Botify et OpenClassrooms bénéficieront d’une bourse de 30.000 euros chacun, d’une formation au monde des affaires japonais,
ainsi que d’un voyage de quatre jours à Tokyo (photo). Photo Shutterstock
Déborah Loye
@Loydeborah
Les start-up françaises s ont de plus
en plus attractives, comme en
témoigne l’intérêt du groupe japo-
nais Dentsu pour l’écosystème. La
plus grosse agence de publicité du
Japon a passé plusieurs mois à ren-
contrer des jeunes pousses de
l’Hexagone, lors d’un roadshow
organisé en partenariat avec Fast-
Track, une entreprise qui aide les
start-up européennes à s’implan-
ter en Asie. Elle a finalement sélec-
tionné deux d’entre elles, Botify et
OpenClassrooms, leur décernant
deux prix comprenant une bourse
de 30.000 euros chacun qui vien-
dra financer un test commercial
avec un client de Dentsu, une for-
mation a u monde des a ffaires japo-
nais, ainsi qu’un voyage de quatre
jours à Tokyo.
Le groupe Dentsu fait face à la
transformation numérique en son
sein, mais aussi chez ses clients et
cherche des solutions technologi-
ques pour l’accompagner. L’écosys-
tème start-up japonais étant peu
développé, notamment à cause de
l’aversion au risque de sa popula-
tion, Keigo Aoki, General Mana-
ger chez Dentsu Innovation Initia-
tive, s’intéresse aux start-up
internationales. « J’ai été très
impressionné par les start-up fran-
çaises, comme par ce que le gouver-
nement fait pour elles », se réjouit-il.
Accès privilégié au marché
Pour ces dernières, le Japon repré-
sente un marché prometteur mais
difficile d’accès. Dentsu propose
ainsi de jouer les intermédiaires et
de leur offrir la légitimité néces-
saire pour approcher les entrepri-
ses japonaises. « Dentsu et Fast-
Track sont des références parfaites
pour arriver sur ce marché », con-
firme Adrien Ménard, cofonda-
teur et PDG de Botify. Sa start-up
commercialise des solutions de
gestion et d’optimisation du réfé-
rencement des contenus publiés
par ses clients sur Internet. Et ce
dernier est bien placé pour com-
prendre la valeur de ce partena-
riat : avant de créer Botify, il était
directeur commercial d’iProspect
France, une filiale du groupe japo-
nais. « Nous comptons déjà certai-
nes filiales de Dentsu parmi nos
clients et estimons que notre solu-
tion fait gagner 30 % de leur temps
aux consultants qui l’utilisent »,
indique-t-il.
Après avoir fortement développé
sa start-up aux Etats-Unis, Adrien
Ménard compte sur cette opportu-
nité pour réitérer ce succès. A
terme, il imagine pouvoir générer
20 % de son chiffre d’affaires en
Asie, dont 1 0 % au Japon. En plus d e
signer de nouveaux contrats avec
Dentsu, l’entrepreneur espère pou-
voir atteindre les clients internatio-
naux du groupe. « Notre logiciel est
une solution de performance marke-
ting, qui sert donc à augmenter les
revenus de ces clients », décrit-il. Ce
dernier compte déjà des marques
comme Nike, Expedia ou eBay à
son portefeuille.
Importance des valeurs
Chez OpenClassrooms, qui déve-
loppe une offre de formations en
ligne assurant une insertion pro-
fessionnelle, on a joué la carte des
valeurs de l ’entreprise e t des fonda-
teurs. « L’alignement des valeurs
entre deux partenaires est clef au
Japon », explique Ivan Bernard-
Brunel.
La start-up, qui met sa mission
sociale au cœur de son activité, fait
déjà tester sa plate-forme à Dentsu.
Le groupe pourrait ainsi venir
étayer son portefeuille de clients
entreprises, qui représentent
aujourd’hui plus de 50 % de son
chiffre d’affaires. « C’est un type de
société avec qui on travaille bien, se
réjouit l e cofondateur de la
start-up, Pierre Dubuc. Des entre-
prises internationales dont l’avenir
dépend d u bon fonctionnement de la
transformation digitale. » Keigo
Aoki compte en effet sur la jeune
pousse française pour permettre à
des salariés de Dentsu ainsi qu’à
ses clients de monter en compé-
tence sur le numérique, voire de se
réorienter. « Le besoin de formation
est très fort au Japon, corrobore
Ivan Bernard-Brunel. Open-
Classrooms se différencie par sa
capacité à apporter des solutions de
formation sur mesure, comme ils
l’ont fait avec Salesforce. »
Petit obstacle, tout de même, au
déploiement de la start-up au pays
du Soleil levant : son contenu n’e st
pas traduit en japonais. « Pour le
moment, ils testent n otre solution e n
anglais, ce qui convient pour une
partie de leurs c ollaborateurs, expli-
que Pierre Dubuc. Pour traiter
complètement le problème, il faudra
traduire les contenus, mais cela
représente des investissements
importants pour nous. » D’ici là, la
start-up souhaite profiter de sa
relation avec Dentsu pour se tour-
ner vers l’A sie du Sud-Est, où le
groupe est très présent.n
lLes deux start-up ont remporté le roadshow organisé par le leader japonais de la publicité.
lDentsu leur donnera une légitimité sur un marché important mais encore fermé.
Botify et OpenClassrooms iront
en Asie avec Dentsu et Fast-Track
INTERNATIONAL
« Au Japon, il faut vraiment adapter
son produit aux différences culturelles »
Propos recueillis par D. L.
R
esponsable de l’innovation
au sein du groupe japonais
Dentsu, Keigo Aoki pense
que les start-up françaises ont un
rôle à jouer dans la transforma-
tion numérique du pays. Il a coor-
ganisé un roadshow avec Fast-
Track et sélectionné deux jeunes
pousses, OpenClassrooms et
Botify, à qui il offrira un accès pri-
vilégié au marché japonais.
Pourquoi souhaitez-vous
travailler avec des start-up
françaises?
Nous sommes souvent perçus
comme une agence de publicité,
mais en réalité Dentsu est plus que
ça, nous avons une division média,
une division contenu et une divi-
sion sport. Sur tous ces métiers,
nos clients nous demandent de
nouvelles solutions numériques
pour engager leurs audiences, par
exemple. Les Japonais ont ten-
dance à être un peu conservateurs
et les entreprises peuvent avoir
peur d’être les premières à faire
bouger les choses. Nous tra-
vaillons déjà avec des start-up
stratégie aux différences culturel-
les. Par exemple, au Japon, les
relations personnelles sont très
importantes. Quand on fait
affaire avec quelqu’un, on veut
s’entendre si bien avec lui que l’on
peut imaginer aller pique-niquer
ensemble l e week-end. Nous som-
mes donc t rès attentifs aux
valeurs des fondateurs des
start-up avec qui n ous travaillons.
Qu’est-ce qui vous a séduits
chez OpenClassrooms
et Botify?
Le Japon fait face à des défis comme
le vieillissement de la population, le
fait que les jeunes diplômés ne pos-
sèdent pas de compétences numé-
riques et le manque de femmes
chez les cadres. L’outil d’Open-
Classrooms p eut aider les employés
à monter en compétences ou à se
réorienter, ce qui représente un
atout important face à ces défis.
Nous sommes persuadés que la pla-
nification stratégique de la
main-d’œuvre est critique pour la
transformation numérique des
entreprises, et elle ne pourra avoir
lieu qu’en donnant les bons outils
pour combler les lacunes de com-
pétences. Nous voyons donc un
grand potentiel de collaboration
avec OpenClassrooms.
Quant à Botify, nous trouvons
leur équipe de direction très quali-
fiée et nous percevons un fort
besoin de marché dans l’automa-
tisation du traitement des ques-
tions de référencement, qui sont
aujourd’hui très demandeuses de
main-d’œuvre. Ils ont déjà con-
vaincu de gros clients, comme
Nike, et cherchent activement des
opportunités en Asie, au Japon en
particulier. Nous pensons pouvoir
leur donner la chance d’accélérer
sur le marché japonais en joignant
nos forces.n
israéliennes et américaines sur ces
sujets-là. Mais les questions de
protection des données nous ont
poussés à nous t ourner vers
l’Europe. Grâce à notre partenariat
avec FastTrack, nous nous concen-
trons aujourd’hui sur la France.
Quelles sont les opportunités
pour ces start-up sur
le marché japonais?
Le Japon est un très grand mar-
ché et les entreprises ont du bud-
get à leur dédier. Mais les start-up
font face à cette peur du change-
ment. C’est là que nous interve-
nons, car nous aidons celles avec
qui travaillons non seulement en
signant des contrats avec elles,
mais aussi en leur permettant d’
acquérir la confiance du marché
japonais. Il faut en outre avoir à
l’esprit que pour réussir sur ce
marché il est nécessaire de vrai-
ment adapter son produit et sa
KEIGO AOKI General
Manager chez
Dentsu Innovation
Initiative
PUBLICATION JUDICIAIRE
AU PROFIT DES SOCIETES VILLEROY & BOCH
Par arrêt du 1 er juin 2018
confirmant partiellement un
jugement du TGI de Paris du
11 juin 2015, la Cour d’Appel de
Paris a :
- Dit que la tasse et la sous-
tasse New Wave Caffé, objets
des modèles internationaux
n° DM/060953 et DM/062696
appartenant à Villeroy & Boch
AG, sont protégeables au titre
du droit d’auteur et des dessins
et modèles ; - Dit que Cinar Tr ading BV et
Madame Tu il se sont rendues
coupables de contrefaçon de
droits d’auteur et de modèles
à l’encontre de Villeroy & Boch
AG et de concurrence déloyale
et parasitaire au préjudice de
Villeroy & Boch Arts de la Ta ble
pour avoir commercialisé des
articles de vaisselle reproduisant
les caractéristiques de la tasse
et de la sous-tasse New Wave
Caffé ;
- Condamné Cinar Tr ading BV
à payer à titre de dommages-
intérêts 100.000 € à Villeroy &
Boch AG et 200.000ۈ Villeroy
& Boch Arts de la Table ; - Interdit sous astreinte la
poursuite de ces agissements et
autorisé la publication d’extraits
de l’arrêt dans deux journaux
ou périodiques au choix des
sociétés Villeroy & Boch et aux
frais avancés de Cinar Tr ading
BV ; - Condamné Cinar Tr ading BV à
indemniser les sociétés Villeroy
& Boch au titre de leurs frais
de procédure et aux dépens
comprenant les frais de saisie
contrefaçon.
Pour extrait certifié conforme
Maître Stéphanie LEGRAND, Avocat
Cabinet LEGRAND LESAGE-CATEL GAULTIER
170, Boulevard Haussmann 75008 – PARIS
[email protected]
COMMUNIQUÉ
créé Fast-Track en 2013. L’entre-
prise travaille avec des scale-up
européennes générant au moins
20 millions de chiffre d’affaires,
principalement dans les secteurs
de la publicité (AdTech) et du mar-
keting (MarTech).
Alors que la société emploie
aujourd’hui 20 personnes dans
ses quatre bureaux de Singapour,
Sydney, Hong Kong et Tokyo, elle
n’accompagne qu’une start-up par
an. Et pour cause, les fondateurs
ont choisi de ne pas partir sur un
modèle de conseil, estimant que
ce dernier n’alignait pas assez les
intérêts des deux parties, mais sur
un modèle de joint-venture.
« Nous c ommençons par apprendre
à nous connaître pour être sûrs que
nos valeurs sont alignées, car c’est
essentiel pour aborder les marchés
asiatiques », indique Ivan Bernard-
Brunel. A près un p ilote de q uatre à
six mois, au cours d uquel s es équi-
pes doivent avoir trouvé entre 4 et
5 clients, Fast-Track investit dans
le capital de la filiale asiatique, à
hauteur de 49 %, et en gère le déve-
loppement.
Trois ans
pour faire ses preuves
« Notre rôle est d’être rentable au
cours de la première année, en
générant p lusieurs millions d e chif-
fre d’affaires », explique Ivan Ber-
nard-Brunel. Au b out de trois ans,
si les objectifs sont remplis, la
maison mère rachète les parts de
la filiale asiatique à Fast-Track.
L’entreprise a à ce jour accompa-
gné 8 start-up, c omme Unruly, qui
a développé une technologie per-
mettant de prédire si une vidéo va
devenir virale, StickyAds, une
adtech française depuis rachetée
par Comcast, ou encore Mobkoi,
spécialiste de la pub mobile pour
les marques de luxe. Fast-Tack
leur a permis de s’étendre à Singa-
pour, Sidney et Tokyo, ainsi qu’à
Hong Kong d ans le cas de Mobkoi.
—D. L.
Fast-Track aide les scale-up
à se développer en Asie-Pacifique
Alors que les scale-up françaises
se développent traditionnelle-
ment aux Etats-Unis après avoir
conquis plusieurs marchés euro-
péens, les différents marchés de
l’Asie peuvent leur sembler plus
complexes à aborder. C’e st dans
l’idée de les accompagner qu’Ivan
Bernard-Brunel et Alexandre
Olmedo, qui ont tous deux tra-
vaillé 18 ans sur ces marchés, ont
La société Fast-Track
propose aux start-up
de créer des filiales
asiatiques sur le modèle
des coentreprises. Elle en a
déjà accompagné huit.
START-UP
Les EchosMardi 5 novembre 2019