rielle de son portefeuille, avec, pour
ce qui nous concerne, une préfé-
rence de plus en plus marquée pour
les valeurs respectueuses des critè-
res de l’investissement socialement
responsable, dits ESG ».
Nadine Trémollières, chargée
du pôle Primonial Portfolio Solu-
tions du groupe Primonial souli-
gne, quant à elle, « la nécessité de
mixer sur le plan des actions les sty-
les de gestion “growth” et “value”»,
respectivement centrés sur des
valeurs en forte croissance (tech-
nologie, agroalimentaire, phar-
macie, luxe, etc.) et des valeurs
plus cycliques (bancaires, auto-
mobiles, services aux collectivités
locales, etc.) dont la décote actuelle
offre du potentiel. Dans la même
veine, « il faut consolider avec un
peu de secteurs plus défensifs
comme la santé, par exemple, et au-
delà des seules actions cotées, pen-
ser, sur un horizon de placement de
dix ans ou plus, au private equity
qui a la vertu intrinsèque d’être
décorrélé des marchés financiers et
d’offrir de belles perspectives de ren-
tabilité à terme », poursuit Nadine
Trémollières.
Pour parfaire cette diversifica-
tion multidimensionnelle, les pro-
fessionnels s’accordent sur l’inté-
rêt d’injecter dans son portefeuille
une dose de gestion flexible et un
quota de fonds structurés. « La
volatilité des marchés est favorable à
ce type de solutions », rappelle
Xavier Bélis. Elles n’ont donc, a
priori, pas fini de faire leurs preu-
ves cette année!
—Laurence Delain
avec une telle toile de fond, il convient
de jouer sur une diversification en
deux dimensions celle du choix des
supports d’investissements et des
modes de gestion tout en se convain-
quant des vertus d’un market-timing
“c ontrariant”, qui consiste à vendre
lorsque les marchés sont hauts et
acheter lorsqu’ils sont bas », résume
Hervé Tisserand, cofondateur et
directeur général du courtier en
ligne Altaprofits.
« Les turbulences sont souvent
sources d’opportunités, il faut donc
être en capacité de les saisir en agré-
geant à la fois les types d’actifs, les
styles de gestion et les zones géogra-
phiques d’investissement », con-
firme Christophe Brulé, qui rap-
pelle notamment que « les
“c ultures actions” diffèrent d’un
pays à l’autre, avec des flux d’actifs
et des profondeurs de marché plus
ou moins marqués, selon par exem-
ple que les fonds de pension sont ou
non développés ». A cet égard,
Xavier Bélis demeure confiant
dans « la bonne dynamique du
marché américain, même si cela
n’empêche pas, bien sûr, une répar-
tition à la fois géographique et secto-
économique. Ainsi, sur 30 ans, de
1988 à 2018, elles génèrent un taux de
rentabilité interne (TRI) de 8,3 % et
de 13,7 % sur 40 ans », détaille Char-
les-Henri de Marignan, analyste
senior à l’IEIF.
Consolider avec un secteur
comme la santé
Certes, se projeter dans le temps
exige d’emblée de se poser les bon-
nes questions pour ne pas se trom-
per de cap : que recherche-t-on (de
la plus-value, des revenus réguliers,
de l’optimisation fiscale...), pour-
quoi (épargne projet, soutien des
enfants, retraite, transmission...), à
quelle échéance, en fonction de
quelles contraintes financières,
juridiques, fiscales, etc.? Mais une
fois que l’on a clairement établi sa
feuille de route patrimoniale, on
peut entrer dans le vif du sujet et
réfléchir, en fonction de son hori-
zon d’investissement, à son alloca-
tion d’actifs. « Nous sommes dans
une configuration inédite de produits
de taux qui ne rapportent plus rien,
de marchés actions relativement
chers et volatils et de places immobi-
lières sous tension. Pour composer
Pour Latifa Kamal, directrice
développement produits et ingé-
nierie patrimoniale du groupe Pri-
monial, « il devient plus urgent que
jamais de faire preuve d’une pédago-
gie constante sur les choix de gestion
financière, en rappelant, quitte à se
répéter indéfiniment, combien il est
indispensable d’inscrire ses straté-
gies de placements dans la durée, en
fonction d e sa propre situation patri-
moniale et des objectifs poursuivis ».
Une position que partage Christo-
phe Brulé, directeur général
adjoint de la banque Degroof Peter-
cam France. « Les marchés sont
trop volatils pour émettre des préco-
nisations de court terme, et nous
sommes résolument adeptes de la
notion de “long term value”, à savoir
la création de valeur dans le temps ».
Une étude de l’IEIF (Institut de
l’épargne immobilière et foncière)
publiée en septembre dernier et
portant s ur l a rentabilité des princi-
paux placements des Français sur
des durées de 5 à 40 ans en atteste.
« Sur longue période, les actions pré-
sentent des niveaux de performan-
ces particulièrement robustes par
leur capacité à capter la croissance
nible revient à perdre de l’argent.
« Les personnes qui ont placé leurs
liquidités à court terme depuis 2004
ont vu, après inflation, leur capital
fondre de 8 % », calcule Xavier B élis,
responsable des produits et servi-
ces chez UBS France. UBS fut
d’ailleurs parmi les premiers éta-
blissements de gestion de fortune à
annoncer sa décision de taxer, en
Suisse, les dépôts supérieurs à
500.000 euros. Mais rien n’y fait.
Avivée par les crises de 2001 et de
2008, l’allergie des Français à la
prise de risque l’emporte sur la
rationalité.
Configuration inédite
Toutes les études menées sur le
comportement d’investissement
des particuliers confirment peu ou
prou que la sécurité demeure le pre-
mier critère de choix devant le ren-
dement attendu du placement, sa
disponibilité et les frais. Une cons-
tante qui va de pair avec le faible
niveau de connaissance financière
des Français, lesquels ne s’en
cachent pas. Selon une enquête
Audirep-Banque de France publiée
au printemps, 77 % des sondés
jugent leurs compétences en la
matière moyenne ou faible et
« 60 % ne maîtrisent [ni] l’effet de
l’inflation sur leur pouvoir d’achat
[ni] le calcul d’un i ntérêt sur u n place-
ment ».
L
es chiffres sont aussi têtus
que les épargnants. Le
CAC 40 a beau, depuis le
début de l’année, caracoler fré-
quemment au-dessus de la barre
des 18 % et le taux de l’OAT 10 ans
avoir enfoncé la ligne de flottai-
son, les « ménages français restent
résolument averses aux risques en
limitant autant que possible leur
exposition aux produits ne bénéfi-
ciant pas de garantie en capital »,
commente Philippe Crevel, direc-
teur du Cercle de l’Epargne, statis-
tiques à l’appui. L’encours du
Livret A se rapproche désormais
de la barre s ymbolique des
300 milliards d’euros (298,5 mil-
liards d’euros fin août).
Et globalement, au premier tri-
mestre 2019, l’ensemble des pro-
duits de taux (dépôts à vue, épar-
gne réglementée, assurance-vie
en euros) captaient plus de 60 %
des 5.153,8 milliards d’euros de
stocks de placements financiers
enregistrés à cette date. « Au pre-
mier trimestre, les particuliers,
découragés par la chute des cours
boursiers fin 2018, se sont désenga-
gés du marché des actions et, sur
cette même période, les flux des
actions détenues indirectement via
la gestion collective sont dans le
rouge », ajoute Philippe Crevel.
Pourtant, on sait que miser
aujourd’hui sur une épargne dispo-
BOURSE// Dans un contexte boursier ultrasensible aux mauvaises nouvelles et face à des taux longs négatifs,
optimiser le rapport rendement-risque est devenu un défi. Eventail des solutions proposées aux épargnants.
Comment échapper à la volatilité
des marchés financiers
le bon « market timing ». Alors,
que faire lorsque les marchés
s’affolent?
(^1) ÉVITER DE TOUT SOLDER
Pour Christophe Brulé, directeur
général adjoint d e la banque
Degroof Petercam France, vendre
est, sauf circonstances extrêmes
(accidents d e la vie), la moins b onne
des solutions. « Sortir du marché
suppose de basculer sur du cash,
donc éroder son capital avec des taux
de rémunération négatifs, et on est
pratiquement sûr dans l es c onfigura-
tions très volatiles que nous connais-
sons de ne jamais revenir au bon
moment. »
Fermer son compte titres se
solde par ailleurs sur le plan fiscal
par une taxation des plus-values
de 12,8 % majorée de 17,2 % de
prélèvements sociaux. A noter :
on peut toujours opter pour le
barème progressif (avec abatte-
ments à la clef selon la durée de
détention) pour les titres acquis
avant 2018. Et si on détient ses
titres dans le cadre d’un PEA, seuls
les prélèvements sociaux seront
dus après cinq ans d’immobilisa-
tion. On peut, en revanche, couper
certaines positions pour éviter
d’aggraver ses pertes sur une
valeur dont le rebond paraît com-
promis à long terme.
(^2) ARBITRER À BON ESCIENT
« L’imprévisibilité des marchés
génère des opportunités suscep-
tibles de faire fructifier son porte-
feuille », rappelle Hervé Tisse-
rand, directeur général de
Altaprofits. Seul problème, les sai-
sir au bon moment exige dextérité
et expertise. « On sort souvent trop
tôt ou trop tard et, devant la fébrilité
des marchés en phase de baisse, les
rebonds s’avèrent très brutaux, on
a donc de fortes chances de man-
quer la bonne fenêtre de reprise,
ce qui rend l’allégement contre-
productif, estime Christophe
Brulé. Or, une étude montre que
si vous avez été désinvesti pendant
les quatre meilleurs jours boursiers
de la période 2005-2015, la perfor-
mance annualisée de votre porte-
feuille passe de +3,5 % à – 0,4 %! ».
L’imposition qui s’enclenche
(PFU de 30 % depuis 2018) n’est
pas non plus sans effet sur les
sommes récupérées au gré de ces
arbitrages.
(^3) TENDRE LE DOS
C’est ce que recommandent dans
leur grande majorité les profes-
sionnels. « Il faut conserver son
allocation d’actif sur l’horizon de
temps que l’on s’est fixé, conseille
Aurore Gaspar, directrice géné-
rale adjointe de Boursorama.
« Cela permet d’accumuler les
dividendes lesquels réinvestis sur
dix ans, entre 2008 et 2018, ont
multiplié par deux la rentabilité
d’un placement 100 % CAC 40 et on
évite également dans ce cas tout
frottement fiscal », indique Chris-
tophe Brulé. —L. D.
« Vendre au son du violon et ache-
ter au son du canon », l’adage bour-
sier est aussi connu que peu suivi,
du moins par les particuliers déten-
teurs d’actions qui ont générale-
ment le plus grand mal à trouver
Faut-il, en cas de chute
brutale des marchés,
tenir le choc, couper ses
positions, jouer la baisse?
La question est délicate et
appelle le regard d’experts.
Les bonnes stratégies face aux turbulences
REGARD D’EXPERTS
Le PEA reprend des couleurs
Avantagé par la loi Pacte, le plan d’épargne en actions
gagne en souplesse. Déjà exonéré d’impôt au bout de cinq
ans de détention (sauf prélèvements sociaux), le PEA ne
sera plus obligatoirement clos en cas de retrait interve-
nant à cette échéance comme c’était le cas jusqu’à pré-
sent (huit ans minimum pour conserver la jouissance de
son plan). Si un retrait intervient avant cinq ans en
revanche, les intérêts du PEA sont soumis au PFU
(12,8 %+17,2 % de prélèvements sociaux) et le plan fermé.
La loi Pacte admet toutefois de nouveaux cas de débloca-
ges anticipés sans pénalités fiscales (invalidité, licencie-
ment, retraite anticipée). Elle organise également un
système de vases communicants entre le PEA classique
et sa version PME dans la limite de 225.000 € (auparavant
la part PEA-PME était bornée à 75.000 €). Enfin, petite
cerise sur le gâteau, les conditions fiscales du PEA sont
élargies, dans la limite de 20.000 € de versements, aux
jeunes majeurs rattachés au foyer fiscal (jusqu’à 21 ans
ou 25 ans s’ils poursuivent des études).
SPÉCIAL
LUNDI 14 OCTOBRE 2019 LESECHOS.FR/
PLACEMENTS
« Les turbulences
sont souvent
sources
d’opportunités,
il faut donc être
en capacité
de les saisir. »
CHRISTOPHE BRULÉ
Directeur général adjoint
de la banque Degroof Petercam
France