Les Echos Lundi 14 octobre 2019 FINANCE & MARCHES// 31
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Ira-t-il jusqu’aux prises de con-
trôle? « Les sorties de cote en France
restent difficiles compte tenu des
seuils de retrait obligatoires. Mais
quand la liquidité des titres devient
insuffisante, cela devient une ques-
tion potentiellement intéressante »,
estime Serge Weinberg.
Le dirigeant se dit prêt à accueillir
également d’autres équipes de stra-
tégies complémentaires : « Nous
avons déjà regardé de tels projets et
nous restons intéressés. » En atten-
dant, il prend pied dans les fonds
d’impact (à dimension sociale). « Ce
n’est pas un phénomène de mode, c’est
une attente des consommateurs et des
salariés tout à fait compatible avec la
performance », dit le dirigeant qui a
dégagé des taux de rendement net
annuel à deux chiffres ces dernières
années. L’important, souligne-t-il,
est de s’astreindre à des objectifs
extrafinanciers extrêmement précis
pour éviter les effets d’annonce.
Ainsi, plus de 50 % de la plus-value
des équipes de gestion dépendra du
respect de ces critères.n
t-il. « Nous nous trouvons dans une
situation paradoxale : la France n’a
pas de fonds de pension à la diffé-
rence d’autres pays, et le déficit
d’investisseurs français en fonds pro-
pres est accru mécaniquement par la
baisse des taux! »
Serge Weinberg appelle donc à la
rigueur. Et ce, d’autant que « la
masse de capital que les fonds doivent
investir n’a pas pour corollaire la
croissance des transactions. Il faut
être extrêmement sélectif à l’achat ».
Ceci impose de se diversifier, au lieu
de se laisser entraîner dans la course
à la taille où les fonds, aujourd’hui,
s’engouffrent. En quatorze ans,
Weinberg Capital a franchi la barre
du milliard d’euros dans le capital
développement « sans dette d’acqui-
sition » et l’immobilier. En avance
sur ses pairs qui cherchent de nou-
velles opportunités en Bourse – le
nombre de tentatives de retrait de
cote est à un pic en Europe, d’après
Goldman Sachs –, il s’est lancé dans
la prise de participations minoritai-
res dans des sociétés cotées dès 2015.
« Jusqu’à quel point le remède est-il pire que la maladie? »
s’interroge Serge Weinberg. Photo Marthe Lemelle/WCP
Véronique Le Billon
@VLeBillon
— Bureau de New York
A taille différente, règles diffé-
rentes. La Réserve fédérale a
adopté jeudi une réforme
qui module les exigences en
matière de fonds propres et de
liquidités pour les banques en
fonction de leur taille. Cette
refonte des r ègles, souhaitée par
l’administration Trump et par le
Congrès, va dans le sens d’un
allégement des obligations nées
de la crise financière de 2008.
Les modifications ne s’applique-
ront toutefois pas à toutes les
banques. Ainsi, les huit plus
grandes banques de la place
(Bank of America, Bank of New
York Mellon, Citigroup, Gold-
man Sachs, JPMorgan Chase,
Morgan Stanley, State Street et
Wells Fargo), qui présentent un
risque systémique pour le sys-
tème financier, ne verront pas
leur situation changer.
Testaments bancaires
Pour les banques de plus petite
taille, l’allègement des con-
traintes en matière de fonds
propres, de liquidité ou de
périodicité des revues à effec-
tuer (tests de résistance, « testa-
ments » en cas de crise...) sera
lui-même fonction de la taille
du bilan. Il bénéficiera aux ban-
ques régionales, ainsi qu’aux
filiales de banques étrangères
(HSBC, Barclays, Deutsche
Bank, BNP Paribas...). A la satis-
faction d e ces dernières, le régu-
lateur n’a pas souhaité faire de
distinction entre les banques
BANQUE
CENTRALE
Le régulateur
bancaire a annoncé
jeudi que les exigen-
ces de fonds propres
et de liquidités
seront abaissées
pour les banques
de taille moyenne.
Les plus grands
établissements
n’en profiteront pas.
américaines et les étrangères.
Des critiques avaient pourtant
émergé au moment de la crise
financière, la faiblesse des
dépôts dans ces filiales ayant
pesé sur leur liquidité et imposé
aux autorités de venir à leur
secours. La légitimité d’une
régulation différenciée devrait
plutôt se discuter au niveau
international, estime la Fed.
Selon le régulateur, ces nou-
velles règles vont au total
réduire d’environ 0,6 % les exi-
gences de fonds propres, ce qui
représente environ 11,5 mil-
liards de dollars, et de 2 % celles
concernant le niveau demandé
pour les liquidités, soit l’équiva-
lent de 53 milliards de dollars.
La refonte des obligations ne
fait pas l’unanimité. Selon les
documents publiés à l’issue du
Conseil de la Fed, une membre
du directoire, Lael Brainard, a
voté contre une partie des
mesures, jugeant qu’elles
allaient « au-delà » des directi-
ves du Congrès réclamant un
assouplissement des règles
pour les banques ayant des
actifs inférieurs à 250 milliards
de dollars. La refonte « affaiblit
les garde-fous au cœur de notre
système avant qu’ils aient été
testés au cours d’un cycle com-
plet », a-t-elle jugé dans un
communiqué.
« Toutes ces règles conservent
de strictes exigences pour les éta-
blissements les plus importants
et les plus complexes parce qu’ils
présentent les risques les plus
significatifs pour notre système
financier et notre économie », a
jugé le président de la Fed,
Jerome Powell, tandis que « les
établissements p renant moins de
risques vont voir leur fardeau
réglementaire s’alléger ». La
réforme entrera en vigueur
soixante jours après que les
autres instances de régulation
auront à leur tour donné leur
accord.
En début de semaine, les cinq
régulateurs fédéraux du sec-
teur bancaire américain ont
également précisé les nouvelles
règles qui s’appliqueront aux
banques en matière de trading
pour compte propre. Là aussi,
c’est la taille du bilan qui a été
prise en compte pour moduler
les contraintes.n
La Fed allège
les contraintes
des banques
de taille moyenne
La Fed prolonge ses interventions
sur le marché interbancaire
A la suite des difficultés renouvelées du marché inter-
bancaire américain, la Réserve fédérale a annoncé
une série de mesures pour tenter d’améliorer la liqui-
dité de manière plus pérenne. A compter du 15 octo-
bre, la Fed, qui assure qu’il ne s’agit pas d’un « change-
ment de politique monétaire », achètera des bons du
Trésor à hauteur de 60 milliards de dollars par mois
au moins jusqu’au deuxième trimestre 2020. Elle
poursuivra également des opérations « repo » (rachat
des prises de fonds en pension) au moins jusqu’à la fin
janvier 2020. Il s’agira d’opérations bihebdomadaires
« d’au moins 35 milliards de dollars par opération » et
une opération quotidienne « initialement au moins à
hauteur de 75 milliards de dollars par opération ».
Anne Drif
@AnnDrif
« L’inflation des prix est dangereuse
à un moment où l’économie ralen-
tit. » Quand, à la veille de la crise
financière, Serge Weinberg quitte
le groupe de François Pinault pour
créer s a société d’investissement en
2005, il fait le choix de ne pas inves-
tir pendant près de deux ans, au pic
de la bulle LBO. Dix ans après la
débâcle financière, celui qui pré-
side également aux destinées du
géant pharmaceutique Sanofi,
alerte de nouveau : « Les taux bas,
voire négatifs, amènent une survalo-
risation des actifs incohérente avec
la décélération de l’économie. Dans
un monde où les nationalismes
s’exacerbent, le politique a besoin de
leviers. Or les stimuli budgétaires et
monétaires sont déjà utilisés à
plein », dit-il dans un entretien aux
« Echos ». Dès lors, interroge-t-il,
« quelle réserve reste-t-il en cas
de choc exogène, qu’on ne peut
exclure compte tenu des tensions
géopolitiques? »
« Situation paradoxale »
Le dirigeant dit ainsi avoir du mal à
comprendre les choix de la Banque
centrale européenne (BCE), qui
continue d’injecter des liquidités à
des taux négatifs. « Jusqu’à quel
point le remède est-il pire que la
maladie? C’est une question légi-
time. » Le non-coté, hyperrentable,
profite certes des taux bas pour atti-
rer des masses de capital. Mais ces
taux conjugués avec les contraintes
de solvabilité pénalisent en France
des acteurs clefs du capital-investis-
sement, les assureurs-vie, déplore-
Non-coté : Serge Weinberg tire
la sonnette d’alarme
lLa flambée des prix est « dangereuse » dans la phase de ralentissement
économique actuelle, estime le fondateur de Weinberg Capital.
lSerge Weinberg, dans un entretien aux « Echos », dit avoir du mal
à comprendre les choix de la BCE.
CAPITAL-
INVESTISSEMENT
15 milliards, et Hellman & Fried-
man plus de 14 milliards comme
Cinven.
Flambée des prix
Les opportunités, rares, ont fait
flamber les prix d’acquisition à un
pic historique, à 11 fois l’Ebitda l’an
dernier. Des valorisations qui
dépassent toujours les 9,7 fois.
Mais plutôt que de réduire la voi-
lure, Goldman Sachs, comme JP
Morgan, s’attaque à trouver de nou-
velles cibles pour les fonds. Elles
lancent leurs banquiers d’affaires à
la chasse aux entreprises non
cotées de moins de 2 milliards
d’euros. Des entreprises trop peti-
tes, d’ordinaire, pour qu’elles s’y
intéressent, mais devenues
aujourd’hui prioritaires avec
l’afflux de liquidités qui vient irri-
guer le capital-investissement.
« Couvrir les grosses entreprises
privées ou cotées en Bourse ne suffit
plus. Le nombre de sociétés qui
accueillent du capital privé est gran-
dissant. Les tentatives de retrait de
cote explosent en Europe. Il faut
répondre présent très tôt, dès que les
entreprises, même de taille moyenne,
accélèrent leur croissance », déclare
Céline Méchain, associée de Gold-
man Sachs chargée de la couver-
ture des fonds d’investissement à
Paris. C’est elle q ui va p iloter la décli-
naison française de la nouvelle
équipe mondiale de Goldman
Sachs baptisée « Cross market
Group » et qui est chargée de s’atta-
quer à « ce nouvel univers encore peu
couvert par les banques d’affaires ».
La banque américaine a déjà
dans le viseur environ 1.200 entre-
prises privées e n Europe, dont à peu
près 500 en France, de 300 millions
à 2 milliards d’euros de valorisa-
tion. Elle a une vision assez précise
de ceux qu’il faut convaincre pour
les céder : elles accueillent à 70 %
des investisseurs financiers à leur
capital, à 20 % des familles ou un
entrepreneur. Les 10 % restants
sont des « fast moving companies »
dans l’économie digitale, les fin-
techs, la tech ou la biotech.
—A. D.
Les banques américaines partent
en chasse de nouvelles cibles
Avec les taux bas, 2019 devrait
s’achever sur un record de capital
levé en capital-investissement,
selon Goldman Sachs. Mais la sur-
chauffe du secteur n’inquiète pas
vraiment les banques américaines.
Plus de 19 méga fonds sont en
voie de lever 185 milliards de dollars
dans le monde. Et ce, alors que les
sociétés d’investissement ont, déjà,
un record de capital à déployer, y
compris en Europe (194 milliards
de dollars en stock chez les fonds de
LBO). Rien que sur le Vieux Conti-
nent, le suédois EQT et le britanni-
que CVC doivent chacun investir
plus de 16 milliards, Ardian plus de
Malgré la surchauffe des
prix et l’afflux de liquidités,
les banques américaines
restent convaincues de
la résistance du non-coté.
Pour combler
le manque de cibles,
Goldman Sachs veut
investir le marché
des 1.200 entreprises
privées de taille
moyenne en Europe.
« Les taux bas,
voire négatifs,
amènent une
survalorisation
des actifs
incohérente avec
la décélération
de l’économie. »
SERGE WEINBERG
Fondateur de Weinberg Capital
et président du conseil
d’administration de Sanofi.