues ces
cartes et je ne veux pas décevoir les destinataires. Toutes leur
parviendront à lâexception de celles dâUkraine que jâavais confiées Ã
quelquâun sur place.
Le soir venant après bien des circonvolutions je trouve un lieu
accessible qui me paraît séduisant sur les rives du Danube à la
confluence avec le Váh â la plus longue rivière de Slovaquie imbue de
ses 403 km. Le coin nâest pas franchement propre dans cette banlieue de
Komarno où les autochtones viennent plonger leur corps dans lâeau
régénératrice. Lâendroit est colonisé aussi par les moustiques mais
dormir au bord de lâeau demeure une expérience dépaysante et agréable.
Sombrer dans le sommeil avec le clapotis des flots est magique et je
resterais volontiers des heures à écouter les vagues. Je pousse le luxe
jusquâà me baigner dans le fleuve pour la toilette malgré une
température trop fraîche à mon goût.
Ma satisfaction va vite se dissiper. Le bruit. Beaucoup de bruit. Mes
oreilles en sont les victimes indignées alors que je mâallonge. Tout