Le Monde - 15.10.2019

(Ron) #1

10 |france MARDI 15 OCTOBRE 2019


0123


LR choisit


Christian Jacob


pour mener


la lutte


Le député a été élu à la tête du parti


par 62 % des voix contre Julien Aubert


(21 %) et Guillaume Larrivé (16 %)


L’


heure est au soulage­
ment pour l’establish­
ment des Républicains :
l’actuel président du
groupe Les Républicains (LR) à
l’Assemblée, Christian Jacob, a été
élu président du parti dès le pre­
mier tour, dimanche 13 octobre,
sans que ses deux adversaires, les
députés Julien Aubert et
Guillaume Larrivé ne parvien­
nent à se hisser à un second tour.
La nouvelle est tombée, annon­
cée par le président de la Haute
autorité du parti, Henri de Beau­
regard : 62,58 % pour Christian Ja­
cob. Sous réserve d’éventuelles
réclamations d’ici à la proclama­
tion officielle mercredi 16 octo­
bre, « M. Christian Jacob sera donc
proclamé élu ». Le député du Vau­
cluse Julien Aubert réunit 21,28 %
des suffrages, le député de l’Yonne
Guillaume Larrivé 16,14 %.
Pour Christian Jacob, 59 ans, ces
62,58 % sonnent comme un pari
gagné. Après des remerciements
aux militants qui « se sont expri­

més en grand nombre et dans la
clarté », ce dernier a félicité ses
concurrents – « ils auront évidem­
ment toute leur place dans l’équipe
dirigeante » –, eu une « pensée
émue » pour son mentor, Jacques
Chirac, et lancé une mise en
garde : « Chacun sait la difficulté
de remettre sur les rails notre
mouvement qui, depuis sept ans, a
vécu tant de périodes critiques.
Nous n’y parviendrons que si tous
acceptent clairement de mettre
leurs ambitions personnelles et
leurs ego de côté pour se consacrer
exclusivement à la préparation de
notre projet d’alternance au
macronisme. »

Aucune contestation
« Rendez­vous aux municipales, a­
t­il ajouté. Ce sera un moment de
vérité entre le macronisme et le
lepénisme d’un côté, et nous de
l’autre. » Parmi ses priorités : res­
taurer l’autorité de l’Etat, lutter
contre « le poison du communau­
tarisme et de l’immigration incon­

chiraquien, a noté pour sa part :
« La loyauté, en ces temps trou­
blés, ça compte. »
Du côté des candidats malheu­
reux, aucune contestation. Julien
Aubert, qui a passé la soirée dans
sa circonscription à Carpentras,
lui a adressé ses félicitations, tout
en se disant « fier de [son] résultat
et d’avoir fait renaître nos idées ».
Guillaume Larrivé, après avoir lui
aussi adressé à Christian Jacob ses
félicitations républicaines, a
évacué les questions sur un éven­
tuel poste dans le nouvel organi­
gramme : « Je ne demande rien, je
suis un homme libre. »
Pour l’éternel second, ancien
syndicaliste agricole fidèle à l’ex­
trême aux chefs successifs du
parti, en commençant par
Jacques Chirac dont il fut trois fois
ministre, la mue en dirigeant de la
formation ne va pas de soi. « Je n’y
vais pas le pistolet sur la tempe, les
mains dans le dos, j’y vais parce
que j’ai envie », se justifiait en juin
celui qui brandit en étendard son
absence d’ambition présiden­
tielle et ses talents de rassem­
bleur pour assurer la survie de LR
jusqu’à la prochaine élection
présidentielle. Sa campagne a été
l’occasion d’un léger dépoussié­
rage : Christian Jacob, jusqu’alors
absent du réseau social, a investi
Twitter pour l’occasion.
Comme ses concurrents, il s’est
consacré, depuis le lancement fin
août de la campagne officielle, à
un patient tour des fédérations
composé d’une quarantaine
d’étapes. A ce jeu­là, le président
de groupe a souvent été favorisé
par les ténors locaux et ses
122 parrains parlementaires, qui

ont mobilisé leurs troupes pour
remplir les salles. Les militants,
parfois désorientés par l’absence
de figure de « chef » dans cette
élection, ont finalement fait le
choix d’un fidèle à l’histoire du
parti, plutôt qu’aux deux députés
quadras qui se proposaient d’in­
carner la rupture, le retour à une
ligne plus droitière pour Julien
Aubert, nostalgique du RPR, une
droite libérale et nationale pour
Guillaume Larrivé.
Pour un parti qui a vu ses trou­
pes fondre au fil des défaites élec­
torales, la participation était une
composante­clé. Elle aura été ho­
norable : sur 130 000 adhérents,
62 401 (47 %) ont participé au scru­
tin. A titre de comparaison, lors la
dernière élection interne de dé­
cembre 2017, Laurent Wauquiez
avait été adoubé avec 74,6 % des
suffrages exprimés et une partici­
pation d’à peu près 100 000 adhé­
rents sur 260 000 (42,5 %).
Plusieurs défis attendent l’an­
cien maire de Provins. D’abord,
préserver aux prochaines élec­
tions municipales le trésor de
guerre d’élus locaux acquis lors de
la vague bleue de 2014. En ce

domaine, il sera appelé à trancher
des investitures polémiques qui
menacent de diviser sa famille
politique, notamment à Marseille
(Bruno Gilles et Martine Vassal) et
à Nice (entre le maire sortant
Christian Estrosi et son rival Eric
Ciotti) ou encore Paris, où Ra­
chida Dati ne fait pas l’unanimité.
Au niveau interne, le président
de groupe entend « proposer très
rapidement une équipe dirigeante
renouvelée qui fera une place si­
gnificative aux élus des territoi­
res ». Le bureau politique, plus
large, sera lui renouvelé après les
municipales, a­t­il précisé.

« Ce n’est pas tenable »
En outre, quelques figures jeunes
semblaient espérer de ce scrutin
une promotion, comme le député
du Pas­de­Calais Pierre­Henri
Dumont, assidu à ses côtés pen­
dant la campagne. A l’Assemblée,
Christian Jacob devra se pronon­
cer, en premier lieu, sur son
départ, immédiat ou non, de la
présidence du groupe. « Ce n’est
pas tenable dans la durée de faire
les deux », estimait­il avant l’élec­
tion. Certains, dans les starting­
blocks pour le remplacer, redou­
tent la longueur de la transition.
Plus largement, il lui reviendra
de sortir la droite de l’ornière dans
laquelle elle est tombée depuis
l’élection d’Emmanuel Macron,
piégée entre un parti majoritaire
dont l’action convient à nombre
de ses anciens électeurs et le Ras­
semblement national, qui mono­
polise le vote d’opposition.
Et de contenir les défections, à
l’heure où deux nouveaux dé­
parts ont émaillé le week­end :
l’ancien premier ministre Jean­
Pierre Raffarin, après avoir sou­
tenu la liste de LRM aux euro­
péennes, a annoncé au « Grand
Jury » RTL­Le Figaro­LCI, qu’il allait
« évidemment » quitter le parti en
ne renouvelant pas sa cotisation.
Et dans l’Hérault, le sénateur Jean­
Pierre Grand s’en va, lui aussi, ci­
tant « une opposition déraisonna­
ble, un discours de jour en jour plus
droitier, des rapprochements assu­
més avec l’extrême droite dans
mon département ». Pour faire
mentir ces critiques et redorer le
blason de la droite républicaine, la
pente s’annonce raide.
julie carriat

Christian Jacob, après son élection à la tête du parti Les Républicains, le 13 octobre, à Paris. MARTIN BUREAU/AFP

G O U V E R N E M E N T
Le Maire ne sera pas
commissaire européen
Le ministre de l’économie et
des finances, Bruno Le Maire, a
exclu, lundi 14 octobre, de bri­
guer le poste de commissaire
européen au marché intérieur,
après le rejet par le Parlement
européen de la candidature de
Sylvie Goulard. « Je ne suis pas
candidat à la commission euro­
péenne (...) Ma préférence [va] à
rester ministre de l’économie et

des finances », a­t­il déclaré
sur Franceinfo. – (AFP.)

T E R R O R I S M E
Tuerie de la Préfecture
de police : cinq
interpellations
Cinq personnes de l’entourage
de l’auteur de la tuerie à la Pré­
fecture de police ont été inter­
pellées, lundi 14 octobre, dans le
Val­d’Oise, a appris l’AFP de
sources judiciaires et proches
de l’enquête, confirmant une

information de RTL. Ces arres­
tations et des perquisitions ont
eu lieu à Gonesse, Sarcelles et
Le Thillay, une dizaine de jours
après l’attentat du 3 octobre, au
cours duquel Mickaël Harpon a
tué quatre collègues avant
d’être abattu. Un imam qui offi­
ciait dans une salle de prière de
Gonesse fréquentée par le
tueur ferait partie des person­
nes interpellées, selon une
autre source proche de l’en­
quête. – (AFP.)

Ses soutiens ont
salué un résultat
clair, lui donnant
les moyens
d’œuvrer au
rassemblement
qu’il appelle
de ses vœux

Raffarin va quitter LR, « évidemment »


Ce n’est pas la première fois que Jean-Pierre Raffarin laisse
entendre que son départ du parti Les Républicains (LR) est immi-
nent. Dimanche, au « Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI », il a une nou-
velle fois déclaré : « Je vais partir des Républicains, évidemment ».
« Cela fait dix fois qu’il annonce son départ! », a commenté Chris-
tian Jacob à peine élu à la tête de LR, avant d’ajouter que pour
lui, « c’était déjà fait ». En janvier, l’ex-premier ministre avait pré-
cisé être à jour de cotisation chez LR, mais toujours tenté de par-
tir, avant d’annoncer en mars son soutien à la liste La République
en marche (LRM) aux européennes. Dimanche, il semblait
assurer que ce départ était le bon, expliquant que son adhésion
cesserait une fois une période de grâce d’un an écoulée,
tout en se ravisant sur un point : plus question de rejoindre LRM.
« J’ai quitté la politique partisane, ce n’est pas pour y retomber. »

trôlée », mais aussi « combattre la
paupérisation des classes moyen­
nes et des retraités ».
Ses soutiens ont salué un résul­
tat clair, lui donnant les moyens
d’œuvrer au rassemblement qu’il
appelle de ses vœux. « La victoire
de Christian Jacob dans ces condi­
tions, avec une belle mobilisation,
va nous permettre de reconstruire
sereinement notre famille politi­
que », a déclaré, rue de Vaugirard à
ses côtés, le député des Alpes­Ma­
ritimes Eric Ciotti. Le député du
Loir­et­Cher Guillaume Peltier,
qui avait un temps songé à se
présenter avant de se rallier au

présentent

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